Vendredi 6 Avril 2018. Il est 9h, je suis prête à découvrir
ce site oh combien impressionnant et si souvent évoqué dans mes livres
d’histoire, mais auparavant comme à chaque fois, j’immortalise l’hôtel.
Il n’est pas possible à Wank de stationner à proximité immédiate de la Cité Interdite, et c’est à pied, après avoir marché une quinzaine de minutes dans une rue où règne déjà une activité débordante, de quoi prendre un petit déjeuner rapide, que nous y accédons. Il fait toujours frisquet, le soleil n'est pas au rendez-vous, nous endurons les anoraks.
Depuis
cette rue, comme posé sur un plan d’eau, apparaît cet immense mur
d’enceinte, couleur rouge brique, avec à chaque angle une tour de la Flèche (‘Jian
Lou).
LEI nous demande de nous
regrouper afin de passer ensemble les portiques de la billetterie, et là
commence déjà une vraie cavalcade, les chinois toujours en grand nombre,
passent en courant devant, derrière, se faufilent entre-nous, nous bousculent,à
croire qu’ils ont le feu aux f… , je crois plutôt qu'ils obéissaient aux ordres hurlants des mégaphones, mais finalement chacun se raccrochant à
l’autre, nous sommes entiers et tous là pour ce 1er épisode d’une
saga inoubliable !!! Inutile de préciser qu’à chaque
entrée de site important, il faut montrer patte blanche, c'est-à-dire
le passeport et scan ultra rapide des sacs à main ou à dos.
Aujourd'hui on estime que 16 millions de touristes s'y pressent chaque année,
(pour les forts en math, ça fait tout de même 50 000 visiteurs par jour)
et combien en même temps que nous ? nul ne le sait, en tout cas ils étaient très, mais vraiment très nombreux !!
(Point N° 1 carte itinéraire)
u La Cité
interdite. (紫禁城) Quelques
lignes d’histoire : Elle est l’un des grands héritages architecturaux de
la Chine ancienne et l’un des seuls palais impériaux encore debout en Chine à
l’heure actuelle ! Elle servit de résidence à 24 empereurs des deux dernières
dynasties, Ming (1368-1644) et Qing (1644-1911), et fut construite sous les
ordres de Yongle, 3ème empereur Ming. Empereur appelé l'usurpateur, car il s'était emparé du trône, après maintes batailles, une fois
son neveu renversé, cet empereur voulait avec la construction de cette monumentale cité prouver au monde entier qu'il
était le plus puissant dirigeant au monde, n'hésitant pas à faire exécuter tous ceux qui s'opposaient à ses idées.
Les travaux ne demandèrent que 14 ans (1406 à
1420) 10 ans pour acheminer les matériaux, et quatre ans pour la construction.
Plus d'un million
d'ouvriers réduits à l'esclavage y auraient travaillé. Pour édifier ce gigantesque palais, dix fois Versailles tout de même !
il a fallu faire venir de tout le pays : 100 000 rondins, des tuiles dorées, de délicates feuilles d'or, des troncs d'arbres très rares, parfois
millénaires. Pour nourir toute cette main d'oeuvre, Yongle
fit construire un canal de 1500 kms qui grâce à sa flotte de 20000 barges convoyait chaque année 420 millions de tonnes de céréales. Nul ne sait combien de personnes ont donné leur vie lors de la construction de la Cité Interdite, que ce soit
en abattant les arbres aux creux des forêts, en creusant les douves, en extrayant les glos blocs de marbres depuis les carrières
ou en les acheminant !!
Les édifices actuels
datent presque tous du 18ème siècle, incendiés en 1664 par les Mandchous,
ceux-ci reconstruisirent le palais de la nouvelle dynastie Qing sur les ruines
de l’ancien.
