Angkhor Wat


                          rond006 Samedi 14 Décembre 2019 (suite)

             Il est un peu plus de 14 h, après avoir repris quelques forces et surtout offert une pause à mes pauvres pieds endoloris, me voici prête à visiter l’un des plus prestigieux temples d’Angkor : le temple Wat (point N° 21 carte itinéraire) situé  à 1 km environ au sud  d’Angkor Thom, la ville royale, visitée ce matin.

           A peine sommes nous descendus du bus, que Bunthorn nous présente une de ces femmes qui vendent du jus de palme dans un morceau de canne à sucre.

           Une bonne partie de l’après-midi va être utilisée à visiter ce temple. Le soleil avec 31° est de la partie, magnifique ! je vis un rêve éveillé, toutefois il ne faudrait pas louper ce cliché qui offre, depuis les bords des douves, un superbe panorama, quoiqu’à cet instant ce n’est pas le temple à proprement parler que je distingue, mais son très large portail d’entrée, et loin, très loin, dépassant de ses toits, les coupoles des cinq sanctuaires, dont le central encore plus haut, accessible probablement qu’aux rois et prêtres, était dédié au dieu Vishnou, le dieu suprême de l’Hindouisme.

            Une jolie borne de grès gris clair, identique à chacun des temples d’Angkor, donne les indications en cambodgien et en anglais : Angkor Wat, 12ème siècle, entrée West.

            Pour pénétrer dans cette enceinte sacrée, il faut faire poinçonner son billet, mais aussi emprunter une drôle de passerelle qui enjambe les douves, la chaussée d’origine en pierres étant en totale rénovation et interdite au public.

             C’est la société Candock, entreprise québécoise, qui fut désignée pour réaliser en Mai 2017 ce quai flottant pour piéton. Angkor Wat, accueillant chaque jour environ 20000 touristes, il fallait envisager un système flottant pouvant supporter 6000
personnes à la fois. Cette structure qui se compose de coussins d’air de polyéthylène reliés entre eux, sera utilisée le temps de la restauration du pont d’origine. L’ouvrage en question fait 200 mètres de long pour 10 mètres de large.

            Ce n’est pas que c’est  laid ! l’ensemble de couleur claire a su s’adapter à l’environnement, mais l’emprunter se révélera pour moi assez compliqué, c’est comme si je marchais sur un très très long matelas pneumatique, mais j’y ai réussi ! 

           Les douves qui entourent l’enceinte extérieure mesurent respectivement 1,3 km sens N/S et 1,5 km sens E/O de coté, pour 190 m  de large, si ces fossés étaient  si imposants, c’était  dans l’unique but de repousser les démons et autres esprits maléfiques. C’est peut-être ce qui a permis à Angkor Vat d’être, malgré son sinistre abandon, l’un des temples les mieux conservés, les douves ont probablement joué un rôle contre le développement de la jungle sur le site.



                  Quelques lignes d’histoire. Angkor Wat, signifiant « La ville qui est un temple »  est le plus important des temples du complexe monumental d'Angkor et le plus grand religieux du monde. Construit en grès et latérite par Sùryavarman ll, un ambitieux roi qui laissa une empreinte visible dans l’histoire khmer, au début du Xllème  siècle pour honorer Vishnou. Ce dieu dans la mythologie hindouiste est le souverain, le gardien-protecteur des Territoires de l’Ouest, quelque soit le danger, il descend sur terre, sous une forme quelconque pour combattre le mal.

             Angkor Wat est orienté  vers l’Ouest, à l’inverse des autres temples qui le sont vers l’Est, ceci dans le but de confirmer la dévotion du roi à l’hindouisme, donnant ainsi une dimension sacrée à son règne. Celui-ci a d’ailleurs fait graver, à titre posthume, son nom religieux Paramavishnuloka sur l’un des bas-reliefs. Il est dit que 300 000 ouvriers et 6 000 éléphants participèrent à sa construction.

            Vous vous y retrouvez dans les avènements successifs et les constructions des temples d’Angkor ? Je dois admettre que j’y ai un peu perdu mon latin  entre tous ces noms de rois bien compliqués et tous ces dieux, hindouisme, bouddhisme, de nouveau hindouisme, et enfin bouddhisme…faut dire aussi que visiter en premier lieu Angkor Thom qui a été bâti 70 ans après… Angkor Vat a de quoi me dérouter.


