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*  Mardi 14 Septembre (suite)

       Après avoir passé une dizaine de jours en Autriche, nous voici en Allemagne, dans le Berchtesgaden Land, région enclavée  située dans les Alpes bavaroises. (point Q carte itinéraire) Brochure touristique en français à télécharger :

      C’est une superbe région avec des montagnes qui culminent à plus de 2500 mètres. Nous y arrivons il est 18 heures et nous nous apprêtons à sillonner la « Rossfeld panoramastrasse » située à l’est de Berchtesgaden. Le ciel est couvert, mais il ne pleut pas, la température est douce. Nous avons cette route panoramique à péage (5,20€) presque pour nous seuls, mais assez rapidement le soleil se cache derrière les sommets,  assombrissant le paysage et donnant le signal de l’arrêt pour la nuit. Impossible de faire de cette route notre halte nocturne, nous la quittons donc et allons sur un des parkings du nid d’aigle, le P3, emplacement non goudronné à 800m d’altitude, situé à la sortie du péage du coté sud, a environ 800 mètres des P1 et P2, le rendez-vous des bus utilisés pour l’excursion, ce fût le seul à ne pas être interdit pour la nuit. Cette fois nous aurons des voisins, un jeune couple d’anglais.

         * Mercredi 15 Septembre


     EnziannebrennereiGrassl. Salzburger Strasse 105 D-83471 Berchtesgaden. La distillerie de gentiane est située au croisement de la 319 et de la 305 au nord de la route panoramique en direction de Salzbourg</span>. Visite en été : du Lundi au Vendredi de 9h à 18 h et le samedi de 9 à 16h.



 

     Une petite visite guidée, personnalisée et gratuite en allemand mais aussi en anglais, mieux que rien !  un charmant jeune homme vous montre les anciens appareils, tente de vous expliquer le principe de la distillation et vous passe un film documentaire.

Ah, j’allais oublier ! au milieu de la boutique de vente formidablement achalandée, magnifiquement présenté sur un chariot, un assortiment de leur meilleures liqueurs pour une dégustation. Là encore, on ne visite finalement qu’une pièce de musée et non pas les différents processus de fabrication, cette très ancienne distillerie allemande perpétue ses traditions ancestrales depuis le début du 17ème siècle.


  

   
  
Les origines de la distillerie Grassl. En 1606 Le duc Ferdinant ll-Provost attribua  le droit qu’il avait de distiller dans la brasserie du monastère de Berchtesgaden, à la famille Grassl. Celle-ci devait maintenir les alpages de production pour le pâturage des vaches laitières par la plantation modérée mais régulière de racines de gentiane, distiller et vendre les spiritueux.  La récolte était limitée à des endroits particuliers et pendant quelques années seulement, seule la plus épaisse de la racine devait être récoltée. L’eau de source pure et le bois de chauffage était en quantité suffisante et leur utilisation libre a été légalisée.

Les huttes de distillations sont construites à des altitudes entre 300m et 1300m.  Aujourd’hui la distillerie Grass dispose entre-autres d’une hutte de distillation à 1352m, où le brûleur distille du lundi au vendredi de Juin à Octobre, d’une autre située à 1601m, la plus grande, mais où la cuisson est plus rare, le matériel y est aujourd’hui transporté par hélicoptère, et enfin d’une à 1200m, qui sert au printemps et en automne, lorsque les autres sont inaccessibles.

En 1690, Thomas Grass récoltait 50 à 100 kgs de racine par jour pendant les 10 semaines de l’été, et distillait cette récolte en Octobre.

Rude travail que de descendre ces racines dans la vallée, après la récolte d’automne, le fermier transportait quotidiennement de sa cabane à la distillerie, jusqu’à 100 kgs de racine dans des barils installés sur le dos de son âne, voir parfois sur son propre dos.

 La liqueur fut très populaire, bientôt chaque famille avait son petit baril de 10 ou 20 litres à la maison. La haute société et les aristocrates appréciaient cette liqueur après un repas généreux lorsqu’ils étaient les invités du monastère. La réputation dépassa les limites du royaume de Bavière, mais en 1803 en raison de la sécularisation, le monastère cessa d’être un client et l’exportation de l’eau de vie fut arrêtée. Franz Grassl au bout de 16 années de bataille juridique obtient en 1842 de nouveau les droits sur la distillerie.

