Jeudi 3 Octobre

 

     Départ à 8h30

 

     La tête dans les étoiles, éblouis par les néons de Las Vegas, nous en avons presque  oublié ce sacré « shutdown »

     Emily avait espéré… peut être même fait quelques prières… mais en vain ! Obama et les Républicains demeurant sur leurs positions, ça ne s’arrange pas ! ce qui ne n’est pas de bon augure pour la suite du voyage.

 

     A Las Vegas, Kenny prend une petite route à gauche en direction de Furnace Creek où nous devons déjeuner. Cette ville est traversée par la « Vallée de la Mort »  un nom pareil ça fait froid dans le dos !… que va-t-on découvrir au milieu des dunes : des tombes recouvertes d’un tas de pierres surmontées d’une croix de bois ?... des crânes, des squelettes d’animaux dépecés par leurs prédateurs ? .... Je vous rassure, pas du tout ! cette vallée est même très accueillante et grâce à son réseau de routes goudronnées, un million de visiteurs  la découvre chaque année.

 

     Y parcourir son parc, ce que nous ne ferons bien évidemment pas, merci Congrès !..... demande tout de même une certaine prudence, en période estivale le mercure pouvant monter jusqu’à 50 ° à l’ombre, le record de chaleur absolu sur terre fut d’ailleurs officiellement mesuré à Furnace Greek, le 13 Juillet 1913 (56,7°)

 

     Cette vallée fait partie du Parc National de Dead Valley. (point 18 carte itinéraire) Nous sommes prévenus, la route (la 190) que nous empruntons la traverse, mais il est absolument interdit  à Kenny de s’arrêter à quelque endroit que ce soit   paraît que les rangers surveillent et n’hésiteront pas à verbaliser, aussi sommes nous invités à photographier depuis les premières places du bus… Impensable une situation pareille ! non seulement nous sommes privés de quelques parcs, mais pire encore on ne peut même pas profiter du paysage offert !....

 

   

 

     * « Pahrump » Il est dit que Mickael Jackson a acquis une maison dans cette bourgade pour y faire ses enregistrements.

 

     Nous ne sommes pas très loin de la zone 51, zone militaire où des phénomènes inexpliqués ayant eu cours dans les années 1950, des rumeurs incongrues, auraient amené à penser que des « aliens » y seraient apparus. Les habitants en sont si convaincus que des pancartes illustrées avec le petit personnage aux gros yeux…..  émaillent l’entrée de cette zone, telle celle-ci prise tant bien que mal !  Il n’en fallait pas tant pour inspirer quelques séries de films tels que « Aux frontières du réel » dans lequel un mystérieux engin spatial vole au-dessus des têtes d’agents du FBI.

 

     La « Vallée de la Mort » est un désert du Sud-Ouest des USA, en Californie, un sillon creusé au creux d’un paysage minéral. Ce bassin est coincé entre deux chaînes de montagne qui barrent la route aux entrées d’air océanique chargées d’humidité, ce qui a pour résultat l’intense sécheresse de cette région et la forte canicule. Les roches sont vierges de toute végétation, poussent ça et là quelques cactus et arbres de joshua, espèces résistantes à la rigueur du désert, nom donné par des mormons qui traversèrent le désert au milieu du 19ème siècle, la forme de l’arbre leur faisant penser à Joshua montrant les bras tendus, la terre promise…

 

     Le fond de la vallée accueillait encore il y a un peu plus de 10 000 ans un grand lac qui a disparu par évaporation causée par le réchauffement général de la planète, laissant sur une petite partie de la boue salée et séchée, d’où les dépôts salins que l’ont peut facilement observer aujourd’hui.  A quelques kilomètres de là, Badwater est avec ses 85,5 mètres sous le niveau de la mer, le point le plus bas des Etats-Unis.



