Baie de la Madeleine

                * Mercredi 5 Septembre (suite et fin)

       Le dîner avalé, les consignes de sécurités assimilées, je pense enfin pouvoir m’allonger et dormir, car je suis débout depuis 3h30 quand à 21h30, la voie mélodieuse de Jonathan résonne dans la cabine, Maxime, un des guides et veilleur réquisitionné à la passerelle, a repéré un souffle de rorqual. Et que je sors du lit ! et que je m’habille chaudement, mais malgré les encouragements de nos deux guides polaires, nous demandant de scruter à l’avant du navire, au bout d’une petite demi-heure chacun regagne son lit, découragé, car la baleine pourtant bien près du bateau, n’a pas fait sa réapparition, même Jean, le guide-photographe de la croisière n’a pas réussi à immortaliser l’instant.   

         Ci-contre, photo récupérée sur Internet, désolée !...

    Le rorqual est après la baleine bleue le plus grand animal vivant sur la planète, et le plus bruyant des mammifères marins à surface. Il mesure un peu plus de 2O mètres, son poids avoisine les 70 tonnes. Ces sympathiques bestioles  peuvent être observées en train d’effectuer des sauts hors de l’eau.

                  * Jeudi 6 Septembre.

       Durant la nuit, l’Ortelius a continué sa navigation, l’équipage observant le cycle des horaires 3/8.  Depuis le port de départ : Longyearbyen, il se dirige maintenant tout au nord de l’île en la contournant par son coté Ouest.

        A 7h30 Jonathan appelle pour le petit déjeuner. Dès que possible, je me dirige vers les ponts pour admirer tout mon saoul le magnifique panorama qui s’offre à mes yeux, montagnes pointues saupoudrées d’une fine de couche de neige, massifs drapés d’un nuage blanc, reposant sur une mer redevenue calme après une nuit houleuse.

       Dommage ! le soleil ne répond pas présent, c’est sous un ciel à la fois bien sombre et éclairé par ces lumières blanches si propres à l’ arctique, que je m’apprête à effectuer ma première sortie en zodiac, un peu d’appréhension tout de même !.. Vais-je réussir à m’y installer ? vais-je avoir peur ? Les guides hier au moment de donner leurs consignes de sécurité ont été clairs, aucun manquement à celles-ci ne sera toléré, il y va de la survie de tous.

      

         C’est au fond de ® la Baie de la Madeleine (point N° 2 carte itinéraire) qu’en milieu de matinée, je fais mon « baptême de zodiac » Selons les conseils donnés auparavant, je me suis bien couverte, pas moins de 6 couches de vêtements (thermolactyl, tee-shirt, sweater, gros pull tricoté, gilet polaire) J’avoue que j’ai quelques difficultés à enfiler l’anorak par-dessus tout ça…et je ne parle même pas du gilet de sauvetage, tout un art pour le mettre sur l’anorak mais sous.. la capuche.   Eh.. regardez  à droite, voilà la star !...

         Allez, on continue ! :  2 caleçons thermolactyl  l’un par-dessus l’autre + un jean + un pantalon imperméable, 3 paires de chaussettes, les chaudes bottes et pour finir cette présentation de mode : tour de cou polaire, gants et bonnets, sans oublier mon indispensable bâton !

        A chaque fois que nécessaire,  Elizabeth fera l’annonce qui tonne dans les cabines : 15 minutes pour se préparer, je dirais seulement….. 15 minutes, car à cet instant ça me paraît bien court pour mettre tout cet attirail !  se rendre à la réception (pont 4) enjamber la très haute marche qui mène aux coursives, sans oublier de scanner sa clé de cabine, témoignage de notre sortie. Le premier jour, Serge le mari d’Elizabeth, surveillera au bon déroulement de cette opération.

 

     

       Entrer dans la baie de la Madeleine est un moment fort, ces montagnes forment en quelques sortes une forteresse.

       C’est dans cette baie  que le hollandais Barents entra, au cours de son voyage à la recherche du passage Nord-Est. C’est d’ailleurs lui qui baptisa cette terre, alors inconnue de Spitzberg (montagnes pointues).

       La Baie de la Madeleine se trouve à la latitude de 79°30. Autrefois, elle était nommée « Baie des Dents » en raison de colonies de morses présentes sur les rives.

        Ce lieu est historique, en effet, un peu à cause de Henry Hudson, grand navigateur, qui en indiquant dans son journal de bord que les baleines sont nombreuses comme « carpes en vivier » entraînera un exode de chasseurs. Ce lieu devint alors le rude  décor au 17ème et 18ème siècle d’une intense chasse à la baleine, un massacre qui ira jusqu’à leur extermination.

