Samedi 14 Avril 2018. Il est un peu plus de 5h, je
suis brutalement réveillée par des coups de tonnerre, oh my god ! ce sont
des hallebardes qui s’abattent sur la ville, pas trop rassurant pour la
promenade de ce matin, mais deux heures plus tard ça s’est nettement calmé, il
ne tombe plus qu’une petite pluie fine. A 7h30 revêtue pour la première fois du
voyage de mon k-way, je longe avec mes compagnons cette rue très commerçante
pour rejoindre, quelques centaines de mètres plus loin, le bateau apponté sur
la rivière Li. Pour les moins prévoyants du groupe, le vêtement de pluie
jetable d’hier soir leur sera bien utile.
Emprunter ce matin
cette rue piétonne est impressionnant, pas d’égout pour canaliser l’eau, la
route est inondée sur sa partie la plus basse, heureusement qu’il y a des
trottoirs.
Nous ne serons que nous ! avec l’équipage
entier à notre disposition, sur ce bateau qui va nous promener sur la rivière
Li. Oui je sais ce n’est pas couleur locale !... mais nous, tout autant que
nous sommes, n’avons plus trop l’âge de faire du
radeau…. et je prends un
petit coup de vieux lorsque je lis sur un site d’informations touristiques
chinois que l’utilisation de ces radeaux est interdit aux moins de 7 ans et
plus de 70 ans… la majeure partie du groupe n’aurait donc pas pu y aller. De
plus le gouvernement considérant ce moyen de transport un peu risqué (c’est un
euphémisme !
) diminue le nombre de licences accordées
aux bateliers pour avoir le droit d’y promener des touristes.
Par contre, où je suis surprise c’est qu’aucun autre groupe ne nous ait rejoint, donnant ainsi toutes latitudes à Laura quant à la longueur de la remontée de la rivière, là encore faudra faire dans le temps imparti !... Mais ne boudons pas notre plaisir, car nous allons pouvoir pendant près de deux heures profiter de ce paysage unique, d’autant que le pont supérieur est partiellement couvert, permettant de prendre des photos à l’extérieur sans être trempés.
Le bateau est un navire
gouvernemental de la « Guilin Tourism Corporation Limited » à trois
étages, le premier, celui qui, vu les conditions météorologiques
nous accueillera pendant une partie de la croisière, est cossu, composé de
banquettes de cuir pouvant accueillir 3 personnes face à face, avec un table au
milieu, le second étage : le salon « classe affaires » ! espace
qui nous est interdit, mais qui a une plateforme accueillante, et enfin comme
dans tous les bateaux de croisière, le dernier étage avec sa terrasse
panoramique.
Les employés sont au petit soin pour ces courageux touristes qui bravent les éléments….. pour découvrir leur région. Ils nous servent du thé !
Pendant
les deux heures de la balade, selon les informations fournies par Laura, j’effectue
de nombreux va et vient entre les deux étages, grimpant, redescendant à chaque
fois une dizaine de marches. Que ne faut-il pas faire pour avoir de jolies
photos ! et pourtant celles-ci ne seront pas au top, le ciel étant trop
bas et très gris.
Nous remontons ainsi (ou
seulement !) 8 kilomètres sur Guilin. La rivière Li d’une longueur de 437
kms, est un affluent du fleuve Xijang. Le tronçon de Yangshuo à Guilin, qui
s’étend sur 83 kms est l’un des principaux attraits touristiques de la région. D’ailleurs, le
gouvernement ne s’y est pas trompé en imprimant ce paysage sur son billet de 20 yuans.
"Le fleuve forme une ceinture de gaze verte et les montagnes sont semblables à des épingles à cheveux de jade bleu » Cette phrase n’est bien évidemment pas de moi, mais de Han Yu, muse des poètes chinois, cet homme né au 8ème siècle décrivait ainsi magnifiquement la région de Yangshuo.
Le paysage traversé semble sortir tout droit de peintures chinoises, un panorama d’une beauté à couper le souffle. C’est une succession de pics calcaires, qui se reflètent dans l’eau, ces pains de sucre qui datent de plus de 300 000 millions d’années sont sculptés par l’érosion, modelant des collines, des forêts de pierre, des réseaux de grottes.
Aux yeux des Chinois, ces
éminences karstiques qui inspirèrent tant les peintres au fil des siècles, représentent
des formes bien spécifiques, ah ces chinois avec leur imagination débordante !
De
hauts bambous plantés sur le rivage courbent sous leurs poids, derrière ce
rideau végétal, se nichent de petits villages typiques.