La Cité Interdite est un ensemble de Palais avec ossatures en bois,
au cœur de la Cité impériale et son entourage étaient quasiment assignés à résidence, ne sortant de
l'enceinte que dans de très rares occasions. La cité
ainsi totalement coupée du monde extérieur le fut jusqu’à fin 1911.Avant cette
date où fut proclamée la République de Chine et la Cité transformée en musée,
puis ouverte au public en 1914, personne d'autre que l'empereur et sa cour
n'avait le droit de s'en approcher ni même de la regarder. (D’où son nom d’Interdite)
C’est un ensemble de 74
hectares (960 m N/S sur 750
m E/O) entouré d’une douve remplie d’eau large de 50 m, et d’une
muraille de 10 m de hauteur. Pékin est bâti sur une région sysmique de forte intensité,
la cité à survécu miraculeusement à 222 tremblements de terre, ainsi qu'à 50 incendies causés par la foudre, jusqu'à ce qu'au
20ème siècle, il lui soit posé un paratonnerre.
La cité, administrée par les mandarins, pouvait abriter près de 10 000
personnes : L’Empereur, sa famille et sa suite ainsi que ses ministres,
mais également les eunuques et concubines. L’impératrice y entrait par le Nord
où le couple impérial avait ses quartiers réservés, l’entrée Sud avec ces cinq
ponts de marbre était réservée à l’Empereur, aux dignitaires du régime et aux
ambassadeurs. A voir comment ces ponts de marbres sont foulés aujourd'hui par des millions d'inconnus,
ces Empereurs doivent se retourner dans leurs tombes !!
La Cité possède quatre portes, la porte
méridionale, Wu men, édifiée en 1420, restaurée en 1801, d’une longueur
de 126 m, la plus imposante des portes du palais, 37,95m de haut, se compose d'un bâtiment
central à deux étages et neuf entrecolonnements en façade.
La cité compte
selon la légende, 9 999 pièces (en réalité
8 704). Ce chiffre s'explique par le fait que, selon la tradition, seules
leurs divinités avaient le droit de construire un palais comprenant 10 000 pièces. Les hommes, essayaient ainsi de se
rapprocher aussi près que possible de leur idéal de perfection. Chez les
Chinois, le chiffre 9 est symbole de longévité.
L’ensemble est composé de trois parties distinctes, les édifices publics au Nord, les quartiers privés au centre, et le jardin impérial à l’arrière au Sud.
· Du balcon de cette « Porte du Midi » l’empereur passait ses troupes en revue et présidait les cérémonies.
·
Devant nous la « Porte de l’Harmonie suprême »
(Taihe men) utilisée jadis pour recevoir les visiteurs,
cette salle de 24m de
haut, à double toiture incurvée, servit de salle de banquet sous la dynastie des Qing.
Reconstruite après avoir brûlé en 1888. Elle est surmontée de plafonds en bois
de palissandre entièrement décorés de dragons dorés, symboles de l’empereur.
Des couples de lions gardent l’entrée des palais.
C’est ce qui est noté dans les
guides ! car vu le nombre affolant de visiteurs, je n’ai jamais pu voir ni
ces plafonds et encore moins ces splendides lions.
LEI vérifie que tous les
audiophones fonctionnent bien, il n’a pas l’air d’être trop à l’aise sur ce
coup là. Nous sommes à cet instant dans la
cour extérieure (partie Sud) partie réservée aux affaires d’Etat, et si c’est
trop tard pour admirer les cinq ponts de marbre situés à proximité immédiate de
la « Porte du Midi » au moins nous pouvons admirer la rivière aux
Eaux d’Or (Jinshui He) qui bordée d’un muret aux jolies balustrades de marbre,
traverse cette cour. Cette rivière provient d’une dérivation des douves et
sert aussi bien de décoration que de réservoir d’eau en cas d’incendie. En son
milieu, deux gardes immobiles, en position de « garde à vous » font
figuration… je constate que personne n’a l’air de s’en approcher.
Au cœur de cette cour Sud de 10000 m², nous
gérons, car la foule se trouve dispersée, mais lorsque LEI prend les escaliers menant à cette :
·
« Porte de l’Harmonie suprême »
véritable goulet d’étranglement, il faut être très vigilant et ne pas quitter
des yeux son drapeau qui disparaît très vite, encerclé d’une nuée de drapeaux de tous pays, noyé parmi plusieurs
milliers de chinois. Alors lorsqu’arrivée de l’autre coté de la porte, Lucienne
s’écrie « Mon mari n’est pas là ! » LEI ne rigole pas !! Et
voilà ! il n’aura fallu que trois ou quatre secondes de distraction à
François lors d’une prise de photos pour perdre le groupe de vue. A cet
instant, on ne se connait pas encore suffisamment et il est assez difficile
pour LEI de retrouver le « perdu » mais ouf ! François n’était
pas trop loin, juste un petit quart d’heure de frayeur
faut dire aussi qu’on n’est
qu’au début de la visite.