      Les racines de gentiane des montagnes du Berchtesgaden sont encore strictement protégées. La distillerie Grassl est la seule à pouvoir les arracher. Parmi les 30 espèces de gentiane sauvage, quatre sont retenues par les usines pour la production, la « jaune » la « rouge » la « ponctuée » et la plus abondante dans cette région : la Gentiane « pannonica » . L’eau de vie ainsi fabriquée à un taux d’alcool avoisinant les 40 à 60 %

      Les racines qui peuvent atteindre un mètre de long peuvent être utilisées fraîches ou séchées. Hachées et mélangées à de la levure et de l’eau fraîche, elles sont mises à fermenter à 30 ° pendant six semaines, ce premier résultat est ensuite mis à cuire à grand feu, puis à feu réduit, cette deuxième distillation sert à raffiner le produit, qui est alors entreposé dans des futs de chêne marqués de l’année, puis stockés pour la maturation pendant trois à sept ans, selon la spécialité de gentiane, dans les caves à flanc de montagne.

      Des professeurs de l’Université de Vienne ont étudié sur le projet de cultiver la gentiane jaune. Après avoir trouvé le meilleur support, la culture a été intensifiée entre 350m et 1200m. Les semis ont besoin de 4 à 5 ans pour que les racines puissent fournir une récolte assez riche.

     La distillerie bénéficie aujourd’hui d’un grand renom et exporte bien au-delà de la région. 100 000 personnes visitent chaque année l’exploitation. Dans la boutique, hormis la dégustation gratuite, vous y trouverez les liqueurs présentées sous toutes ses formes, des spécialités régionales, ainsi qu’une multitude de cadeaux et souvenirs pour petits et grands, notre choix se portera entre-autres sur une marmotte habillée en tyrolien et qui chante une …tyrolienne pour notre plus jeune petit fils.

      A coté,  un moulin à eau, une réplique d’une véritable hutte de distillation, à l’intérieur un paysan y vend des produits typiques, jambons et fromages.

      

      Le soleil brille, refaire la route panoramique nous tente, péage 6,50 €, tiens donc, le tarif  serait en fonction de la météo ! bien sûr, je plaisante, en regardant de plus près, je m’aperçois qu’une réduction de 20 % est appliquée après 18 heures. Hier, notre ticket a été validé à 18h03…



La « Rossfeld Panoramastrasse » est une route de 21 kilomètres qui vous élève de 500 à 1600 mètres, avec parfois des pentes pouvant aller jusqu’à 13 %. "Expérience inoubliable et  à ne pas manquer" dit la brochure éditée par l’office de tourisme local.  Tout le long de la crête de grands parkings sont disponibles (400 emplacements) certains conçus pour une pause pique-nique, le paysage est grandiose, la vue sur les flancs escarpés du Mont Hohel Göll, sur le Mont Kelstein, le Massif Tennen, l’Untersberg ainsi que sur les régions de Berchtesgaden et de Salzbourg est à vous couper le souffle.

Cette route à péage est ouverte toute l’année, elle est aussi un point de départ idéal pour diverses randonnées avec deux gîtes de montagne magnifiquement situés. L’hiver, elle devient une petite station de sports d’hiver avec, à Oberau, six kilomètres de descente. Le type de végétation est de la forêt de sapins, alternant avec des hauts taillis vivaces d’aulnes verts, de prairies alpines et de plaines rocheuses. L’espèce d’arbre dominante est l’épinette de haute altitude, un conifère dense qui résiste à la neige et au vent, pour lui tenir compagnie : de la centaurée, de la gentiane, etc…

Peut-être aurez-vous la chance de voir des chamois, des marmottes… caresser un choucas ! sorte de corbeau peu farouche qui se perchera sur une croix, un rocher pour votre amusement et le régal de votre appareil photo. Cette montagne abrite aussi l’aigle royal.

Cette Rossfeld Panoramastrasse qui a été construite entre 1937 et 1940 comporte 14 ponts. L’idée d’une route devant rejoindre les vallées transversales  des Alpes entre le lac de Constance et le lac Königsee, principalement dans un but touristique, avait déjà germé en 1927. En 1933 les nazis s’emparent du projet et un premier tronçon verra le jour en Novembre de la même année. Lorsque la guerre a éclaté, les travaux, quoique bien avançés, furent arrêtés, ne restaient alors plus que les 800m derniers mètres du sommet. 1947  les travaux reprennent incluant  les réparations des dommages de guerre.

La route panoramique telle qu’on peut la voir aujourd’hui a été inaugurée en 1955. Elle a depuis été de nombreuses fois utilisée comme décor pour des films.

Déjeuner au sommet de celle-ci sur un des parkings en bordure de route.

Le repas terminé, nous empruntons la B20 qui passe par Berchtesgaden, en direction de ce splendide site qu’est le lac Konïgsee.

 

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