Volet 1  (Santiago, Valparaiso, le désert d’Atacama) u Volet 3 : Ile de Pâques

 

Résumé condensé, accompagné de quelques photos, de notre circuit

 

 

9 petits diaporamas sont visibles, voir à la fin du récit...

 

 


Carte de l'itinéraire


* Mercredi 1er Février (suite)  Du désert d’Atacama, au Nord, nous voici arrivés, après deux vols, dans la région des Lacs (N° 8 carte itinéraire) il est 14 heures. Inti et Yvan nous souhaitent la bienvenue. La météo n’est pas au beau pour les jours à venir nous dit Inti, charmant ! Mais la pluie est une caractéristique fondamentale de cette terre, c’est elle qui vaut à Chiloé le vert profond de sa végétation omniprésente. Yvan et Inti

Nous voila roulant sur la 5, la panaméricaine qui va de Quillon, au sud de l’ile Chiloé jusqu’au Mexique… 60 kms nous séparent de l’embarcadère pour Chacao.

Inti est guide depuis quinze ans, il a lui aussi vécu quelques années en France. A l’inverse de Victor-Hugo qui rigolait de bon cœur, Inti est plus posé, moins décontracté, on va alors se calquer sur ce nouveau personnage, marié et père de plusieurs enfants quant à Yvan, qui n’est pas terrible !  il semble plus à l’aise qu’Hugo notre petit étudiant.

« Avez-vous eu un repas dans l’avion ? »   réponse unanime ! : « Seulement un petit paquet de gâteaux apéritifs ! » « Voulez-vous manger quelque chose ? » « Oui bien sûr ! »  Aux abords de l’embarcadère, des jeunes femmes vendent sur le bord de la route aux automobilistes des « empenadas » sorte de chaussons fourrés aux fruits de mer, à la viande, au fromage ….. hum ! ça paraît bien appétissant tout ça, surtout que le petit déjeuner est bien loin. Oui, sauf que ….. le mini-bus ne peut s’arrêter,  pas de parking, les  jeunes femmes vendent, tant bien que mal, lorsque le véhicule est stoppé dans la file, du coup, cachée derrière une autre personne, pas assez de voix pour me faire entendre, je me suis faite « la torche »…. Bon ! je mangerais mieux ce soir, mais le ventre commence tout de même à crier famine !... 

La traversée en ferry dure une trentaine de minutes, avec un peu de chance on pourrait apercevoir des baleines, mais qu’est ce que je raconte ! plutôt des otaries ou des lions de mer,  mais d’otaries point ne verrons. Arrêt dans une épicerie à Chacao pour l’approvisionnement en boissons.

L’archipel de Chiloe  (200 kms sur 50) situé à 1200 kms au Sud de Santiago,est bordé par l’Océan Pacifique à l’Ouest et une mer intérieure à l’est. Il peut dans la même journée alterner trombes d’eau et soleil radieux. Connu pour ses « palafitos » maisons en bois sur pilotis construites au bord de l’eau et ses 16 églises en bois classées au patrimoine mondial de l’Unesco. C'est également un important lieu de pêche (construction de bateaux en bois et élevage intensif de saumons et autres poissons)

Avant d’être découverte en 1553 par les espagnols,  elle était habitée depuis 5000 ans avant J.C. par les Chonos et les Mapuches, peuplade de bergers et d’horticulteurs.

Nous empruntons des  petites routes inimaginables, des chemins de piste rocailleux et étroits qui épousent les collines, Inti nous montre la végétation fort dense, tels que cet ulmo dont les grandes fleurs blanches attirent les abeilles, l’arbre à miel du Chili…. on constate effectivement la présence de beaucoup de ruches, ou encore ce canelo, arbre sacré des Mapuches, ils en utilisaient les branches pour certaines cérémonies,  arbre à grandes propriétés médicinales,  (cicatrisant, anti-bactérien et anti-rhumatismal) il était surtout utilisé par les navigateurs, pour lutter contre le scorbut après de longs mois en mer.

Nous voici au bord de la mer, probablement dans l’estuaire d’Ancud, impression étrange de se retrouver sur le bord des côtes bretonnes. Dans cette région grouillent palourdes, moules et huîtres.  Une promenade sur la plage nous  fera rencontrer les ramasseurs d’algues, une des principales activités rémunératrices des pêcheurs d’Ancud.


        Ancud. Sa position stratégique sur la route du cap Horn lui valût l’intérêt des Espagnols, qui y construisirent des fortifications massives. Autrefois étape pour les baleiners et les pirates…. elle possédait quelques palafitos, qui furent détruites lors du tremblement de terre de 1960.
 
        Visite du musée régional : objets et archives relatifs à l’histoire de l’île, culture indigène, conquête espagnole.  Dans la cour un squelette de baleine, ainsi que la réplique grandeur nature de « l’Ancud » navire qui après 4 mois de dangereuse navigation planta le drapeau chilien en terre de Feu, seulement 24 heures avant la goélette française Phaeton….

Plazza de Armes, témoignage de la mythologie chilote, vieille de plus de 500 ans, mais toujours vivante, quelques statues de pierre: L’Invuche, la Veuve qui enlèvent les hommes pour assouvir ses désirs sexuels, le Trauco dont le magnétisme attire les femmes, CaiCai Vilu et TenTen Vilu, divinités devenues serpents de mer qui seraient à l’origine de la formation de l’archipel.

              

Lors de notre transfert à l’hôtel,  Inti nous propose une excursion optionnelle pour le lendemain matin :  les manchots à Puñihuil, ces ilôts abritent des colonies de manchots, site unique au monde réunissant les deux espèces réunies, ceux de Magellan et ceux de Humboldt, l’accès est interdit, mais on peut les approcher en bateau.

Que c’est tentant ! Inti donne tous les renseignements voulus, un seul couple s’opposera avec véhémence, n’en démordra pas malgré une intéressante alternative qui leur sera proposée, le guide prendra alors trop vite…  partie et malgré le désir des 7 autres cela ne se fera point, grosse déception !  d’autant qu’il fera demain, contrairement aux prévisions maussades, un temps relativement agréable et sans pluie,  ce qui ne sera pas le cas, hélas, lors de notre arrivée en Patagonie 3 jours plus tard, lors de la visite de la réserve du Seno Otway.

Notre hôtel : le Panaméricana   genre chalet de bois, offre une vue spectaculaire sur la baie et la péninsule de Lacuy. Au milieu de l’accueil, un feu crépite. Nos chambres situées au rez-de-chaussée, sont jolies avec leurs cloisons en rondins, mais qu’elles sont petites….. à peine 50 cms de passage au pied du lit, rien pour poser les valises qui resteront au sol derrière la porte, aille nos rhumatismes !.... heureusement n’y restant qu’une nuit nous n’avons pas à trop déballer.

 Jeudi 2 Février.  Départ qu’à 10 heures !..... Je profiterai de ce répit matinal pour faire le tour de l’hôtel, il ne fait pas très chaud, on supporte les lainages, mais le soleil est là, me permettant de faire quelques agréables photos de la baie, de l’hôtel, des jardins, dans ceux-ci, quelques buissons remplis de jolies fleurs rouges, ressemblant à des petit iris, c’est la « fleur nationale du Chili » nous verrons aussi beaucoup de « fuschias de magellan ».

      

La nuit porte conseil, l’excursion pour les pingouins est remise sur le tapis par l’un du mini-groupe, Inti est désolé, il fallait réserver 24 heures à l’avance et il n’avait qu’un seul créneau horaire, c’est définitivement foutu….

Accompagnés d’un soleil timide malgré les prévisions pessimistes, nous partons à pied à la découverte du :

 Fort San Antonio, construit en 1770, il est devenu un symbole historique, étant l’un des derniers bastions de la résistance en 1826, lorsque les Chilotes refusaient l’annexion à la République. N’y restent que quelques remparts, un mur d’enceinte, une poudrière, cinq ou six canons ainsi qu’un mémorial.