Tiens,
regardes donc un peu !.. me fait remarquer Huguette, c’est l’amphithéâtre
où nous étions installés hier soir pour le spectacle « Impression
Sanjie Liu » j’y aperçois les grandes structures qui glissaient sur
l’eau et les chaises vertes où nous étions assis, vu de cet angle c’est très
curieux.
J’ai tout d’un coup l’impression d’être un gros bateau escorté par plein de petits remorqueurs car venant d’un coude de la rivière, c’est toute une flopée de petites embarcations contenant plusieurs touristes locaux, tous revêtus d’un gilet de sauvetage, qui désormais naviguent de chaque coté du bateau. 4 chaises sont installées dans ces embarcations, qui aujourd’hui ne sont plus des radeaux de bambous ! ah modernité quand tu nous tiens ! mais un épais plancher posé sur de gros tuyaux de plastique, ces derniers sont recourbés aux extrémités, de façon à s’adapter aux périodes de basses eaux.
Ces locaux se promènent au
ras de l’eau, enfin presque, avec comme seule protection une fine rambarde,
on ne tient pas tant que ça de retrouver le touriste à l’eau… je crois que le
Gouvernement a bien raison de considérer ce moyen de transport comme (un peu !)
risqué. Les radeaux sont tout de même équipés
d’une toiture, une canopée, qui protège les passagers à la fois du soleil et de
la pluie. Ces embarcations sont désormais motorisées, le bruit excessif de tous
ces moteurs rompt la magie de l’instant, cette atmosphère de sérénité que
jusque là je ressentais.
Les rives sont en pente douce, et lorsque je vois ces embarcations si près du rivage, j’ai vraiment l’impression qu’elles vont s’échouer !..
Voici
un vieil homme et ses cormorans, sur un authentique radeau de bambou.
La pêche au cormoran est une
tradition millénaire particulièrement présente sur la rivière Li, d’ailleurs ses
habitants continuent d’élever ces oiseaux. Une corde glissée autour du coup de
la bête pour d’une part qu’elle ne se sauve pas, et d’autre part pour qu’elle
ne puisse pas avaler les gros poissons, le cormoran plonge et rapporte sa
trouvaille le bec grand ouvert. Le cormoran est un oiseau sauvage que ces
pêcheurs, après l’avoir capturé, vont apprivoiser pour qu’il devienne un
très bon assistant.
C’est étrange de voir cet homme aujourd’hui alors qu’il pleut ! car l’eau devenue trouble par la pluie, l’oiseau n’y voit pas suffisamment pour repérer sa proie.
Victime de la pêche
industrielle à très fort rendement, la pêche au cormoran ne fait plus vivre son
homme, alors pour survivre, il n’est pas rare de voir d’anciens pêcheurs, leurs
cormorans perchés aux deux extrémités d’une tige de bambou, demander quelques
yuans pour être photographiés
par le touriste.
N’y voyez pas que le coté négatif de cette capture ! car au fil du temps cette relation deviendra un véritable rapport de confiance et d’amour entre les deux êtres.
Voici une femme ? un homme ? … trop loin ! difficile à dire, cette personne garde ses animaux (au fond sur la photo ci-contre à gauche) je crois que ce sont deux buffles qui paissent !.. puis je découvre une pagode, un village accessible par escalier ainsi que des bateaux- restaurants, et même un de ceux-ci installé en plein milieu de la rivière !
Je n’ai pas aperçu d’enfants jouant sur les berges ou se baignant, ni de femmes lavant leur linge, ni même de pêcheurs ramassant leurs filets, juste cette personne-ci, la pluie en est probablement la cause, faut dire aussi qu’il est relativement tôt !
La mini-croisière terminée, nous retrouvons le brouhaha de cette rue piétonne, la « rue de l’Ouest » (Xi Jie) qui propose des boutiques de restauration rapide, de souvenirs, beaucoup des commerces de cette rue appartiennent à des allemands ou des français.
Il ne pleut pratiquement plus, ça sera d’ailleurs la seule alerte pluvieuse de tout le voyage, même si ce matin ce ne fut pas le top, je savoure ma chance !
Et c’est là que le groupe se
scinde momentanément, Laura a fait hier après-midi une proposition
d’option : la visite d’un village près de la rivière, et la possibilité de renconter
quelques paysans, et moi je veux tout…. voir, profiter à fond de ce voyage…
alors Go j’y vais ! .
Rendez-vous page suivante en pleine campagne chinoise, ça va quelque peu me changer de ces immenses mégalopoles.