Tribulations d'un voyage en Chine

Circuit du 3 au 17 Avril 2018 



Page  4 ShanghaiPage 6 : Hong-Kong


Page 5. Guilin- Canton.

 

 

    * Jeudi 12 Avril.    Guilin, cette ville de plus d’un million d’habitants se situe à 1600 kms au S.O de Shanghai, dans une zone de reliefs karstiques. Ce paysage, univers fantasmagorique et fascinant, fait de   bosses et de hauts pitons, aperçus à perte de vue, est très apprécié des touristes.

La grotte des flutes de Roseau.


   L’extérieur était recouvert de roseaux dont les villageois en faisaient des flûtes.

   Le chemin d’accès est bordé de stands de vêtements, d’artisanat. Passer dessous le panneau rouge de bienvenue, est censé porter chance !   L’entrée est accessible après avoir traversé un joli parc et grimpé une cinquantaine de marches.

   La jeune femme ne parlant que le chinois, c’est LEI qui assure la traduction.   


       La grotte s’est formée il y a 700 000 ans créant stalactites et stalagmites. Des inscriptions datant de la dynastie des Tang (10ème siècle) prouvent qu’elle était déjà exploitée à l’époque. Utilisée pendant la 2nde  Guerre Mondiale comme abri anti-aérien contre les japonais, elle servit aussi de lieu de refuge pour les paysans qui la gardèrent cachée jusqu’en 1959. Après 3 ans d’aménagements, elle    est de nouveau ouverte depuis 1962.


   Cette grotte qui s’étend sur 500 mètres est l’une des plus vastes au monde. La température y est d’environ 12°. Le site puissamment éclairé met en évidence les impressionnantes concrétions rocheuses, on y entend des oiseaux !   c’est bluffant et très kitsch.

   La guide aime à trouver une ressemblance avec un animal de la croyance chinoise, tel qu’un dragon autour d’une pagode, un lion géant, un lotus, un chou-fleur…. Ainsi magnifiquement illuminée, la grotte ressemble à un palais souterrain, une féérie.Parfois lorsque l’eau tapisse le sol, les reflets rendent l’endroit encore plus magique.

   Les sites les plus remarquables sont : La colline de diamant, le piano en pierre, le bonhomme de neige, la cascade d’eau de la haute montagne….

   Le « hall de cristal » est une très grande salle qui peut accueillir un millier de personnes, il y est parfois donné un concert. Aujourd’hui c’est un petit film d’animation qui est projeté sur la voûte, me donnant l’impression d’être au fond des mers.

  Au magasin de souvenirs, cet artisan reproduit du revers de la main, à l’encre noire des lithographies des « pains de sucre ».

  Le bus doit  maintenant nous mener au parking de la « zone des terrasses » d’où seules des navettes ont le droit de circuler pour atteindre le pied du village de Ping’an. Le temps est chargé d’humidité, il fait  très lourd.   

  Zhoushen Juan se présente, elle nous demande de l’appeler Laura, elle va nous accompagner jusqu’à notre prochain trajet en TVG qui nous mènera à Canton dans à  peine 3 jours. Laura qui a fait ses études à l’Université, exerce le métier de guide que l’été, aidant sa famille dans les rizières le reste de l’année. Agée de 34 ans, elle est mariée et à un petit garçon de 6 mois.

C’est avec uniquement nos  sacs à dos que nous prenons cette navette qui nous mènera en 40 minutes au pied du village de Ping’an, là où les porteurs se disputeront nos faveurs.

      Ce village est situé à 103 kms N/O d Guilin, à une altitude variant de 300m à 1100 m. Là où les porteurs se chamaillent, c’est une véritable foire d’empoigne  le village lui est là haut, tout en haut ….  l’accès aux rizières est payant.

      N’ayant alors pas réussi à trouver quelconques informations quant à l’accès de ce village, j’avais d’ors et déjà pris la décision de faire appel aux porteurs, ce ne sont pas moins de 400 marches à grimper. Sur le parking nous sommes happés par ces gens qui voulant absolument gagner leur croûte,  nous tirent par le bras jusqu’à leur palanquin.

Montée au village Ping’an


         Ce sont deux hommes harnachés comme des animaux qui me portent dans une chaise dont l’ossature ma paraît bien fragile. Je n’ose bouger, ni photographier ce joli paysage, le dénivelé me propulsant sans cesse en arrière,  j’ai aussi peur de culbuter.

        Les femmes portent les bagages dans des hottes disposées dans leur dos, le dur labeur ne leur fait pas peur, car lorsqu’elles ne s’occupent pas des touristes, elles portent leurs récoltes sur les pentes escarpées des rizières.