A l’extérieur un marchand ambulant propose quelques babioles, entre-autres des  tortues réalisées avec des coquillages.

Ancud est très vallonné, à travers chemins cahoteux, rocailleux, Yvan nous mène  à un belvédère, de là jolie vue panoramique sur le canal de Chacao, les îlots, le pont au fond de la baie, nous ne faisons même pas peur aux faucons perchés à seulement quelques mètres de nous.

Inti nous promet une surprise, un petit marché local, où  les touristes ne vont jamais !

Ce que nous voyons n’est pas commun, bien sûr du poisson et du saumon en quantité importante, nous rappelant que Chiloé est essentiellement une île de pêcheurs dont les produits constituent la base de l’alimentation,  mais surtout des moules séchées gigantesques (6 à 7 cms de long)…. enfilées en colliers,  la boite de bois qui sert de mesure lorsque la marchandise est vendue au litre, des algues séchées, (laminaires) aux propriétés multiples. Quelques stands d’artisanat avec objets sculptés en bois, tissages,  pulls de laine …. une dame  tricote en attendant le client.

         

Sur l’île il y a 300 églises et chapelles en bois, dont 16 sont depuis 2000 classées et inscrites sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, considèrées comme des « exemples exceptionnels de fusion réussie des traditions culturelles européennes et indigènes »  Ce sont des missionnaires jésuites qui en 1608,  en bonne entente avec les Huilliches, un peuple autochtone de pêcheurs, feront construire ces églises paroissiales, choisissant dans leurs forêts le bois le mieux approprié.

Depuis 1990, le gouvernement chilien consacre un budget à leur restauration, confiée aux artisans locaux.

L’église de la « Immaculada Conception » un ancien couvent en rénovation, devenue  la « Fundacion Amigos Iglésias de Chiloé » un  Centre de Visiteurs, l’entrée y est payante. Intéressante exposition de maquettes avec photos des églises en bois, échantillons des divers bois utilisés et des différentes sortes d’assemblage, brochures concernant la « Ruta de las iglesias » A coté dans les anciens bâtiments du couvent, boutiques de souvenirs.

Il est l’heure de déjeuner, nous allons goûter la spécialité, le plat emblématique de l’île : le « curanto »  plat qui, lorsqu’il est traditionnel ….. se prépare dans un trou creusé dans le sol, recouvert de pierres plates chauffées par un feu de bois.   Nous arrivons à la fin de la cuisson, ce plat mijote déjà depuis plus d’une heure, et n’en voyons que la couche extérieure : un dôme recouvert de feuilles géantes de nalca (sorte de rhubarbe).

Comblant cette attente,  un groupe  nous interprètera des chansons de son répertoire et nous fera une démonstration de « la Cueca » danse déclarée nationale en 1979. 

« La cueca »  est une danse de séduction qui met l’accent sur la grâce de la femme face à la virilité de l’homme. Les danseurs, un homme et une femme qui tiennent un mouchoir dans leur main droite, font une série de mouvements (demi-tours, petits pas) autour d’un cercle imaginaire, accompagnés par une harpe, un piano, un accordéon, une guitare, un tambourin ou tout autre instrument de percussion.


Nous assistons au dépouillement de ce curieux plat, les employés enlèvent un à un les ingrédients séparés par une couche de feuilles : les pains de chapalete (spécialité faite d'un mélange de farine de pommes de terre et de blé) puis lard, travers de porc, cuisses de poulets préalablement cuits, saucisses, pommes de terre, après une nouvelle couche de feuilles, voici les fruits de mer : grosses moules, palourdes, coques …


Nous prenons place, impatients de goûter ce plat, d’autant que nous le devons à la présence de deux couples qui ont eu la bonne idée de se joindre à nous, cette préparation n’étant réalisée (dans ce restaurant) sur commande qu’à partir de 10 personnes. (nous sommes 9 !)   Quand l’assiette arrive, oh my god ! il y en au moins pour 4, une montagne de nourriture, impressionnant ! repas gargantuesque et plutôt bourratif avec le lard, les saucisses et les pommes de terre, quant aux fruits de mer, c’était tout simplement un régal.  Inti nous demandera si l’on veut bien donner 1000 pesos chacun de pourboire.  

80 kms au Sud, voici Castro.  Lors d’une promenade le long du rio Gamboa, nous admirons les : * « palafitos » Castro est le seul endroit où l’on peut voir ces maisons en bois construites à la fin du 19ème siècle, sur pilotis.  L’arrière de la maison surplombe l’eau, et à marée haute, les bateaux viennent s’amarrer aux pilotis.

Cette architecture aujourd’hui classée monument historique est protégée, Castro, malgré le tremblement de terre, a réussi à en conserver.  Superbe paysage que ces maisons peintes de différentes couleurs,  elles ne sont pas toutes dans un parfait état, appartenant le plus souvent à des gens de condition modeste.

Dommage que, malgré les efforts d’Inti,  nous n’arriverons à les voir qu’à marée basse !......  

    

Nous voici arrivés à  Nercón 4 kms au sud de Castro,  l’église « Nuestra Señora de Gracias » est l’une une des seize églises classées. Se visite, se visite pas ? des ouvriers travaillent sur les extérieurs, il semblerait qu’une dame qui est justement là ! en serait la gardienne, Inti nous dit qu’en principe, on n’y entre pas, mais que pour nous faire plaisir, il va lui demander l’autorisation. En reconnaissance, il serait bien de donner un pourboire à cette dame, qui serait sous dyalise, nous ne voyons pas le rapport !  intox ? manipulation ? de bon cœur, mais pas convaincus …… nous lui remettons, selon le souhait de notre guide, un billet de 1000 pesos chacun.

Ces grandes églises de bois construites sur des collines, présentent un toit pointu, un portail en arcades, au sommet une tour surmontée d’une croix, référence pour les marins. L’intérieur est un plan basilical à trois nefs séparées les unes des autres par de solides colonnes en bois.

Celle de Nercón, déclarée monument national en 1984 a été achevée en 1890. Bâtie en mélèze et cyprès, couverte de tuiles, sa tour massive comporte deux étages.

Une heure plus tard, nous arrivons à notre hôtel « Hosteria Castro » aille, ça se complique, nous sommes au 3ème étage sans ascenseur !… Inti qui semble soudainement se souvenir qu’il doit y avoir parmi nous des « bretons » enfin, si on veut ! nous dit avoir fait connaissance avec un groupe, pas de quoi fouetter un chat ! si ce n’est que c’est une délégation du « Conseil Général du Finistère » Ces purs bretons ont tissé avec cette île, qui présente beaucoup de similitudes avec leur département, un lien coopératif depuis 10 ans et soutiennent le combat des pêcheurs de Chiloé, en leur apportant un échange d’expérience et de savoir faire. Il leur sera d’ailleurs consacré quelques jours plus tard un article sur le journal finistérien.

Quelques mots sur la pêche artisanale de Chiloé.  Pêche très développée qui se fait sur des petites unités en bois de 9 à 14 m (plongée au tuyau avec un compresseur, technique très dangereuse) mais dont l’avenir est menacé.

Ils sont sans cesse en conflit avec la pêche industrielle, sept familles qui contrôlent tout, tous des amis de Piñera, président du Chili et milliardaire.  Ces industries salmonicoles ne respectent pas la réglementation du travail, conditions de travail déplorables, droits sociaux bafoués….  Les élevages intensifs de saumon ont rapidement apporté leurs lots de désagréments : contamination des eaux, des fonds marins...  En 2008, l’apparition de l’anémie infectieuse du saumon anéantira les stocks  et provoquera la suppression de 20000 emplois.

Historiquement, on pratiquait la pêche des huîtres en plongée. Mais le tremblement de terre de 1960 a déstabilisé cette activité, une réserve génétique a été créée mais elle est trop souvent la cible des braconniers.