Le groupe reformé, LEI nous indique le passage pour rejoindre la cour suivante et nous donne quartier libre pour un temps défini, ce qui au final est beaucoup plus sage que de vouloir se suivre à tout prix.
Je découvre ainsi :
·
le «
Ce Palais abrite le trône de l’Empereur, finement
ouvragé, richement décoré et recouvert d’or fin. Et bien ! je puis vous
assurer que j’ai vendu chèrement ma peau pour avoir ce cliché, s’y approcher relevait
de l’exploit, je fus bousculée, ballotée un coup à gauche, un coup à droite
·
le « Palais de l’Harmonie parfaite »
(Zonghedian) et le « Palais de l’Harmonie préservée » Vous suivez toujours !! Délivrée de cette oppression, le
calme retrouvé, je me rends en haut de ces terrasses et peux enfin
contempler ces innombrables palais aux toits incurvés, recouverts de tuiles rondes
vernissées, dont les extrémités sont couronnées de petites fines
sculptures (gardiens de toit disposés en nombre impair et censés protéger
le bâtiment contre le feu, les mauvais esprits, les séismes et la foudre)
les chaudrons aujourd'hui en cuivre, mais jadis recouverts d'or et remplis d’eau pour intervenir en cas
d’incendie, ces jarres étaient chauffées l'hiver pour éviter que l'eau ne gèle... une grue en bronze, une splendide tortue, un cadran solaire
(symbolique impériale), la rivière. Toujours en file indienne, ou
chinoise si vous préférez ! nous continuons tant bien que mal notre
progression, voici maintenant : ·
la « Porte de la Pureté céleste » qui
s’ouvre sur la cour intérieure située au Nord, cette porte (Qianqing men)
abritait les chambres impériales et la salle de réception des officiels.
Appartements privés, seuls les membres de la famille, les concubines, les
eunuques et les domestiques étaient admis dans cette partie composée de pas
moins de 12 palais pour accueillir une telle population. C’est là que
Chongzhen, le dernier empereur Ming rédigea son ultime missive à l’encre rouge
avant de s’enivrer, de tuer sa fille de 15 ans et ses concubines, puis de se
pendre dans le parc au nord du palais, quand les paysans rebelles envahirent la
capitale. ·
Le « Palais de la Pureté Céleste » (Q ·
Le « Palais de l’Union et de la paix » (Jiaotai
dian) palais réservé à l’Impératrice, elle y avait ses appartements, son trône. ·
Le « Palais de la Tranquillité terrestre »
(Kunning gong) s’y trouvait la chambre nuptiale du couple impérial. Sous la
dynastie des Qing, le palais était utilisé pour les rites chamaniques et les
sacrifices d’animaux. De nombreux palais de cette cour
intérieure se visitent, certains abritent des collections : peintures, bronzes,
céramiques, instruments de musique, laques, etc… (entrée
payante) ·
Les jardins impériaux. Constitué de temples et d’arbres
centenaires. Fleurs, cascade de rochers, tout était mis en œuvre pour aider le
souverain à trouver la sérénité, on peut voir de part et d’autre du « Palais de la
Tranquillité impériale » (‘Qinandian) le « Pavillon des
Mille Automnes » et le « Pavillon des
Dix Mille Printemps », deux charmants pavillons aux noms
poétiques, coiffés d’un toit circulaire. Perché au sommet d’une
colline de rocaille, le pavillon de « La vue Impériale » Le 7ème
jour du 7ème mois lunaire (l’équivalant de la St-Valentin) l’empereur, l’impératrice
et les concubines se livraient ici à des sacrifices en hommage à deux étoiles
incarnant un couple d’amoureux. ·
la « Porte du Génie militaire »
(Shenwu men) au Nord, face à la Colline du Charbon. Il aurait été intéressant de grimper sur les
hauteurs de cette colline, pour bénéficier d'une belle vue sur
l'ensemble du site. Pour une autre fois, peut-être !! Voilà ! la visite de cette
« Cité Interdite » qui titillait mon esprit est terminée, quoique je
suis heureuse de l’avoir découverte, je reste sur une réelle impression
d’insatisfaction, n’ayant pu admirer correctement ces majestueux palais. En moins de temps qu’il ne faut
pour le dire, nous voilà dans un autre monde : le quartier des « hutong » ·
Palais de l’Harmonie Suprême » (Zhonghe
dian) l’édifice le plus imposant de la Cité Interdite, accessible par une
terrasse à trois niveaux successifs (8m de haut) dont les escaliers sont gardés par 1100
dragons. L'empereur s'y faisait
conduire en palanquin jusqu'en haut des marches.