           

      Faire appel ou pas aux porteurs ?  Si j’avais su en temps utile qu’il n’y avait pas de visite après la montée, je m’y serais lancée en prenant mon temps, d’autant qu’à un endroit particulièrement ardu, ils m’ont demandé de descendre du palanquin et de monter seule une trentaine  de marches. Laura avait auparavant indiqué le prix : 200 yuans pour un trajet. (environ 25 €)

     L’hôtel est un bâtiment pittoresque en bois, authentique, mais tout est si moite ! les marches menant aux chambres luisent d’humidité, idem pour les draps. Prévoyez un vêtement assez chaud dans votre bagage, et si vous le pouvez grimper ces 400 marches, selon votre forme physique, ça devrait vous prendre entre 25 et 40 minutes.

    Ma chambre est sympa avec deux grands lits, il y a même la Wifi gratuite !. Où j’ai moins aimé, c’est la position de celle-ci par rapport aux rizières, mon balcon donnait sur des bâtiments, alors que le reste du groupe avait vue sur les rizières. Est ce du fait d'avoir une chambre individuelle, pas sympa !!!        

   Je me balade sur le sentier unique, pavé de dalles de pierre en escalier, dans ce sympathique et calme village, au milieu des ânes et des poules. Il est constitué d’une centaine de bâtisses en  bois de 3 étages, construites sur pilotis. Plusieurs sont en construction, de futurs hôtels ?

       Je fais quelques sympathiques rencontres, dont une commerçante, une femme Hongyao à la chevelure atteignant les pieds. Elle porte le traditionnel corsage rouge et de lourds anneaux aux oreilles. Le village où l’on aurait pu en voir à foison n’est situé qu’à 1 km au Sud de Pingy’an, regrets !...

       
 


    Dîner : La spécialité locale est ce riz présenté dans le bambou qui a servi à le cuire.

    Laura donne le programme du lendemain et là, patatras……. alors que sur  la brochure était noté « matinée de marche à travers les rizières en terrasses » elle annonce que pour la dite balade, il faut encore grimper 483 marches… trop de montée… il m’est alors impossible d’envisager cette promenade.   Adieu belles rizières !

  Mais demain est un autre jour, n’est-ce pas !

   Bonne nuit.   A demain !

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                   Vendredi 13 Avril 2018.  Après une nuit fraîche, réveillée  aux aurores par un des coqs, je suis présente dès 8h30  près de Laura pour la balade dans les rizières. Le temps est nuageux mais sans ce brouillard qui aurait obstrué le paysage, quoique un peu de soleil pour faire scintiller les terrasses aurait été le bienvenu.

  Ce sont des  réfugiés des régions côtières qui sculptèrent ces montagnes arides pendant 600 ans pour en faire des espaliers verdoyants. S’étalant sur 65 km² elles sont classées en trois grandes zones, avec à chaque entrée un parking obligatoire, un péage et une navette.

  Après avoir déjà grimpé  une bonne centaine de marches, le premier belvédère donne un bon aperçu de ces rizières en terrasses, une femme en habit de fête pose. Il ne me reste plus que 284 marches me dira Dany, alors encouragée par mes compagnons je continue !....


Balade dans les rizières.

 

   Je grimpe doouucement mais sûûûûrement…. et j’y arrive au sommet à plus de 1000  mètres ! au belvédère nommé Qi Xing Ban Yue (les 7 étoiles qui accompagnent la lune) Personne n’y travaille, mi-Avril n’est pas la meilleure saison.

     Il est dit que les terrasses sont tellement étroites  qu’une grenouille pourrait sauter à travers trois rizières d’un coup.

    La promenade se poursuit en terrain plat. Taillées à flanc de collines, l’ensemble de ces rizières en terrasses, baptisée « l’échine dorsale du dragon » ressemble à de gigantesques amphithéâtres. Elles sont considérées comme les plus belles de Chine. Pourquoi échine du dragon ! parce que remplies d’eau au printemps, cette eau brillant au soleil fait penser aux écailles sur le dos de cette créature de légende

        Voici maintenant la terrasse des Neuf dragons et des Cinq Tigres. Nom venant de l’imagination débordante des chinois qui voient dans les formes de ces terrasses ces animaux mythiques.

 Ce fut une belle balade, avec de superbes paysages, une promenade calme le long de ces sentiers étroits, et sans une seule goutte de pluie, malgré un ciel bien menaçant.

Maintenant il faut bien évidemment tout redescendre !... près de 1000 marches non stop, car nous allons tout en bas, jusqu’au parking où nous attend la navette. Le lendemain les mollets s’en souviendront.

Juste avant de franchir le portail d’entrée de la zone, je longe quelques stands sommaires proposant de la nourriture, ici une vieille femme cuit des œufs sur un ancestral foyer, là ce sont des bambous remplis de riz mis à cuire (spécialité locale) dans un four bricolé, là encore ce sont des saucisses fumées. Voici alignés des palanquins.          