Notre chambre au 3ème étage, un fiasco…. de la fenêtre nous avons vue sur les toits en tôles alors que d’autres l’ont sur la baie, mais ce qui est le plus gênant, c’est la taille de celle-ci, pire qu’hier….  pas plus de 30 cms au pied du lit ! …. La brochure illustrée mise à disposition à l’accueil est plutôt mensongère (chambres confortables et ascenseur….) où alors nous avons été a remisés « au placard » je crois que cette fois, les valises vont rester dans le couloir, ainsi elles seront toutes prêtes pour le départ demain matin

      Avant de dîner, nous allons sur la Plazza de Armas, tout près de l’hôtel, la dominant voici :

La Cathédrale San Francisco, construite en bois dans un mélange de style néogothique et classique, les murs extérieurs sont recouverts de plaques de tôle ondulées, l’intérieur en bois vernis est d’une sobriété magnifique…. une rangée de vitraux éclaire l’intérieur, joli lorsque le soleil passe et illumine les bancs de bois, comme c’est le cas ce soir.

    

A sa gauche, un bâtiment avec arcades, les murs recouverts de tuiles en bois d’alerce finement travaillées et assemblées font penser à des écailles de poisson, des vitraux habillent avec élégance les portes et les fenêtres. Il abrite un marché artisanal, avec entres-autres des petits emplacements de 3 m² environ, occupés par une femme qui vend les produits de son travail : ponchos, chandails et pulls tricotés, chapeaux, gants,  babioles, etc…

    

Je continue mon exploration de la place, il y fait superbement beau, dans les 20 °, le soleil est présent, quoiqu’on en dise…. La place noire de monde vit une ambiance de fête, l’orchestre, installé dans son kiosque à musique, interprétant des airs connus doit y contribuer, faut dire aussi que pour eux, une journée de soleil est sans doute une journée dont il faut profiter.

Les larges baies vitrées de la salle du restaurant offrent une vue sur la mer.  Aujourd’hui, c’est la chandeleur, en dessert nous aurons une crêpe à la confiture de lait au chocolat.

 Vendredi 3 Février.  Départ 9 heures. Le marché paysan de Castro est plus important que celui d’Ancud, mais à peu près avec les mêmes produits : divers poissons, (congres, merlus) saumon, algues séchées, miel, etc… beaucoup de légumes.

Mais qu’est-ce que cet espèce de carambar appétissant ?  désolée, j’ai dû mal recopier dans le véhicule, (quelque chose comme chaipone…) c’est une plante qui pousse dans les falaises, le suc et les graines blanches sont enracinées, Inti en achète un paquet, et nous voilà tous à mâchouiller cette plante pour en extraire son suc.

Une chose nous titille, Inti est sans cesse le téléphone à l’oreille, dès qu’il en a l’occasion, ne serait-ce que pour quelques minutes, il nous laisse quartier libre et s’éloigne légèrement, c’est un peu frustrant. On en comprendra un peu plus tard probablement la raison : deux jours seulement avant qu’il ne nous prenne en charge, sa maison de bois a entièrement brûlé, il ne lui reste que ce qu’il porte, fort heureusement, ses amis présents et sa famille se sont sauvés sans qu’il n’y ait eu de blessés, il nous confiera avoir eu des messages de soutien sur Internet, des propositions qui lui auront fait chaud au cœur, nous penserons bien souvent à toi.

A 20 kms de Castro, voici Dalcahué, (8000 habitants) construite en bordure de la mer intérieure.

Le temps s’est rafraîchi, le ciel menace, nous percevons quelques gouttes, quel temps de breton ! .... Dalcahué est connu pour son église classée (Nuestra Señora de Los Dolorres) bâtie en 1750 en bois d’alerce, une des plus belles de Chiloé, sa façade présente des colonnes doriques, malheureusement elle est fermée.

Une promenade au centre nous mène à différents magasins, puis nous ramène au port où les bateaux de pêche sont amarrés. Sur l’esplanade, un long bâtiment surmonté d’une jolie tour à deux étages, ouvert à tous vents, abrite une multitude de petites boutiques artisanales, ainsi que des toilettes payantes, information qui peut être utile !

Déjeuner au « Cocineria » ce curieux édifice, recouvert de tuiles de bois et  surplombant la mer, comporte tout un tas de cantines basiques, avec parfois seulement un banc et une table face à la cuisine, c’est du local, de  l’authentique.

    

Adieu Chiloé !... revoici Puerto-Montt, la panaméricaine, le ferry à Chacao, cette fois nous apercevons plusieurs lions de mer jouant avec les eaux, les jeunes femmes qui vendent leurs empenadas. Nous arrivons à l’hôtel « Colonos del Sur » de Puerto-Varas vers 17 h.  Les chambres sont plus spacieuses que sur l’île de Chiloé, toutefois mal isolées, nous entendrons même les stores se tirer, dans la chambre au-dessus, occupée par l’un de nous.

Après le dîner, nouvelle révision des valises, ne pas mettre d’interdits dans les bagages à main, prévoir une rechange en cas ou ! vérifier les papiers, car demain nous décollerons pour la 6ème  fois de ce voyage, en direction de Punta Arenas, en Patagonie Chilienne.

Inti nous informe que la pluie y est prévue et qu’il y fait dans les 12 °, nous devons garder près de nous les vêtements d’hiver. Mais si c’est comme la pluie qu’on devait avoir pendant le séjour à l’île de Chiloé, ça devrait aller ! quoiqu’il faut tout de même se mettre dans le crâne qu’on sera dans une région au climat subpolaire océanique  !  

* Samedi 4 Février. Départ à 13h15 à bord d’un Airbus A320. Nous faisons nos adieux à Inti et Yvan, trois jours, c’est vite passé ! et nous envolons pour d’autres cieux.

Nous survolons pendant deux bonnes heures cette extraordinaire région qu’est la Patagonie. Avoir une place à coté du hublot sera, je m’en rends compte… mission impossible, seul le premier couple du groupe (toujours le même) à se présenter aux comptoirs, en l’occurrence le plus vif……  y arrive, mais avec mon homme qui n’a plus la même vigueur, qui lambine, qui traîne, …. aucune chance !...

Je n’ai donc pas de photos à proposer de ce magnifique paysage vu à 10000 m d’altitude. Je les imagine ces sommets de la Cordillère des Andes, pour les avoir admirés lors d’un voyage au Pérou,  l’avion les frôlait, semblait jouer avec eux, quoique à cette latitude, ils sont déjà beaucoup moins élevés, la plus haute cime de Patagonie ne ferait que !…. 4058 m.

Et c’est parti pour un énième paquet de cacahuètes grillées, accompagnés de ses deux chocolats, fort bons d’ailleurs, mais ça commence à devenir rasoir !... Au dessus de Punta Arenas, nous survolons le détroit de Magellan, pour atteindre la piste l’avion entame une large courbe au-dessus de l’eau, superbe panorama que j’entre-aperçois. (point N° 9 carte itinéraire)

 Nous faisons connaissance avec Lenin (sans e !) déjà que son prénom lui pose complexe ! et Alvarro, ainsi que de notre nouveau  compagnon de route, qui n’a pas de nom, lui ! ça sera donc « le Mercedès »

Lenin nous annonce tout de go un changement dans l’ordre du programme : l’inversement des hôtels : aller d’abord à Puerto-Natales. Du fait de l’horaire très matinal du vol pour Santiago dans 3 jours, il préfère faire les 250 kms qui nous séparent de cette ville aujourd’hui quitte à y arriver assez tard, et revenir à Punta-Arenas pour dormir à proximité de l’aéroport. Sans cette décision, à quelle heure aurions dû nous lever ? peut-être même ne pas se coucher du tout ! Bravo Lénin qui dans ce cas a su faire preuve d’une initiative fort judicieuse.