            Voici quelques lignes qui devraient vous permettre d’y voir plus clair  :  La fondation de l’Empire khmer se situe au début du lXème siècle avec l’auto-proclamation devajara (dieu-roi) de Jayavarman ll en 802, adorateur inconditionnel du dieu hindoue Shiva. Yasorvaman 1er  (889) déplaça la capitale de Roluos à Angkor et édifia un magnifique sanctuaire sur la colline de Phnom Bakheng. Sùryavarman ll (1113) construisit la superbe ville-temple d’Angkor-Vat, et Jayavarman Vll (1181)  au tout début du Xlllème siècle, édifia celle d’Angkor-Thom.

            C’est ce dernier qui, rompant avec près de 400 ans de tradition hindouiste, fit du bouddhiste mahayana, la religion d’Etat et lança de grands projets,  la construction de centaines de temples, parait-il ! l’empire était alors à son apogée.

            L’hindouisme fit son retour sous Jayavarman Vlll à la fin du 13ème siècle, au cours duquel la plupart des monuments bouddhistes d’Angkor furent systématiquement défigurés, images enlevées, ou grossièrement changées en lingas hindous. A sa mort, le bouddhisme reviendra au Cambodge sous la forme Theravada, religion dominante encore aujourd’hui. Le pays entra ensuite dans une période de déclin marquée par plusieurs invasions thaïes, puis l’abandon d’Angkor en 1431 au profit de Phnom Penh, capitale encore de nos jours.


             Pour corroborer ce fait de destruction, voici la photo d’un bouddha bien ventru, sur lequel on a gravé l’image d’un dieu hindou, couronné d’un naga à sept têtes serpents, photo prise ce jour dans le sanctuaire sacré.


              Ces précisions je l’espère, vous auront permis de mieux comprendre, revenons à présent au temple d’Angkor Vat !

           Avec ses élégantes tours édifiées en forme de lotus et ses douves représentant l’océan cosmique, il a été conçu pour représenter le Mont-Meru (la maison des dieux dans la mythologie hindoue) Les hautes tours de 65 mètres représentent les montagnes, et le sommet du temple, la résidence des dieux.

              Il semblerait que les travaux de construction aient cessé à la mort du roi, Aujourd'hui encore, le temple est visité quotidiennement par des moines qui y viennent faire un pèlerinage, leur  tenue orange offre un joli contraste avec la couleur grise des temples.

             La passerelle flottante enfin franchie, je me perds dans les galeries de cet immense portail d’entrée et me trouve face à l’imposante statue de Vishnou à huit bras, ceinte d’un superbe drapé de soie jaune. Puis je me retrouve à l’air libre, posant devant un petit étang, qui est parfois à sec, mais n’étant pas le cas aujourd’hui, je profite de la jolie vue du temple se miroitant dans l’eau.

   

              Me voici à présent arrivée sur la chaussée que devaient emprunter autrefois le roi et son équipage, c’est une longue allée qui, depuis les douves, fait près de 400 mètres. Venant non pas depuis cette chaussée, mais depuis le coté Ouest de la première galerie, je n’en parcoure qu’une vingtaine de mètres, c’est cependant suffisant pour profiter de ce panorama unique, qu’est la vue majestueuse sur le temple et ses coupoles sacrées.

             Puis j’arrive sur une terrasse, facilement accessible après avoir grimpé seulement quelques marches, celle-ci nommée « la terrasse d’honneur » de forme cruciforme  est gardée par des lions et des nagas,  statues qui ne sont certainement pas d’époque, mais peu importe !  de part et d’autre se trouvent deux bibliothèques

              La conception d’Angkor-Vat est ici différente, car avant de parvenir au temple-montagne dédié a Vishnou, il me faut franchir plusieurs galeries rectangulaires s’imbriquant les unes dans les autres.

                      La première est constituée de plusieurs chapiteaux carrés, ceux-ci sont  recouverts de décorations florales, d'apsaras ou de jolis devatas  costumées,  aux singulières coiffures et recouvertes de bijoux et lourds pendentifs. Faisant face à ces piliers, se trouve un mur décoré de fenêtres à colonnes,et en levant les yeux j’admire un plafond décoré de rosaces en lotus.