 

 

     A travers les vitres nous admirons ces paysages fascinants et uniques, le spectacle d’une région brûlée par le soleil aux couleurs et aux formes d’une incroyable diversité, témoignage d’une ancienne mais importante activité volcanique. Le bus est climatisé et nous sommes aux premiers jours d’Octobre, il y fait chaud mais c’est supportable, nous apprécions ce site qui est aujourd’hui accessible, mais ce ne fut pas toujours le cas :

 

     En 1849, une centaine de chercheurs d’or cherchaient un raccourci sans jamais le trouver. Engagés dans la vallée, ils vécurent un véritable enfer et durent abandonner chariots et bétails, seul … un vieil homme en perdit la vie, depuis ce désert brûlant fut surnommé « the Death valley »  Encore aujourd’hui, des indiens, les shoshones vivent dans un minuscule village voisin de Furnace Creek, ils revendiquent toujours leurs terres au cœur de cette vallée.

 

  

 

     Plan de la vallée téléchargeable


     Des voix s’élèvent dans le bus, qu’est-ce ! une mutinerie ? …….  là bas au milieu de nulle part, à moins de 300 mètres se trouve un petit parking, et devinez ce qu’il y a remplissant ce minuscule emplacement ! :  un bus de tourisme, deux camping-car et une dizaine de voitures particulières. Etant à cet instant à l’avant, le regard d’Emily croise le mien, je crois que dans son fort intérieur, ça tempête dur !....elle doit se demander « Que fais-je ? plaisir à mes compagnons quitte à risquer une amende… ou l’innocente qui fait semblant de n’avoir rien vu ! »  ce qui vu les circonstances aurait été difficile à nous faire avaler !

 

     Fortement influencée par nos supplications… elle demande à Kenny de s’arrêter à cet endroit nommé « Zabriskie Point » « Seulement 30 minutes ! » nous dit-elle, j’ai l’impression qu’elle n’en mène pas large, mais alors et les autres ? … peut-être ne sont-ils pas au courant de cette interdiction !

 

     Ne pas pouvoir stationner sur un parking au beau milieu du désert n’a pour moi aucun sens, d’autant qu’il n’y a aucun panneau ni barrière l’interdisant « What is the problem ? » .... j’en attends encore l’explication !....

 

           C’est pratiquement au pas de course que nous grimpons vers ce point de vue, pour rester le plus longtemps possible à admirer ce chef d’œuvre de la nature, le plus beau belvédère de la vallée selon les guides, à croire qu’on a une petite once de chance !…..  Le regard se perd littéralement dans l’immensité d’un paysage grandiose et lunaire où se dessinent pentes ravinées, dunes de sable, collines chamarrés, roches de couleur blanchâtre aux reflets brillants dus à la présence de borax.

 

           Merci Emily, merci Kenny mais… ça valait vraiment la peine de s’y arrêter, d’autant qu’on ne verra pas d’autres points de vue de la Vallée, sans oublier l’immense déception, voire un brin de colère que nous aurions ressentie en voyant les autres touristes qui eux, auraient eu la chance de s’y arrêter !

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     Mes yeux me joueraient-ils des tours ? après des kilomètres de gris et de blanc, voici soudainement du vert, des arbres !...  voici « Furnace Creek » palmeraie, oasis dans le désert, un endroit californien où l’on peut y trouver station essence, magasin, musée, bureau de poste, camping,  restaurants, hôtels, bar, terrain de golf, et même un petit aérodrome, tout ceci grâce à la présence du borax, ce village lui doit son existence.

 

     Nous déjeunons au « Furnace Creek Ranch » restaurant situé au 328 Greenland Rch. Celui-ci terminé nous avons quartier libre pour découvrir cette petite ville paumée en plein désert. Sous une chaleur de plomb je me promène à droite, à gauche, admire les pelouses fraîchement tondues et bien vertes, certainement pas arrosées par la pluie qui ne tombe que très rarement, il est  certain qu’il me faudrait une sacrée imagination pour me croire en Bretagne …..

 

 


  

 


          En dehors du ranch, un étrange véhicule m’intrigue, c’est « Old Dinah », un antique tracteur à vapeur qui rappelle l’époque où l’on extrayait le borax.

 

     Qu’est ce donc que le borax ?  du sel cristallisé obtenu après extraction de la bore d’un minérai, puis raffiné et bouilli. Avant transformation cette bore servait autrefois à la fabrication du verre et des savons.