Première impression en foulant cette terre de bout du monde, rien …… il n’y fait pas très chaud, dans les 12° à 13°, le ciel y est nuageux. Pour l’instant, nous n’en pensons rien, sans doute un peu plus à notre retour.  Le Chili est divisé en 12 régions administratives allant du Nord au Sud, nous sommes dans,  vous l’aurez deviné…… la 12ème : la Patagonie : région de Magallanes et Tierra del Fuego, bien près de l’Antarctique….

Lenin, nous le constaterons en le connaissant mieux sait très bien ce qu’il veut, ce qu’il doit faire et quand il le doit, ses informations sont données d’une voie forte et assurée, il fait preuve d’autorité, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Il y a fort à parier que pour l’excursion à l’île Chiloé, il n’aurait pas hésité, se serait rallié à l’écrasante majorité (ce qui d’ailleurs se fait… et aurait dû se faire….) son curieux sens de pince-sans-rire, disant parfois l’inverse de ce qu’il pense nous déroute un moment, il aimait « en rajouter » à ceux qui avaient le mal de mer par exemple  …… Mais au bout quelques heures, on t’avait dévoilé petit malin !

« D’où viens tu ? D’où vient ta connaissance de notre langue ? »  « Je viens de France, j’y ai vécu 14 ans » « Toi aussi ! » Je ne veux pas m’embrouiller dans mes notes  bien souvent écrites de mémoire après une conversation…. mais il me semble que son père vivait en France, qu’il étudiera chez les « curés » 

Ce qui me frappera tout de même ?... Lenin est notre quatrième guide, il en sera de même plus tard pour Flora, à part Carlos-Enrique à Santiago qui a étudié le français en Université, personne n’a jamais parlé de diplôme quelconque, ou de formation comme « guide touristique » par exemple. Je crois que leur seule connaissance de la langue française est le sésame pour être guide. Lenin ne tutoie pas, mais nous appelle par nos prénoms, il nous dira que c’est sa façon d’être plus proche de « ses clients »

Tout en effectuant les présentations, le Mercédès remonte la Ruta 9, la « carrera Austral » en direction de Puerto Natales. A 65 kms de l’aéroport, nous approchons de Seno (fjord) Otway, voie d’eau naturelle  reliée à l’Océan Pacifique par le détroit de Magellan. Le temps est toujours nuageux mais sans plus. Dans ce fjord existe notamment une colonie importante de manchots de Magellan. Cette réserve privée est au bout d’une route elle aussi privée, pour y pénétrer, il faut s’acquitter d’un droit de passage, bon investissement pour le propriétaire de cette steppe totalement désertique et asséchée.

 Pingouins, pingouins ! déjà Inti nous en avait fait la remarque, il paraît qu’il n’y a que nous français pour donner ce nom à ces gentils oiseaux, Lenin ne connaît que le « manchot » Une recherche m’apprendra que le seul pingouin encore existant et qui vole, contrairement au manchot….est petit et vit dans l’hémisphère Nord, on peut le rencontrer de la Bretagne ……au Pôle Nord,  aujourd’hui  on en est bien loin !.... C’est un abus de langage, une confusion, et pourtant comment expliquer que le site porte le nom de la « Pingüinera de Seno Otway »

Quelques mots sur cet oiseau bien sympathique.  Visibles sur ce site de Septembre, période où ils font leur nid et se reproduisent, à Mars, date à laquelle les parents et les petits nés en Octobre partent en migration en mer.  Leur taille est d’environ 50 cms, ils peuvent atteindre 24 km/h lorsqu'ils poursuivent une proie et plonger jusqu'à 75 m de profondeur, leur longévité est de 25 à 30 ans.

Nous sommes donc à la période la plus propice pour les admirer, pas loin de 6000 couples disent les livres, ça va faire du monde !

Lenin  nous recommande de bien nous couvrir, l’endroit est très venteux, tu parles ! on voit bien qu’il ne connaît pas la pointe du raz !....  Mais c’est qu’il commence à nous faire peur !..... par-dessus son jean, il enfile un pantalon de pluie,  recouvre son crane d’un bonnet, crane qui craindrait plutôt les coups de soleil, s’emmitoufle pire que pour accéder au sommet de l’Annapurna…..

Je savoure mon bonheur, une petite balade agréable sur un sentier en planches d’environ 800 mètres avant d’arriver à la mer.  Longeant ce sentier, un grillage pour empêcher l’humain d’accéder à l’espace protégé, mais aussi les animaux, tels ces chiens égarés qui en 2001 ont massacré une centaine d’oiseaux. Une boucle supplémentaire longe la plage, elle  devrait nous donner la possibilité d’en voir beaucoup, beaucoup !

Plus on avance vers la mer, plus ça souffle, lorsqu’ un élément autant  indésirable que surprenant s’invite, à peine arrivés nous sommes littéralement bombardés par la grêle ….. transis, frigorifiés, gelés, c’est devenu quasiment impossible de les photographier :  pas d’essuie-glace sur les lunettes  les doigts ankylosés, de plus l’appareil photo ne va pas aimer….. Le petit cabanon nous sert provisoirement d’abri, mais c’est tout !.... de celui-ci les manchots ne sont même pas visibles….

On attend une quinzaine de minutes, mais rien à faire, le ciel est gris de gris, il fait froid, c’est presque au pas de course que nous réintégrons le parking, où nous arriverons les pantalons trempés, sans avoir même pu faire la petite boucle qui longeait la mer.

Décidément, les déceptions s’ajoutent aux déceptions …. a ce moment là, je suis furax  de ne pas avoir pu voir ceux proposés par Inti à l’île de Chiloé, qu’on approchait grâce à un zodiac, il y faisait un temps correct !...

        

A l’entrée du site, une boutique de souvenirs. Il est près de 18h30, reste environ 200 kms à faire d’ici Puerto Natales, c’est certain, on n’y sera pas de bonne heure.  Sur la route, rencontre avec des nandous, sorte de petites autruches grises, le soleil refait de timides apparitions, nous sommes vraiment tombés au mauvais moment…

La fatigue commence à se ressentir, nous avalerons cette route finalement sans grand intérêt, bordée de part et d’autres par d’immenses étendues de steppe patagonne.  Régulièrement disséminées au milieu de cette région désertique, fortement balayée par les vents forts, on aperçoit des vastes estancias délimitées par des grillages. 

21 H passés, l’hôtel Saltos del Paine nous accueille.    

Dîner rapide et au dodo. Demain nous naviguerons sur le fjord Ultima Esperanza, à la découverte des glaciers Serrano et Balmaceda

 Dimanche 5 Février.  La veille au soir, Lenin nous a prévenu que s’il faisait trop mauvais temps, voir beaucoup de vent, l’excursion aux glaciers ne se fera pas, les bateaux ne partant pas, dans ce cas il intervertira avec la journée au parc Torres del Paine. Et si le lendemain c’est idem, on fait quoi ? on change avec l’île de Pâques !  allez pas de pessimisme, mais c’est tout de même ce qui s’est produit au désert d’Atacama, de gros nuages nous ayant privé, pendant deux jours consécutifs, d’un spectaculaire et paraît-il inoubliable ! coucher de soleil sur les dunes.

      Lenin … nous avait promis de la pluie. Il a plu … il pleut….  il pleuvra ….. rassurez-vous, je ne conjugue pas le verbe pleuvoir à tous les temps, ce n’est pas non plus le dicton du jour mais bien hélas la réalité…. Oh rage ! Oh désespoir ! mais l’excursion a bien lieu ! Oh Lénin !