             C’est alors que Bunthorn nous montre et parle de cette célèbres fresque « La bataille de Lanka » un des épisodes de l’histoire de Ramayana, récit mythologique qui met en scène les aventures du héros Rama et de l’enlèvement de sa femme Sita par le démon Ravana, captivé par sa beauté.  

              Certaines fresques sont  plus lustrées, dommages causés par les mains des touristes, aujourd’hui un cordon empêche de s’y approcher. « No Touch »  inutile d’être féru en langue anglaise pour comprendre l’interdiction.  

              Continuant mon chemin, je parviens à la seconde galerie, un pan de ces galeries extérieures. Cet arrangement délimite quatre petites cours, la décoration khmère y est abondante, harmonieuse, principalement composée de représentations de dieux, d’hommes et d’animaux, pas un cm² n’est laissé vierge, rishis en prière, devatas… Tiens voici Bouddha ! ainsi que des moines en méditation.

   


                     Après cette succession de galeries, me voici devant le graal  : les cinq sanctuaires en forme de bouton de fleur de lotus,  l’espace s’est considérablement réduit : 52m sur 52m.

             Chaque angle est coiffé d’une tour, un escalier extérieur m’invite à monter, mais une barrière en interdit l’accès. Il faudra  aller à l’angle N/E pour trouver un escalier sécurisé permettant l’accès au sanctuaire sacré, celui du 3ème étage, où seuls le roi et les prêtres avaient le droit de pénétrer. Et encore ! pour obtenir celui-ci, il nous faut faire la queue car seul un nombre limité de visiteurs avec obtention d’un badge, est admis au sommet.

             J’avais dit au sortir du temple de Baphuôn ce matin, ou j’avais vaillamment grimpé l’ escalier « Heureusement que je ne ferais pas ça tous les jours : » Et là, seulement quelques heures plus tard, je suis au pied de cet escalier raide, immensément long, toutefois sécurisé, je prends une bonne inspiration et décide bravement que je n’irais pas, malgré pourtant une envie dingue de dingue ! C’est donc assise sur le muret que je vais attendre le reste du groupe, avec la grande responsabilité de garder les sacs à dos de ces dames, n’est-ce pas  Josette, Annie ?

 

      


             Je remercie Jean-Gil pour ses photos prises là-haut et généreusement offertes. Lorsque je demande, aux uns ou aux autres ce qu’ils ont vu, ils me répondent tous « beaucoup de bouddhas » rien d’étonnant à ça, lorsqu’on sait que juste avant l’abandon d’Angkor, ce temple fut converti au bouddhisme.  Les murs du sanctuaire sont décorés de 62 devatas qui tiennent dans leurs mains une fleur ainsi qu’ bouton de lotus, des linteaux et des frontons sculptés de divinités ornent les entrées.

             Du haut de ce sanctuaire, Jean-Gil a immortalisé un ballon, celui-ci se préparait-il à une visite du temple par les airs ? option certainement fabuleuse.


          Au bas des marches, lieu de passage inévitable tiens donc ! se tient aligné un groupe de cinq jeunes femmes et d’un garçon, revêtus de leurs plus beaux atours. Impossible à les photographier sans leur responsable qui, tout en faisant les cent pas devant ces jeunes, scrute chaque appareil photo, mais Bunthorn n’a pas l’intention de s’y attarder aussi nous reprenons le chemin en sens inverse.

            Lors du passage dans les galeries précédant le temple, il continue, avec brio, son cours d’histoire, et nous montre les fresques de « Le Barrattage de la mer de lait » étonnant récit mythologique qui raconte la quête des dieux pour maintenir leurs immortalités, une procession royale menée par Suravarman ll, le paradis, l’enfer où les pêcheurs subissent d’effroyables tortures…..Dans cette galerie, j’aperçois quelques statues de bouddhas.

            Si le temple m’ apparait aujourd’hui gris, il faut imaginer Angkor Vat autrefois recouvert de couleurs. C’était le centre spirituel du royaume kmer, pas moins d’un million d’habitants y vivait, la ville prospérait avec ses maisons en bois, ses marchés, ses magasins, ses édifices publics. La grande richesse des rois leur est provenue de leur domination sur le Vietnam, le Laos et le Sud de la Chine, maîtres dans la culture du riz.