      Le petit monticule de Gravneset (cap aux tombes) rappelle le souvenir de ces hommes, pas moins de 130 baleiniers reposent ici. Les funérailles ont eu lieu sur près de 200 ans (1600-1800) Il n'est pas permis de marcher dans le cimetière qui est d'ailleurs clotûré.

         La baie, ce sanctuaire de la nature, aujourd’hui habité par les ours et les renards polaires, espèces dorénavant protégées, porte  le nom de la sainte patronne des baleiniers.

Cette balade en zodiac, quoiqu’on n’ai pas mis pied à terre, tout près du glacier de Waggonwaybrenn et de ses montagnes environnantes de plus de 1000 m, cette première approche de ces beaux glaciers bleus, est pour moi, purement et simplement magique !

 J’assisterais même à un petit vêlage, rappelant à tous que la proximité des icebergs est très dangereuse, que même important, un glacier peut se fracasser entraînant une énorme vague ou se retourner en quelques secondes. Dans ce silence polaire, j’entends l’eau qui crépite,

 Ici c’est la nature qui a repris ses droits,


     

    

Pas timides, plusieurs phoques veaux-marins, se sont approchés des zodiacs.

A 12h30, nous retournons à bord, les estomacs creusés et de belles images pleins les yeux.

Si enlever gilet, bonnet, gants, anorak ne pose aucun problème, il n’en sera pas de même pour les bottes. Ces dernières ont un renfort costaud qui maintient les chevilles, et si ôter la première n’est pas difficile, retirer la seconde s’avèrera une mission compliquée. Et chacun de raconter plus tard comment sans l’aide d’un tiers, il y a réussi, à savoir pour beaucoup le rebord de la salle de bains. Moi j’ai une solution épatante, le tire-botte apporté par mon habituée, mais néanmoins prévoyante  Marie-Madeleine, précieux objet qu’elle me prêtera de bon cœur. Décidément, partager ma cabine avec ce capitaine au long-cours n’a l’air de ne m’apporter que des bienfaits !

En début d’après-midi, Anaïd fait sa première conférence, elle nous parle en quelques minutes de ce sympathique phoque veau marin venu faire son curieux. On en trouve beaucoup sous ces latitudes, ils s’y promènent surtout en petit groupe.

Ce phoque a une petite tête de forme arrondie, un museau court, son allure générale est très ronde. D’une longueur d’environ 2 mètres, son poids oscille autour de 100 kilos. Rien ne lui échappe, grâce à ses moustaches (les vibrisses) d’où sortent des follicules, contenant un nombre impressionnant de terminaisons nerveuses..

Puis Nicolas nous parle du rorqual, dont certains ont réussi à apercevoir le souffle la veille au soir. La baleine était chassée pour sa graisse transformée en huile, celle-ci était utilisée pour éclairer les villages. Les pêcheurs n’hésitaient pas à la traîner derrière leur  bateau, car même morte celle-ci flotte.

L’Ortélius  continue sa progression vers le Nord, il a désormais contourné Albert land, et continue sa navigation aux abords du Raudfjord. Dehors, la neige tombe parfois à gros flocons. Je profite à fond du paysage, tour à tour depuis les ponts, plus chaudement de l’intérieur du bar, ou encore furtivement à travers les épais carreaux de ma cabine.

A 17h30 Anaïd, de sa douce voix, nous conte le « Drame de l’expédition Salomon Andrée »

Ce suédois né en 1854 accompagnés de deux compagnons se mit en tête de conquérir le pôle Nord, par les airs depuis DanskØya  (ile du NO du Svalbard) distant alors de 1110 kms. Il fit parvenir des messages optimistes par l’intermédiaire de carriers (sorte de pigeon voyageur) jusqu’à ce que son ballon dirigeable à hydrogène s’échoua en 1897 sur la redoutable banquise.

     Ce n’est que 30 ans plus tard que les restes de ces malheureux seront retrouvés au pied de la calotte recouvrant l’ïle Blanche : Kvitoya. Les journaux et les pellicules retrouvés sur place indiquent que le ballon s'est écrasé sur la banquise trois jours seulement après le décollage, et que les membres de l'expédition ont réussi à se frayer un chemin pendant trois mois, à travers la glace jusqu'à Kvitøya, échouant dans leur tentative de rejoindre l'archipel François-Joseph
.

Aujourd’hui un bout de terre situé au Nord/Ouest du Spitzberg porte son nom. 

Cette fois, c’est après-dîner que les guides ont décidé de nous faire visiter le site d’Alice Hamnna.

                               Site d'Alice Hamna 

 

 

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