La société Agunsa propose à partir de Puerto Natales  deux circuits différents : les glaciers Balmaceda et Serrano sur le fjord Ultima Esperanza, un de ces innombrables fjords, caractéristiques du littoral de la Patagonie australe chilienne, ou le fjord de la Montañas. A l’embarcadère, le catamaran « Agunsa Orca » est en partance pour l’Ultima Esperanza, (bras de mer qui se termine en cul de sac au pied des glaciers)

Quelques lignes sur la Patagonie : région située au Sud de l’Amérique du Sud, principalement en Argentine, mais aussi le long de la côte Pacifique du Chili. Au Sud du détroit de Magellan, se trouve « la Terre de Feu » Ces deux pays séparés par la Cordillère des Andes recèlent des paysages de montagnes, des glaciers, des pampas, des îles et archipels.

Habitées depuis plus de 10 000 ans par les Amérindiens, ceux-ci s’affrontèrent jusqu’au milieu du 19ème siècle pour préserver leurs terres les plus australes, mais peu à peu les autochtones disparurent. Les terres de cette région très peu peuplée (à peine 4 habitants au km²) sont exploitées pour l’élevage du bétail en d’immenses estancias, région qui comporte également quelques ressources naturelles importantes (gaz naturel, pétrole, eaux douces)  C’est aussi une forte région sismique, la deuxième du monde.

8 heures, le bateau lève l’ancre. Très beau navire d’environ 200 places, avec tables, bar, un pont supérieur permettra d’admirer ce  magnifique panorama, côtes découpées, falaises abruptes entaillées par des cascades, paysages aux sommets enneigés, mais aujourd’hui, nous n’en voyons pas grand-chose, tant l’ensemble est recouvert d’une épaisse chape de brouillard, c’est bien dommage !

Des brochures touristiques permettent de suivre l’itinéraire, des commentaires en anglais et espagnols indiquent les emplacements de la faune aquatique : le rocher des loups de mer, les falaises survolées par les condors où s’agrippent les cormorans.

Une collation est offerte, revigorante dans cet univers froid, gris.

Au bout de trois bonnes heures de navigation, nous arrivons à proximité du mont Balmaceda (2035m) qui porte le glacier du même nom.

Regardez aujourd’hui l’état de ce glacier !  poignant témoignage de la fonte des glaces dû au réchauffement climatique, alors qu’encore en 1958, il tombait dans le fjord. Le bateau le longe doucement à 200 mètres. J’ai inclus dans ce récit une photo récupérée sur la toile de ce même paysage avec un temps plus clair, comme on dit « y a pas photo ! » Sans vouloir être trop pessimiste, il faut bien avouer qu’on subit depuis notre arrivée dans le Nord du pays, les caprices d’une météo malfaisante.

     

Une demi-heure plus tard, le bateau accoste à Pto Toro, lieu d’appontage pour le glacier Serrano, regardez comme Lenin nous a attifés  ….. dire qu’il pleut est un euphémisme ! on en est presque au déluge de Noé…. disons que j’exagère un tout petit peu. 

Nous pénétrons dans le parc national Bernardo O’Higgins, une promenade de 30 minutes dans les sous-bois de la forêt patagonienne devrait nous rapprocher du glacier.

On nous donne une heure pour en faire l’aller et le retour, peu d’entre-nous entreprendrons cette balade, le temps imparti est un peu trop court si on ne marche pas à bonne allure ! les conditions météorologiques lamentables n’aident pas non plus, et conséquence de celles-ci, la promenade n’est à envisager qu’avec des bonnes chaussures de randonnée et un pantalon de pluie, tant qu’à faire ! 

Après avoir parcouru 200 mètres de ce sentier forestier, on arrive au bord du lac dans lequel se jette le Serrano, des blocs de glace bleue se sont détachés, de cet endroit le glacier doit être à 400 ou 500 mètres mais il est visible  

              

Un a un les touristes frigorifiés  réintègrent le catamaran.  Un apéritif, le traditionnel Pisco Sour accompagné d’un glaçon récupéré directement parmi les morceaux de glace flottante, revigorent ces promeneurs. Il paraît que lorsqu’il fait beau, l’apéritif est offert sur la plateforme panoramique au bout de la promenade. Nous faisons demi-tour avec au passage un petit regard sur une cascade qui provient de la fonte des glaciers et qui se jette directement dans le fjord.

Le débarquement a lieu bien avant Puerto-Natales, aux environs de Puerto Prat, de là bus et mini-bus récupèrent tous ces touristes pour les emmener déjeuner à une bonne vingtaine de kilomètres de là, à travers des chemins de terre, jusqu’à l’estancia « Puerto consuelo » 

Devinez qui bien timide, nous accompagne depuis quelques instants, en se frayant un passage entre les nuages ? le soleil qui décidément joue avec nos nerfs !...... on propose  à Lenin de retourner voir les glaciers, mais nenni !....

       

Cette estancia « Hermann Eberhard. » est tenu par les descendants d’un célèbre explorateur allemand. Celui-ci, ancien navigateur, décidera en Aout 1892 de poser ses pénates dans ce petit coin perdu de Patagonie, alors inconnu des européens,  d’y installer une ferme et d’y élever des moutons, des centaines de moutons….. qu’il fera venir des Malouines.   Aujourd’hui il est une des personnalités les plus importantes de la colonisation de la région de Magallanes.         

L’endroit est très agréable, un verre de Pisco à la main nous assistons à la fin de la cuisson de « l’asado » barbecue traditionnel des pays d’Amérique du Sud.

Ici les agneaux de Magellan ont été disposés verticalement sur une armature en forme d’une croix, le feu est fait de buches de bois.

 L’asado est presque « le plat national » du Chili, préparé de façon quasi rituelle, différemment d’un simple barbecue. Les « asadores » sont des spécialistes dans l’art de cuisiner ce plat, veillant à ce que la viande ne cuise pas trop vite, comme par exemple cuite dehors mais crue à l’intérieur.

Nous prenons place dans cette gigantesque salle, il est …déjà… 15h30.

 D’immenses fenêtres offrent une vue privilégiée sur le fjord. Arrive le moment de la dégustation de cet agneau, tendre à souhait, la viande est servie  à volonté….. quand je vous disais qu’au Chili, ce sont des repas dignes de Gargantua.  

Dommage que celui-ci se fasse dans un grand brouhaha, tous les touristes du bateau ensemble, ça fait forcément du monde !….    

Retour à l’hôtel de Puerto-Natales tout d’abord par des chemins de terre.  Au cours du dîner, nous voyons collée au mur une grande carte détaillée de la Patagonie, Lenin montre ce qu’on a fait aujourd’hui, ce qu’on va faire demain, après-demain….

Lenin, on te pose une colle ! si on continuait à descendre, on se retrouverait où de l’autre coté du pôle antarctique ? et de chacun de donner son avis, vous auriez su, vous ?  difficile de se rendre compte sur une planisphère. Qu’à cela ne tienne ! moins d’une minute plus tard, Lenin, fier de sa trouvaille,  arrive une mappemonde à la main, te la mets sens dessus-dessous, et c’est quoi qu’il y a juste de l’autre coté ? l’Australie, wwouah !....

Demain on va découvrir le Parc National Torres del Paine, celui qui a été fermé quelques jours en Janvier, parce qu’un malheureux touriste israélien avait brûlé quelques feuilles de papier hygiénique. Huit jours après ce drame complexe, les autorités ont estimé que 4% de sa superficie avait été détruite.

Après avoir eu quelques inquiétudes quant à son ouverture tout juste avant notre départ de France, demain nous allons tenter de l’apprécier à sa juste valeur, en espérant que Dieu soleil aura un peu pitié de nous.

 

 Lundi 6 Février.   Départ à 8 heures. 120 kms nous séparent de l’entrée du parc, pour moitié sur une piste bosselée. Nous prenons notre temps, il y a tant à voir ! voici un condor en plein vol, puis au loin quelques faucons cohabitant avec les moutons.

Stooop ! un « gaucha », c’est plutôt rare de le voir si près, car ces hommes accompagnés de leurs chevaux et de leurs fidèles chiens, parcourent ces immenses étendues de steppes, pour surveiller leurs moutons.