     Le produit fini raffiné était expédié par   la « 20-Mule Team » un équipage robuste mené par 20 mules et deux chevaux qui devait effectuer un voyage d’une dizaine de jours jusqu’au chemin de fer de Mojave, dans des conditions extrêmes (265 kms de pistes de terre + l’ascension des  1200 m des monts Panamint).

     On remplaça un moment ces braves animaux par la Old Dinah, tracteur à vapeur mais celui-ci pas assez robuste ne tînt pas le coup.


    

Une baraque en bois construite en 1883, le plus vieil édifice de Furnace, abrite le musée du borax. Musée dédié aux hommes et aux mules qui œuvrèrent dans la vallée entre 1883 et 1888, âge d’or de l’exploitation du borax, à une époque où les machines étaient rares et rudimentaires, il présente aussi une collection de divers minéraux. A l’extérieur sont exposés des locomotives et des wagons, ainsi que divers ustensiles qui servaient dans les mines.

 

      

 

     Kenny reprend le volant, il se dirige vers l’Océan, pendant encore un moment nous allons traverser ces paysages fantastiques, quand  surgit à notre gauche une grande étendue blanche étincelante sous le soleil, un lac salé. Le voir plus prés !... c'était impossible, la route y descend puis le traverse.

 

    

 

     Ayant encore pas mal de route avant d’arriver à l’hôtel, Emily nous incite au repos et nous propose de regarder le dvd «  Forrest Gump » Film sorti en 1994 à Los Angeles, qui récolta pas moins de 6 Oscars du cinéma. Notre esprit vagabonde, il s’envole,  nous ne sommes plus sur la route, mais aux cotés de Forrest, personnage un peu hors du commun qui raconte son histoire d’enfant handicapé qui ensuite vivra une existence trépidante malgré son handicap mental et physique (champion de football américain, soldat au Viet Nam, marathonien, milliardaire….)

Cours Forrest, cours ! ]

Je courrais toujours pour aller partout, mais je ne croyais pas pour autant que ça me mènerait quelque part ]

Ci-dessous, bande annonce du film


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     By by désert !  à l’approche de Bakersfield, capitale du country-west, le paysage s’est transformé, voici des vergers : pommiers, orangers, citronniers, noyers, champs d’avocats, c’est aussi une région où il y a de nombreux puits de pétrole, ainsi que des éoliennes, nombreuses sur les collines.


     Dîner au « Sakura » 3632 Ming Ave. Un régal ! sous forme de buffet, entres autres, un assortiment de fruits de mer, allant de la crevette grise, en passant par la palourde ou la moule grillée… on sent la proximité  de l’Océan.


     Comme pour les petits enfants, il est maintenant l’heure d’aller se coucher, notre hôtel est le « Days Inn » les chambres réparties sur deux étages sans ascenseur encadrent une grande piscine bordée de palmiers, le cadre est majestueux, mais il fait nuit noire on appréciera mieux demain matin.


     Et zut, de zut !.... alors que bon nombre de couples sont répartis au rez-de-chaussée, on nous a installées, Monique et moi au 1er étage, avec en bonus une bonne quinzaine de marches à monter en traînant sa valise. Ca ne sera pas pour moi…. s’il le faut je dormirais dans l’entrée….. mais non bien sûr je plaisante ! tout problème a sa solution et la nôtre n’est pas bien loin, le brave employé qui indique à chacun sa chambre va nous les monter ces valises et encore les deux d’un coup, costaud le mec !…. pour demain matin, on avisera en temps et heure.


     Les hôtels aux USA m’auront étonnée, quoiqu’étant seule, j’aurais presque toujours eu une chambre à deux lits d’au moins 1,80 voir 2 m de large et chacun doté de pas moins de 4 oreillers, au final assez commode, pouvant ainsi laisser la valise ouverte sur un lit.


     C’est sur cette réflexion hautement philosophique  que je termine cette page, cette journée et vous souhaite une bonne nuit !


     Demain était prévu le « Parc national de Sequoias » avec pique-nique à l’intérieur, Emily nous confie connaître un parc privé, petit certes, mais où l’on devrait apercevoir ces arbres gigantesques, faisons lui confiance !.... de toute façon où elle ira…  tels les moutons suivant leur berger…. nous la suivrons ! …

 

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