Mardi 4 Septembre 2018 . Ca y est ! je suis
sur le point d effectuer un voyage que je considère comme LE voyage !...
car celui-ci sera certainement unique, notamment grâce à ses spectaculaires
paysages.
Mais commençons par le commencement hier soir j’ai confié
Melvyn, mon jeune shetland, non sans un petit serrement au cœur, à sa nouvelle
nounou, en espérant qu’il s’y sentira bien. Puis après un vol matinal
Nantes-Paris, j’arrive en début d’après-midi à l’hôtel Ibis situé au terminal
3, au cœur de l’aéroport de Roissy. Un point RV a été installé et à 17 h, je
fais la connaissance d’Elizabeth qui sera la coordinatrice de la croisière, et
veillera au bon déroulement de celle-ci, de son mari et déjà de quelques guides
qui vont m’accompagner durant ce périple hors du commun.
Elizabeth me confie alors que je partagerais ma cabine
avec Marie-Madeleine, une pointure pour ce qui est des croisières, me dit-elle !
et me
donne ma clef et une étiquette bagage, celui-ci sera acheminé directement, en
son temps, dans ma cabine. Au cours du dîner qui s’ensuit, je rencontre déjà
quelques uns de mes compagnons de voyage.
Mercredi 5
Septembre. Et go c’est parti ! C’est dès 4h45, traînant ma valise, l’anorak à
portée de main, qu’à pied je regagne le terminal 3 d’où va partir un Boeing,
couleur jaune, un 737-300, de la Compagnie AirLines. C’est une navette-bus qui
nous mène au pied de l’avion.
Nous sommes 91 passagers (dont 9 Suisses, 5 Québecois, et 2 Luxembourgeoises) + 10 guides conférenciers et polaires pour nous accompagner, ceux-ci conduiront les zodiacs + Elizabeth et son mari + un médecin urgentiste + un guide de haute montagne.
Décollage à 6h40 pour une durée de vol d’un peu plus de 4 heures. Après le survol de la Norvège, nous franchissons le cercle polaire arctique puis traversons la mer de Norvège, informations communiquées par le sympathique commandant de bord. Je ressens immédiatement une ambiance différente à l’intérieur de cet avion spécialement affrété par l’agence de voyages, nous sommes chouchoutés, le personnel est à nos petits soins.
Le Spitzberg ne fait pas partie de l’espace Schengen, ce qui nécessite l'usage du passeport, et histoire sans doute de nous donner des sueurs froides, le commandant fait savoir qu’en cas de brouillard intense, il n’est pas possible d’atterrir.
A 11h20, le petit déjeuner avalé nous atterrissons à Longyearbyen, la capitale. La température en cette fin de matinée est alors de 6°. Il nous a été fourni un panier-déjeuner que chacun consommera lorsqu’il le voudra.
le Spitzberg ile principale de l’archipel du Svalbard situé à seulement 1300 kms du Pôle Nord, aujourd’hui sous la souveraineté de la Norvège. D’une superficie de 39000 km², elle mesure 280 kms du Nord au Sud pour entre 40 et 225 kms d’Est en Ouest.
Quelques lignes d’histoire : Spitzberg est découvert par l’explorateur
néerlandais Barentsz en 1596 alors qu’il faisait route vers la Chine, via le
passage du Nord-Est. Il la baptise ainsi en référence à ses sommets escarpés.
Il semblerait toutefois que l’archipel était connu des chasseurs russes pomors
dès les 12ème et 14ème siècles.
Au début du 20ème
siècle, l’île est un lieu de chasse à la baleine. On faisait fondre sa graisse
sur place, c'était en quelque sorte le pétrole de l'époque. Lorsque la baleine fut exterminée, le
Svalbard perdit tout intérêt.
Un traité signé
en 1920, aujourd'hui ratifié par 42 pays, reconnaît la souveraineté de la Norvège sur ce territoire et fixe les
questions des droits de pêche. Mais en Juillet 1941 les Russes occupent l'archipel et décident
exploiter les mines de charbon.
L’ancien village minier de Ny-Alesund est aujourd’hui une
cité scientifique internationale, la France y possède deux stations de
recherche.
Ce qui me frappe d’emblée ce sont ces couches superposées de nuages blancs et de nuages sombres qui parfois chapeautent le sommet, ces montagnes enneigées. A la sortie de l’aéroport, nous nous répartissons dans deux bus et partons sous la conduite de Fabrice, Jérémy et Elodie pour une excursion dans la :
® Vallée de
l’Adventdal. Nous avons de la chance semble-t-il, car même si le ciel est
sombre, il ne pleut pas, quel joli contraste avec les couleurs automnales de
la toundra ! Le chauffeur du bus où j’ai pris place est un grand gaillard
blond, un pur viking Celui-ci nous mène au pied du
panneau signalisant le danger que représentent les ours, dès que l’on sort de
la ville. J’avoue qu’à cet instant je ne prends pas vraiment conscience de ce
potentiel danger, j’immortalise surtout ce panneau représentant la ville la
plus septentrionale de la planète, et ce n’est tout de même pas rien !