L’origine des estancias de Patagonie ou… le génocide des Fueguinos !... A partir de 1870, les colons arrivent en masse en Patagonie et en Terre de Feu,  avec comme rêve : s’offrir de grand espaces, conquérir d’immenses territoires jamais exploités, faire fortune avec le commerce de la laine. Et quelle chance ! les terres patagoniennes s’avèrent favorable à l’élevage ovin.

Bien sûr, il y a bien quelques habitants ! : les Fueguinos, tribus aborigènes, mais ce ne sont pas cette poignée de sauvages à moitiés nus qui vont leur faire obstacle !... sans état d’âme les colons  abattent les phoques, délogent les indiens s’emparent de leurs terres et délimitent leurs estancias, chassent le guanaco sauvage. Ces derniers pour survivre se rabattent sur le mouton entraînant la fureur des colons, qui les traiteront de voleurs de bétail. Le gouvernement argentin embauchera même des tueurs professionnels. Les conquistadors s’acharneront à décimer ces peuples ancestraux, qui après quelques ultimes révoltes disparaîtront totalement.

Les pionniers britanniques obtiennent des concessions de terres, parfois jusqu’à 2000 km², de grandes compagnies de laines voient le jour. La Patagonie et ses estancias vivent une période « d’or blanc » La « Carretera austral » véritable cordon ombilical reliant la Patagonie au Nord est construite en 1980.

Lenin nous demande de scruter les poteaux rouge et blanc plantés parfois loin dans la steppe, attention, danger !  ils indiquent un terrain miné  :

En 1978, lors du conflit du Canal de Beagle, les chiliens  avaient protégé leurs frontières, contre une invasion de l’Argentine. En 1982, lors de la guerre des Malouines (Angleterre-Argentine) les Chiliens qui n’ont pas oublié ! soutiendront le Royaume-Uni, d’où une tension permanente entre les deux pays.

Arrêt à Cerro Castillo, petit hameau qui marque l’embranchement avec le parc Torres del Paine, de là, nous roulerons uniquement sur des pistes, ce magasin propose café, souvenirs, toilettes etc… un couple anime en musique.

La route longe la « Cordillère del Paine » superbe massif enneigé de 24 kms sur 13 kms, situé au pied de sa grande sœur, la « Cordillère des Andes » son point culminant est de 3050 mètres.  Le croiriez-vous !... il fait soleil, timide certes, mais il est au rendez-vous.

Les ordres pleuvent : regardez à gauche ! voici un renard qui paraît blessé, puis une famille de nandous, une maman et ses petits, puis un guarana sur le bord de la route, regardez à droite ! un autre guarana … puis trois qui traversent devant nous…  Lenin nous donne le tournis,  cédant à nos supplications, il nous laisse en photographier derrière les vitres ouvertes, alors qu’il sait très bien que d’ici quelques kilomètres, nous allons en voir par dizaines …… quand je vous dis que c’est un petit plaisantin !...il nous dira ne pas avoir voulu nous contrarier ......tu parles ! 

Le guanaco. Qu’est-ce ?   Camélidé sauvage vivant en Amérique du Sud. Contrairement au lama, il n’est pas domestiqué, on le retrouve généralement en petits groupes, dans des altitudes allant jusqu’à 3000 mètres, des prairies à la riche végétation, des déserts arides ou encore dans les régions pluvieuses proches des côtes.

Nous voici arrivés à l’entrée du Parc National.  (point N° 11 carte itinéraire) Il y a quatre accès payants.

Quelques lignes sur ce parc dont les massifs ont 12 millions d’années. Créé en Mai 1959, entre Cordillère des Andes et steppe de Patagonie, le Parc fait partie des zones protégées de cette région. Sa superficie est 242 000 hectares, son altitude de 20m à 3050m. Il est constitué de montagnes, de vallées creusées par les glaciers, de rivières et de lagunes salées.  En 1978 il est déclaré réserve de la biosphère par l’Unesco. Un des sites les plus visités au Chili, notamment par les randonneurs, il est équipé de nombreuses infrastructures : campings, refuges, hôtels.

A propos de randonneurs : l’extrême vigilance est recommandée. Un jeune touriste israélien fut accusé en Janvier 2012 d’être à l’origine d’un gigantesque incendie en brûlant du papier hygiénique. 14 000 hectares de forêts, landes, furent détruites, 700 touristes évacués, le parc fermé pour quelques jours. 

Mis en détention le 31 Décembre 2011, il ressortira des prisons chiliennes le 10 Février 2012. D’après « Fil info Chili » les charges retenues ont été abandonnées, mais il devra payer une amende de 10000 dollars et effectuer un travail d’intérêt général pendant 2 ans pour une organisation spécialisée dans la reforestation, pour laquelle il devra réunir les fonds afin de replanter 50 000 plants.

Nous en avons le souffle coupé devant tant de beautés : montagnes enneigées, pics acérés, lacs d’un bleu intense où vivent des colonies de flamants roses, glaciers, vallées, cascades, ponts …… Avant la création du parc, le territoire était occupé par une immense (c’est peu dire !) estancia spécialisée dans l’élevage des moutons, il porte les séquelles de la surexploitation pendant plus d’un siècle des prairies, des forêts et de la faune.  

     

Parlons de la faune : y vivent des guanacos, des pumas, des renards, des cerfs …. et une bonne centaines d’espèces d’oiseaux : condors, aigles, canards, nandous, cormorans, hérons, chouettes, flamants roses …..Quant à la végétation, elle  se diversifie selon l’altitude : mousses dans les prairies, steppe avec herbages, forêts magellaniques composées de Lengas (hêtre blanc)  et Coigues (arbre spécifique à la région), ce sont surtout ces dernières qui ont été en partie décimées. 

Le long du lac Sarmiento, de nombreux aménagements ont été prévus pour un court arrêt, c’est ainsi que nous nous régalons devant le panorama des 3 pics des Cuernos, avec leurs cimes acérées, du massif d’Almirante Nieto, tous  se mirent dans le lac Nordenskjöld.

Après le pont sur la lagune Mellizas, nous longeons sur plusieurs kilomètres une partie de la région dévastée par le feu.

       

Plus au sud, arrêt panoramique au belvédère du lac Peloé, la carte postale ! un hôtel relié à la terre par une longue passerelle semble flotter sur le lac.

      

Après quelques autres arrêts (rio Paine, pont Weber) nous arrivons à la Hosteria Lago Grey, lodge situé dans un cadre exceptionnel, la terrasse avec une vue extraordinaire sur le Cerro Paine est le lieu idéal pour une photo-souvenir, le lago Grey et ce massif enneigé de 3050m en arrière-plan.

   


De l’hôtel-restaurant, une courte promenade mène à un point de vue sur le lago Grey. Le déjeuner avalé, on y va,  il faudra d’abord franchir une passerelle de planches, façon « pont rivière kway » ça tangue !.... pas plus de six à la fois.

La petite promenade à travers bois est très sympathique, mais où c’est moins marrant, c’est qu’à son terminus il faut sérieusement descendre, oui je sais ce n’est pas trop compliqué, mais faudra remonter (ma hantise et mon problème !) ….

Atteindre la petite digue qui longe le lac est un combat incessant, infernal contre le vent qui n’a qu’une envie, vous renvoyez d’où vous venez. Un petit bateau est ancré à l’abri, il fait la traversée du lac.

      

 Ouf ça y est j’y suis sur cette digue ! mais un petit massif  m’empêche de voir la naissance du glacier, il faut tout en marchant sur cette proéminence,  aller le plus loin possible vers la droite, alors, j’apercevrais peut-être !.... le glacier Grey qui est à …………17 kms ! … 

Il m’a fallu tant lutter pour marcher sur cette plage, je ne suis pas handicapée mais pas une sportive non plus, je regarde ma montre, je m’aperçois que je n’arriverais pas à aller jusqu’au bout, là encore le temps imparti était trop juste pour moi. J’aurais aimé pouvoir compter sur quelques photos prises par ceux de nos co-voyageurs qui y sont allés !  .......... 