            Au Cambodge, ce temple qui est un véritable symbole, se retrouve sur le drapeau national. Fierté de tout habitant, il est considéré par eux comme la huitième merveille du monde. Angkor-Vat est inscrit depuis 1992 au patrimoine mondial de l’UNESCO.


            Enfouis depuis des siècles, c’est Henri Mouhot, géographe français, qui en 1859 fut le premier à  faire découvrir aux occidentaux, le site d’Angkor, découvertes qu’il paya de sa vie puisqu’il décéda en novembre 1861 de la fièvre jaune, mais ce n’est qu’en 1907 grâce à un traité avec le Siam restituant au Cambodge ses provinces occidentales, que les efforts de restauration commencèrent réellement sous la houlette de l’Ecole française d’Extreme-Orient, époque où les  archéologues français avaient encore le monopole sur Angkor. Comme partout au Cambodge, les travaux furent interrompus lorsque les Kmers rouges prirent le contrôle, en 1970

            Au début de l’abandon de ces temples, des pillards sont venus dérober les dépôts sacrés cachés sous le piédestal des divinités, mais aussi les crochets de fixation en acier utilisés pour relier les pierres entre elles. Les statues des dieux ont été renversées, certains murs démantelés. Vers 1970-1980 des antiquaires peu scrupuleux partirent à la chasse au trésor pour le compte de clients fortunés. Vers 1990, les temples ont été attaqués par des bandits armés de lance-roquettes.

            C’est un savant français, George Coedès, qui au 20ème siècle, consacra sa vie à traduire et à donner un sens aux inscriptions découvertes un peu partout sur les temples. Son œuvre a montré que ceux-ci avaient bien été érigés par les Khmers, et non comme certaines légendes aiment à le faire croire par Alexandre le Grand ou par de quelconques géants doués de pouvoirs surnaturels.

             La découverte du temple d’Angkor-Vat est sur le point de prend fin. Nous en sortons, certes par une porte nettement moins majestueuse que par l’allée royale, mais tout aussi charmante avec ses lions bordant la terrasse. Bunthorn nous donne rendez-vous de l’autre coté de la passerelle flottante, à 600 mètres de là, nous laissant ainsi un peu de temps pour jouir encore et encore de ce sublime paysage.

             Depuis l’extérieur de l’enceinte, je profite un dernier instant de ce temple que je longe maintenant sur un de ses  cotés, parfois à travers un rideau d’arbres. Je m’aperçois avec déléctation que le soleil commence à colorer de rouge les pierres de grès. Dommage pour moi, car d'après un rapide calcul, je pense qu’il me manque moins d'une vingtaine de minutes pour pouvoir pleinement profiter de ces instants qu'à chaque fois je trouve magiques, quoiqu’avec quelques uns de mes compagnons, on a bien tenté de faire traîner un peu ….un petit peu …

           Cette photo prise au moment où j’arrive aux bouts des douves, en fin de visite, tout juste deux à trois minutes avant de remonter dans le car... n’est-elle pas sublime ! Soupirs....regrets.... 

              Nous avons un peu de temps avant de dîner, les valises ayant été défaites la veille, temps que personnellement, car ça n'engage que moi ! j'eusse préféré passer à regarder les pierres rougir, aussi avec Cécile nous  retournons traîner dans les rues à proximité de l’hôtel. Que voyons-nous ! placardée sur toute la superficie de la vitrine d’une librairie, une grande photo d'Emmanuel Macron, première page de la revue 'L'Economiste" avec comme titres « On the edge of a precipice » (Macron au bord du précipice...) " Macron’s stark warning to Europe "… (Le sévère avertissement de Macron à l’Europe) " Dès à présent en vente." Nous sommes quelques peu rattrapées par la politique française et pourtant bien loin de ces préoccupations, étant physiquement à des milliers de kilomètres de l'Hexagone !

             Le dîner a lieu au  restaurant Butterfly de Siem Roap, dans une ambiance feutrée, lumière douce et tamisée. Le repas est comme à chaque fois succulent.

             Demain est prévue la découverte d’un autre temple, celui de Banthey Srei, surnommé ‘ « joyau de l’art khmer » c’est peu dire !  Alors ne manquez surtout pas de cliquer sur la page suivante.

             Je vous dis : nonne nuit  et

             A demain 

      Banthey Srey