Nous remontons cette vallée qui traverse de vastes étendues de toundra, y rencontrons des bernaches nonnettes (oies de petite taille) et des rennes, espèces adaptées à ces contrées polaires.
Arrêt à la conviviale église de bois, un panneau nous
incite à nous déchausser… comme d'ailleurs partout dans les maisons de la ville, des crocs sont à disposition. L’intérieur est très joli, une pièce a été
transformée en salle d’exposition avec un petit bar où il est possible de boire
un thé et de déguster des gaufres, j’y rencontre mon premier ours, celui-ci naturalisé est bien inoffensif.
Sur les collines, j’aperçois de larges antennes, celles-ci permettent d’étudier les aurores boréales.
® Longyearbyen. (Point N° 1 carte itinéraire) Située à 78° de latitude Nord, sur la rive sud de l’Adventfjorden, encadrée par Gruvefjellet et Plateaufjellet. La ville fût fondée en 1906 par Mr John Munro Longyear pour exploiter le charbon, dont les gisements sont alors importants, mais aujourd’hui seule la mine N° 7 est encore en exploitation, et ce seulement pour une vingtaine d’années, on peut y voir les wagonnets. Cette mine alimente la centrale thermique qui fournit l’électricité indispensable à cette cité du haut arctique. Cette ville, la plus importante de l’archipel avec seulement 2100 habitants, comporte néanmoins une université qui a ouvert ses portes en 1993 : l’UNIS, 250 étudiants de toutes nationalités y viennent apprendre la biologie, la géologie, la géophysique et la technologie arctique.
C’est dans cette
contrée du bout du monde qu’existe la « Banque mondiale de semences vivrières »
Dans une ancienne mine, les autorités ont enfoui à l'intérieur d'une chambre forte et froide, creusée
à même la roche, un conteneur renfermant
plusieurs millions de graines d’espèces végétales, afin de les préserver en cas
de catastrophe géologique ou nucléaire : le Svalbard Global Seed Vault , inauguré le 26 février
2008.
Durant la course à la conquête du Pôle Nord, de nombreux explorateurs transitèrent par Longyearbyen avant de continuer leur aventure, dont le prince Albert 1er de Monaco, qui apporta une contribution importante par le financement de grandes expéditions océanographiques et météorologiques à bord de son yatch Princesse Aline entre 1898 et 1909.
Nous disposons de deux
heures pour nous balader dans cette petite ville, j’en profite pour faire une
incursion au supermarché, où l’on peut trouver peluches, cartes postales,
artisanat local et même timbres postes. A trop me précipiter pour l’achat de
ceux-ci, j’ai oublié une précision importante : dans une heure, j’embarque
et il ne me sera plus possible de les poster depuis le Spitzberg, alors j’écris
rapidement et dans la foulée les jettent dans la boîte à lettres, ces cartes
postales arriveront avant moi… pour une fois !...
J’erre ensuite le long de cette rue centrale bordée de magasins d’artisanats, d’une banque, de bars, de la poste. Ici je vois un panneau qui demande aux clients de ne pas entrer avec leurs armes !.... faut dire aussi qu’a Longyearbyen, l’ours pouvant surgir n’importe où, les habitants en portent toujours sur eux. C’est pour cette même raison que les écoles sont protégées par de hauts grillages.
Au milieu de la place, une statue rend hommage aux mineurs du Svalbard ; celle-ci, de dos, il est vrai, m’offre un sympathique arc en ciel.
Il semblerait qu'un autre gisement apparaît, lui, inépuisable :
le
tourisme arctique qui se développe fortement à Longyearbyen, si l’on en juge par le
nombre de constructions en réelle augmentation, jolies baraques en bois colorées comme des Lego, sur
pilotis. Un nouveau port, beaucoup plus accessible aux grands paquebots, fut
construit dans les années 1990.
Au début de son existence, la vie à Longyearbyen était axée autour de l’extraction minière et rares étaient les lieux de divertissement. Avec l’évolution du tourisme, et un ravitaillement régulier, la cité minière est peu à peu devenue une véritable ville en s’équipant d’établissements sportifs (piscines, stades) récréatifs (cinémas, bibliothèques, discothèques…) ainsi que d’hôtels, bars, restaurants, etc…
Toutefois, il existe plusieurs règles de vie à
Longyearbyen qui peuvent nous surprendre, l’une d’elle veut qu’une personne qui
perd son emploi soit chassée par les autorités locales qui estiment, au regard
des conditions de vie difficiles sur place, que chacun doit être capable de
subvenir à ses propres moyens. L’autre règle, la plus étrange, prise par la
mairie dans les années 1950, est l’interdiction d’y mourir !!! ce
qui peut être expliqué par les températures négatives empêchant la
décomposition des cadavres dans le sol gelé en permanence, ces mêmes
températures extrêmes permettent également aux virus de survivre.
A 16 heures, nous nous retrouvons devant l’Ortelius, qui est aujourd’hui à quai, nous avons de la chance là encore, car si ça n’avait pas été le cas, il aurait fallu le rejoindre, non pas à la nage, je vous rassure, mais déjà en zodiac, quelle entrée en matière !!