Cette rampe, la plus grande sculpture
de pierre au monde consiste en un bloc de marbre d'un seul tenant (270 tonnes)
qui fut amené à la Cité Interdite, sur un traîneau tiré par 200 hommes, qui l'ont fait glisser sur les rues recouvertes de glace.
Il fut plusieurs fois détruit par le feu, et toujours reconstruit à
l’identique. Il servait à certaines occasions telles que l’anniversaire de
l’Empereur, le nouvel an chinois ou le couronnement d’un nouvel empereur.
noyée, écrasée, presque étouffée, parmi
cette populace qui finalement ne voulait que la même chose que moi. Heureusement
qu’à cet instant précis, Antoine et sa femme étaient à mes cotés et à 3 on a
fait un peu de forcing, je crois que sans eux j’y aurais renoncé !
à vous
deux. Je sais dorénavant ce que veut dire « Ne plus toucher terre »
Juste
derrière :
A partir de 1789 ce dernier
fut destiné aux examens et concours de l’administration impériale.
ianqinggong).Sous les Qing, ce palais fut entièrement dédié au
harem de l’Empereur, 2000 courtisanes, principalement des femmes venues de Corée y séjournaient. Tout à coté :
! nous arrivons en bordure des
jardins impériaux, LEI un tantinet rassuré
compte : 1,2,3 …. enfer et
damnation, nous ne sommes que 20 !….. il manque Jean-Pierre, et là ça ne va
pas être facile, autant chercher une aiguille dans une botte de foin car
Jean-Pierre a des origines asiatiques… et il peut être n’importe où dans
l’intégralité de l’enceinte du site « Vous n’auriez pas vu un
Chinois devant un temple ! » Ben voyons, il y a des milliers de
chinois, autant que de temples !... Il en rigole aujourd’hui mais
il me confiera plus tard, avoir eu la peur de sa vie. Rassuré sans doute par la
voix de LEI dans son audiophone, il se débrouillera et demandera en anglais la
sortie et c’est là qu’au bout d’une bonne heure ! il retrouvera le groupe.
Que d’émotions nous avons vécues, que de sueurs froides nous ont accompagnées
lors de cette visite ! mais aujourd’hui que de souvenirs, pas vrai
Jean-Pierre ?
Il nous aurait peut-être fallu avoir
une casquette identique, comme certains groupes avaient, plus facile à repérer,
carrément fluo pourquoi pas !
Nous sortons
de cette « Cité Interdite » par :
J'aurais aimé pouvoir prendre de la hauteur, me régaler de
la superbe perspective de l'enfilade des cinq ponts de marbre, de la rampe sculptée et des terrasses menant au petit bijou qu'est le "Palais de l'Harmonie suprême"
Je regrette aussi de ne pas avoir pu m'approcher des corridors, admirer tous ces plafonds aux caissons recouverts d'or,
scruter ces ingénueux tasseaux emboités
qui servent de support au toit, ces peintures,
me promener au milieu de ces colonnes rouges.
Il y avait trop, mais vraiment trop de monde, impossible dans ces conditions
de pouvoir apprécier les choses. LEI était dans l’incapacité
de commenter ne serait-ce que les plus importants palais.
Et je ne parle même pas de cette désagréable sensation d'étouffement,
de cette foule qui vous oppresse, de devoir s'accrocher telle une ventouse aux autres membres pour ne pas être larguée.
Heureusement la suite du voyage ne se fera pas dans ces conditions !