Quelques icebergs bleus dérivants colorent cet univers, un des plus beaux paysages du voyage.

   

Un autre bateau très confortable, le M/N Grey ll, approche à moins de 100m et 4 fois par jour la paroi de glace, une superbe promenade parmi les icebergs, organisée par Turismo Lago Grey. (photo récupérée d’après leur site)

 Je regrette beaucoup  que cette extraordinaire expérience n’était pas prévue par l’agence Kimbaya, mais aussi que Lenin, la veille ou l’avant-veille n’ait pas eu l’idée de la proposer en option.  Cette excursion demandait à peine trois heures, c’était très bien jouable en s’organisant : départ plus tôt le matin, (on avait et on fera bien pire !....) suppression du temps utilisé à marcher sur la digue pour pas grand-chose, et si besoin une arrivée un peu plus tard le soir,  d’autant que les conditions météorologiques étaient au rendez-vous, contrairement à la balade de la veille sur le fjord, qui a mon avis ne valait certainement pas celle du glacier Grey (Balmaceda qui ne tombe plus dans la mer quant au Serrano, il demandait une balade de 30 minutes à pied chronométrée ! ….. que peu ont fait, vu le temps imparti trop juste, et la météo exécrable, pour finalement ne le voir qu’à 300 mètres à partir d’une plateforme)

 Option qui aurait certainement remporté du succès parmi nos co-voyageurs qui rêvaient de voir les icebergs de près, et avaient été comme nous bien déçus de la veille, a part  peut-être ce couple qui nous avait déjà fait de la résistance aux pingouins de Chiloé. Bons marcheurs mais anti-bateaux, en cas de désaccord, ils auraient pu nous attendre sur la plage ou explorer le coin, doooommmmagge !......

Le glacier Grey est une masse de 4 kms de long pour 30 à 40 m de haut, victime lui aussi du réchauffement de la planète il recule de 4 à 6 m chaque année. Le lac où dérivent quelques blocs de glace de couleur bleue est formé par la pluie et la fonte du glacier,

Nous avons sillonné intégralement la route qui parcourt ce parc, avec toutefois  un petit sentiment de frustration, celle-ci n’entrant pas au cœur du site, n’offre qu’un petit aperçu de toutes les merveilles que le parc peut offrir, les autres sentiers étant pour les trekkeurs.

Un dernier arrêt panoramique  sur le lac del Torro   et nous retournons sur Puerto-Natales, par la porte Sud, nous préparant à être de nouveau bien secoués sur ces routes bosselées.

Mais la journée n’est pas terminée, nous devons encore visiter « la cueva del Milodon » (point N° 12 carte itinéraire)  l’abri préhistorique d’un énigmatique animal herbivore. Nous arriverons à l’hôtel vers 18 heures 15,  c’était bien loin d’être tard !....

 

A l’accueil, un centre d’informations et un petit musée. Depuis ce lieu, un court sentier conduit jusqu’à « Cueva Grande » pour les promeneurs, un second sentier balisé d’environ 3 kms, agrémenté d’aires de pique-nique, permet d’accéder à l’ensemble des grottes, il est aussi possible de  s’en approcher en voiture.

Quelques lignes d’histoire. Ce site paléontologique (entrée payante avec brochure) situé à 24 kms au Nord de Puerto Natales dans la région d’Ultima Esperanza, est constitué de trois grottes et d’un amas rocheux appelé Silla del Diablo. 

En 1895, l’explorateur Otto Nordenskjöld découvrit dans la plus grande, les restes (peau, os, poils et excréments) d’un animal préhistorique : le Milodón, un paresseux géant quasi mythique de 4 mètres de haut,  ressemblant un peu à un gros ours, disparu depuis plus de 10 000 ans. Deux archéologues  trouvèrent dans les autres grottes des vestiges d’un campement humain ainsi que des ossements d’une faune disparue. In the cave and other caves of the monument have been found remnants of other extinct animals and human remnants.

Nous faisons le tour de La « Cueva Grante »  (150m de large, 200m de long et 30m de haut). A l’entrée on voit une reproduction du Milodón datant de 1968, en fibre de verre.

Retour à l’hôtel. Petit cadeau, un coucher de soleil au-dessus des toits de Puerto-Natales.

   

 Mardi 7 Février 2012. Une journée de soleil pour visiter le parc Torres del Paine, c’est tout ce que cet astre divin aura bien voulu nous accorder, ce matin nous nous réveillons avec la pluie qui tombe en abondance.

8 heures, nous redescendons sur Punta-Arenas par la carretera australe  bordée de barbelés, la probable délimitation des immenses estancias, et retrouvons nos paysages de steppes désertiques avec comme seule végétation ça et là des petits buissons. Sur son arbre perché ….un faucon, plus loin un gaucho…..tiens voilà même des ânes !..

Arrêt à Villa Tehuelches, au « Café de Patagonie » à l’extérieur un panneau indicateur des distances, Paris : 12942 kms.

    

 

Alvarro, qu’est-ce que tu nous fais là ! on s’accroche, ça secoue dur !  il a quitté la route et pris sur sa droite un petit chemin de piste en direction de Rio Verde.

Notre lente progression est subitement stoppée, un ruban s’avance vers nous en ondulant, voici des moutons, plusieurs milliers de moutons, 3000 d’après Lenin, on lui fait confiance, on n’a pas le temps de les compter.

         Ceux-ci sont en transhumance, ils marchent ainsi depuis plusieurs jours, serrés les uns contre les autres, guidés par 2 ou 3 gauchos à cheval et quelques chiens qui les empêchent de s’éparpiller, et dire que ce sont ces mêmes gentils animaux qui vont finir dans moins de deux heures dans nos assiettes.




Le soleil est de retour, malgré de gros nuages jouant à cache cache avec lui et des températures assez fraîches, c’est tout de même plus agréable.

Nous voici arrivés au canal qui relie les fjords Skyring et Otwa, sa courte traversée va nous permettre de rejoindre l’île Riesco. Après encore  7 kms de piste, voici l’estancia Fitz Roy, perdue au milieu des steppes, encadrée d’un paysage splendide le long du fjord.

 

Celle-ci offre beaucoup d’attractions : promenades en carrioles à travers les prairies, équitation, démonstration de l’adresse du gaucho qui guide ses moutons. Lenin nous présente le puma de l’estancia, il est derrière des grillages, heureusement ! …. 

L’entrepôt où nous arrivons maintenant me fait penser à une caverne d’Ali-Baba, un hangar de sonnailles transformé en musée avec plus de 4000 pièces historiques récupérées auprès des agriculteurs par Monsieur Fernandez,  le propriétaire. Objets plus hétéroclites les uns que les autres, telle cette machine à écrire, identique à celle où j’ai appris la dactylographie il y a bien longtemps … Les extérieurs sont eux aussi des musées à l’air libre, avec des centaines de pièces industrielles comme des chaudières à vapeur, moissonneuses, tracteurs, même un petit avion ….

      

Dans un coin, une quinzaine de moutons sont dans l’attente d’une tonte, la tonte des moutons au ciseau à main est une attraction proposée aux touristes…. très adroit et rapide ce tondeur. De nos jours, c’est l’activité la plus importante de la région, cette ferme vend sa laine brute.

 On continue la visite ….. voici un bac qui contient de la laine brute, dehors au milieu de tout ce bric à brac, se promènent quelques lamas fraîchement tondus.  Un employé nous mène à un corridor bétonné avec de chaque coté un petit enclos, c’est l’heure du bain des laineux, entendez par là, ceux qui ne sont pas tondus. Avec un outil façonné, l’homme guide le mouton dans ce  petit corridor, rempli de produits lavants mélangé à l’eau, jusqu’à l’enclos suivant.


