Site Alice Hamna


            Jeudi 6 Septembre (suite) Une fois rassuré quant au retour de tous ses passagers, sortis ce matin en zodiac à proximité du glacier Waggonwaybrenn (du chemin de fer) l’Ortelius a continué sa route, maintenant il longe la pointe Nord du Spitzberg, et va pénétrer dans le « Raudfjordjen » le fjord rouge. (point N° 3 carte itinéraire)

   L’après-midi a été calme. Après déjeuner, Anaïd nous a conté la dramatique expédition du commandant Andrée. (détails page précédente) Et c’est, après dîner, qu’à 20 heures sonnées, Elizabeth fait l’annonce suivante : « Vos guides sont allés en éclaireur, aussi préparez vous, dans 15 minutes, on débarque à terre »  C’est certain, on va digérer vite fait !

  Ces sorties à terre se font de la manière suivante  - ceux qui désirent rester à bord doivent noter leur nom sur une feuille réservée à cet usage – Puis Elizabeth demande de s’organiser en quatre groupes différents selon le choix de chacun - les 1ers  : la longue marche sortiront à tribord – les 2nds  : la moyenne marche, marche plus lente, s’arrêtant pour admirer la flore, le paysage, grimpant toutefois mais beaucoup moins haut que la précédente, ceux-ci sortiront à bâbord – la petite marche pour ceux qui veulent simplement marcher le long de la plage, sans faire d’efforts physiques, et enfin - la balade en zodiac, sans mettre pied à terre.

   Pour emprunter l’échelle de coupée du bateau, que ce soit pour accéder au zodiac ou pour en remonter, l’équipe de guides applique une précaution élémentaire, jamais plus de trois à l’utiliser simultanément. Il sera mis à l’eau 11 zodiacs à chaque sortie, avec seulement 8 passagers, permettant ainsi à chacun de se retourner, voir même s’agenouiller, sans cogner son voisin.

  J’apprécie ces différentes possibilités, permettant à chacun de profiter pleinement de ces magnifiques panoramas. Je me lance à effectuer la moyenne marche, on verra si je suis… Il s’avèrera que celle-ci sera toujours dans mes cordes, à part quand elle fût menée par Michel, guide de haute-montagne, qui a emmené ses troupes à bon train en escaladant les rochers, obligeant Elizabeth à le rappeler à l’ordre et à finir la balade avec un sous-groupe de moyens marcheurs. Il aurait fallu mettre Michel à la tête de la petite marche, ça lui aurait fait les pieds !...  

   Nos guides, quant à eux, sont tous armés d’une carabine, au cas où, car oui !... l’ours peut se trouver partout, au détour d’un rocher, sur une plaque dérivante. Nous devons toujours marcher derrière eux, jamais passer devant…. Ils ont, pareil-t-il suivi une formation spéciale, je l’espère  car lorsque je vois ces frêles jeunes filles, je les imagine mal tuer ce gros vilain ours qui nous menace.

   Je suis satisfaite d’avoir pu, à chaque fois, réaliser la moyenne marche, en escaladant de petites collines, le dénivelé n’allant jamais au-delà de 80 mètres. Cette promenade m’a souvent permis, du haut de ces promontoires d’avoir de sublimes paysages.

      

  Ma première sortie à terre est une courte, mais balade sympa dans la toundra. J’admire les lumières du soir, les montagnes enneigées, l’eau lisse bleue et la terre sombre, caillouteuse forment un joli contraste, l’ambiance est saisissante.

         Cette baie offre un rivage idéal pour les débarquements, c'est pourquoi elle a été visitée depuis longtemps par des chasseurs, des scientifiques et des touristes.

         Fabrice raconte des histoires de trappeurs, de baleiniers. Une de leurs cabanes, construite en bois flotté, connue sous le nom de Raudfjordhutta est toujours visible. Un petit coup d'oeil à l'intérieur permet de constater qu'il y a plusieurs pièces, une pour accrocher la viande et les peaux, une chambre, une cuisine. Tout à coté des bois de rennes, un peu plus loin une tombe.

         Ce bois flotté qui a servi à construire la cabane, et dont j'en aperçois aussi échoué tout le long du rivage provient de Sibérie. Ces billes de bois, lors de la débâcle des fleuves sibériens, ont été entraînées jsqu'à l'Océan Arctique puis qui, grace aux courants du Golf Stream, ont dérivé vers l'Ouest pour être bloquées dans les nombreux fjords du Spitzberg.

   Pourquoi ce nom d’Alice Hamna ? La baie est surnommée ainsi en référence au navire Princesse Alice, avec lequel le Prince Albert 1er de Monaco a effectué ses expéditions océanographiques entre 1898 et 1907, et financé nombre de travaux.

  Curieusement, il ne fait pas très froid, faut dire aussi que le Gulf Stream traverse les eaux du Spitzberg, apportant des températures douces, au  vu des latitudes de cet archipel, aux alentours de 80° Nord.

   Louise et Fabrice nous font découvrir les quelques fleurs qui tapissent cette toundra, un peu plus loin au bord de l’eau, j’aperçois quelques bécasseaux violets. Ces oiseaux de l’arctique, pas spécialement farouches se laissent….. un peu approcher.

       

    Le soleil s’est couché, mais  les longs nuages gris laissent percer une lueur rougeâtre qui barre l’horizon, donnant à tout l’ensemble ces tons pastel si jolis.

   Arrive le moment que je redoute le plus, remonter dans le zodiac, tâche qui s’avèrera pour moi assez difficile. Sur les bords de plage, il faut aller dans l’eau jusqu’à 30 à 40 cms, le zodiac alors trop haut, je n’arrive pas à me hisser sur le plat du boudin, la moitié de mon corps ne veut pas y aller. Faut dire aussi que vêtue ainsi, je suis loin d’être souple…   

  Toutes les façons pour y parvenir sont bonnes, comme me laisser rouler-bouler au fond du zodiac. Certaines m’ont avoué devoir se mettre à plat ventre. Aux dernières sorties, on m’a aidée en tirant à la fois sur une jambe et sur un bras. Il y avait plusieurs femmes vraiment petites sur la croisière, je me demande bien comment elles ont pu faire ? à moins d’être prises dans les bras de leurs maris. Alors que l’organisation était au top, un petit tabouret comme celui qui servait pour aller du zodiac à l’échelle de coupée aurait été lors de ces embarquements, fort utile.

  Admirez l’Ortelius, n’est-il pas beau, avec ses lumières allumées et les montagnes enneigées comme décor. !

   A bord une surprise nous attend, Sigi, nous a préparé du chocolat chaud, agrémenté d’une rase de whisky.

        23h, déjà ! je regagne ma cabine.

        Demain est un autre jour, avec certainement encore plein d’autres jolis paysages à découvrir. L’Ortelius va, durant la nuit, mettre le cap sur le Bockfjord, appareiller à proximité du Sverefjellet, l’un des trois volcans du Spitzberg.

   Bonne nuit, à demain  


          Bockfjord