Avant de déjeuner, reste à visiter la petite chapelle construite en 2003 par le propriétaire pour le mariage prochain d’une de ses trois filles : Ximena. Chapelle bâtie entièrement avec du bois des arbres de l’estancia, y compris l’autel, les crucifix et les bancs des fidèles,  en décoration : des roues de chariots.

            

Comme il y a deux jours, nous assistons à la fin de la cuisson de l’asado, le barbeçue traditionnel chilien, puis prenons place dans cette grande salle de restaurant. A l’image des extérieurs l’ambiance y est originale : une très veille locomotive et des  poêles en fonte plantent le décor. Autour des tables rondes, en guide de sièges : des troncs d’arbres ou des fauteuils taillés dans ces mêmes troncs, original et rustique !  Une petite boutique attenante présente divers objets d’artisanat, tabliers de l’estancia, manchots en peluche, pulls,  etc….

Après ce « toujours » copieux déjeuner, retour vers Punta-Arenas. Nous en sommes à près de 100 kilomètres, Lenin qui a le « comique » facile, nous raconte une anecdote de sa jeunesse :

Ce garçon sans doute rebelle à son adolescence avait décidé de ne plus poursuivre ses études, sa mère ne s’affrontera pas avec lui, lui proposera d’aller travailler chez son oncle dans une estancia.   Celui-ci lui fera tondre pas un ! mais des centaines de moutons… et devinez ce qu’au bout d’une ou deux semaines, Lenin aura préféré faire ? ben tiens ….. reprendre ses études !...


Et nous revoilà dans cette ville de bout du monde ! pas tout à fait, puisque la seule qui peut prétendre à ce titre est Puerto-Williams, ville chilienne et non pas Ushuaia, ville argentine beaucoup plus connue.

Depuis quelques kilomètres déjà, nous longeons le détroit de Magellan, une visite panoramique nous fait passer devant la « zona franca »  un ensemble de plusieurs centres commerciaux aux produits détaxés. A l’entrée de la ville, une réplique du Mydolon, cet animal herbivore disparu depuis 10000 ans dont on retrouva les restes dans une grotte.

La ville date de 1848, elle fut garnison militaire, pénitencier, puis une base idéale pour les navires pendant la ruée vers l’or. Le commerce de la laine attira une main d’œuvre européenne, mais ce sont principalement les Croates, chassés de chez eux par les guerres européennes qui viendront s’y installer. Ville moderne, port de marine, elle ne présente pas beaucoup d’intérêt, à part son aéroport  qui permet aux touristes de se rendre vers Torres del Paine ou la Terre de Feu. Son froid, le fait d’être constamment balayée par les grands vents, son isolement en font une terre inhospitalière.

Nous nous rendons au « muséo regional salesiano-Maggiorino Borgatello »   Ce musée ethnographique, qui porte le nom de son fondateur, voit le jour en 1893, à l’initiative de ce Père missionnaire. Ses  4 niveaux d’expositions présentent des secteurs de la culture, histoire, religion, faune, flore, commerce…. Il dispose d’un matériel photographique et audio-visuel sur les ethnies et l’histoire de la Patagonie. Musée intéressant, mais photos interdites.

Ca sera du mirador Cerra de la Cruz que nous dirons adieu à Punta-Arenas, mais aussi à la Patagonie et au Chili continental. De ce belvédère nous admirons la ville à nos pieds, et là-bas au loin sous un ciel d’encre, le détroit de Magellan, la Terre de Feu si proche est dans nos pensées. Lenin nous indique l’emplacement de l’hôtel « vous voyez là-bas face à la cathédrale, le bâtiment aux toits gris » …. Un paquebot de croisière est ancré, nous nous partons, d’autres arrivent….

     

L’hôtel Plaza  est situé en plein centre, de notre fenêtre nous voyons la cathédrale et apercevons la plazza del armas, mais pour notre malheur, nous entendrons aussi les cloches, et je ne vous parle pas des éboueurs qui vers minuit ont fait un boucan pas possible !.....

Nous avons tout juste le temps de faire déposer nos valises (3ème étage sans ascenseur, ce n’est pas le Ritz !)  et de nous rafraîchir un peu que Lenin nous emmène à quelques centaines de mètres de là dans un restaurant local.

Bonne nuit Lenin, a demain !....

      J’aurais aimé aller voir cette place de plus près, d’autant que j’y aperçois une superbe demeure d’une riche famille de la fin du 19ème : la « Casa Braun Menendez », on y aurait vu des cyprès de plus de 150 ans ainsi que le monument commémorant le 400ème  anniversaire du voyage de Magellan.

J’aurais aimé également me tremper (peut-être !) les pieds dans le détroit, du moins y prendre une poignée de sable, mais il est déjà 20h30, une bonne vingtaine de minutes nous sera nécessaire pour revenir du restaurant, il  n’y a plus personne dans les rues, et le comique aurait été de trouver l’hôtel fermé, alors prudence….   

Et puis …et puis… les valises …. faut les refaire, la dernière fois est si loin, à peine quatre jours … réorganiser les bagages à main, faire gaffe aux interdits, vérifier leurs poids, les souvenirs ça commence à peser …… Vous vous dîtes, pas grave, elle n’aura qu’à se coucher deux ou trois heures plus tard, oui mais voilà ! le réveil est prévu à 2 heures pour l’envol pour Santiago…. il faudrait essayer de dormir au moins 4 heures, et ça c’était compter sans les cloches et les éboueurs ! ..... demain sera une journée éprouvante avec deux vols successifs.

 Mercredi 8. 3h30 Départ de l’hôtel. Dans la nuit, Alvarro et Lenin nous conduisent à l’aéroport, ce dernier veille à nos enregistrements et nous leur faisons nos adieux.  5h15 envol pour Santiago à bord d’un Airbus A320, on va finir par le connaître cet aéroport !... Nous avons droit à un petit déjeuner digne d’éloges : toujours le même !..... mais la prime pour ce vol seront les turbulences, la peur de ma vie, enfin une de mes peurs….. Alors que les hôtesses étaient à servir le petit déjeuner, l’avion est pris soudainement d’une frénésie, le plateau avec la tasse de café et le verre de jus d’orange est rabattu sur nos genoux, on est si secoués qu’une partie de ces liquides se renverseront sur nos pantalons, je me cramponne au siège avant, sensation bête d’être plus en sécurité, les hôtesses ont rapidement disparu sans plus se préoccuper des plateaux ou des ceintures, c’est l’angoisse, la trouille, à la limite de la panique…. Ca a duré seulement…………. une bonne vingtaine de minutes, mais quelles minutes, une éternité !  on apprendra plus tard que c’était au moment du survol de la Cordillère del Paine, région très venteuse.

3H30 plus tard nous refoulons le sol de Santiago, il nous faut trouver le terminal international, alors que nous sommes au terminal domestique, pas trop compliqué, les deux sont dans le même bâtiment, ouf ! Mais auparavant nous faisons nos adieux  à deux de nos co-voyageurs qui n’avaient pas choisi de visiter l’île de Pâques, nous serons donc désormais 7.

Les quatre heures de correspondance passent encore assez vite, entre le déjeuner, le changement de terminal, la promenade dans les boutiques. A 13 heures nous nous envolons à bord d’un Boeing 767 pour une durée d’un peu plus de cinq heures vers l’île de Pâques, cette fois j’ai une grande appréhension, mais tout se passera bien.  Atterrissage à 16h15 heure locale, décalage horaire oblige, il faut reculer notre montre de deux heures.

 

 

La 2ème  partie de ce reportage est terminée, j’espère que notre périple vous aura plu et c’est tout naturellement que nous vous invitons à nous suivre dans ce 3ème volet où vous nous accompagnerez à la découverte de la fascinante Ile de Pâques, de son nom officiel Rapa Nui, perdue en plein Océan, ses volcans, ses célèbres moai, sa population polynésienne….

Suite de notre voyage, 3ème volet, Rapa Nui (l’île de Pâques) Æ