 La promenade nous a demandé un peu plus de deux heures. Alors que la veille au soir j’étais découragée, là j’y suis allée, je les ai montées ces 484 marches !  et ainsi pu profiter de ce splendide panorama, sans omettre le petit millier à redescendre.

 Le restaurant, situé en pleine campagne, est toujours dans cette moiteur, les vitres sont recouvertes de buée, un air de fin d’automne.

Il est à peine 16 heures lorsque nous arrivons à l’hôtel New Century de Yangshuo, ce qui donne du temps de libre pour découvrir cette petite ville bordée par la rivière Li.

Yangshuo (Nouvelle Lune du Yang)


        ® Ville touristique située à 65 kms au Sud de Guilin, province du Guangxi. Située entre les rivières Li et Yulong, elle  alterne un paysage de montagnes karstiques, de grandes étendues de rizières, de bambouseraies et de cultures. Sa renommée est récente, grâce notamment  aux  nombreux routards qui viennent y faire de l’alpinisme.

          La « Pantao Road » est bordée de boutiques traditionnelles. Dans une  grande halle, les paysans vendent divers animaux, tels que ces crapauds vivants, ainsi que des céréales dans de grands sacs.       

     Dès l’annonce du feu vert, c’est une flopée de vélos, mais surtout de scooters qui s’élancent. Pas de casques, parfois 3, voir même 4 sur le même engin, comme quoi les Chinois ne sont pas surveillés dans tous les domaines…

    Après le dîner, je vais admirer un spectacle nocturne sur l’eau :

Impression Sanjie Liu


         Celui-ci est présenté par 600 habitants de la rivière. L’entrée des 2500 spectateurs se fait là encore au pas de course, c’est à peine si l’on s’arrête au passage du scan sur les sacs.  Dommage que les acteurs soient si loin … Les spectateurs sont assis dehors sur des chaises en gradins.

    Ce spectacle a été crée en Mars 2004, utilisant les eaux de la rivière Li comme scène avec les douze collines brumeuses et le ciel comme toile de fond, c’est le plus grand théâtre naturel au monde. Sanjie Liu est une fée légendaire et mythique, brillante chanteuse, de l’ethnie des Zhuang.

        Celui-ci se déroule en 7 scènes : 

     « Le prélude, l’image de la fée qui chante y apparaît dans le ciel. 

     « Impression rouge : les pêcheurs alignés chantent et rament sur leurs radeaux de bambou, puis accrochent la grande soie rouge,  un éloge au travail de la population locale. « Impression verte : les bergers rentrent à la maison avec leur bétail, les femmes qui lavent leur linge au bord de la rivière attendent leurs maris-pêcheurs, image de la vie paisible et heureuse de la population. « Impression or : Des centaines de radeaux de bambou symbolisent  la pêche au cormoran.« Impression bleue : Sanjie apparait sur un croissant de lune.« Impression argentée : 200 jeunes filles Zhuang, vêtues de longues robes d’argent forment une longue colonne sur la rivière Li.

    * Epilogue :Les filles sur le pont remercient le public avec des chansons folks.      

          Les chinois sont d’un sans gêne !! près de 10 minutes avant la fin du spectacle, ils partent et passent devant vous, sans vergogne, irrespectueux pour les comédiens et aussi pour nous, m’obligeant à couper dans ma vidéo plusieurs bouts de scène. 

    J’ai aimé et je conseille ce spectacle coloré, illuminé, poétique, qui n’a qu’un seul but : faire connaître à l’aide de légendes et de chants, la vie simple des paysans de ces pêcheurs de la rivière Li.  Je vous invite à visionner  cette vidéo d’à peine 8 minutes qui présente quelques extraits de ce superbe spectacle.

    Demain  il est prévu une croisière sur la rivière Li.



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          Samedi 14 Avril. Dès 7h30 j’emprunte une rue piétonne de la ville, rue inondée depuis l’orage de ce matin, pour rejoindre le bateau qui doit naviguer sur la rivière. Pourquoi un bateau et non un radeau local ? parce que l’utilisation du radeau est interdit aux plus de 70 ans !!!.... et que le gouvernement considère ce moyen de transport risqué, il en limite d’ailleurs le nombre de licences.

Croisière sur la rivière Li.


  Je vais pendant près de deux heures, profiter de ce paysage unique, abritée sous le pont extérieur, mais les photos ne seront pas au top, ciel trop bas et trop gris.

   Le bateau est un navire gouvernemental de la « Guilin Tourism Corporation Limited » à trois étages, dont le dernier dispose d’une terrasse panoramique. Service de thé à bord. Les 83 kms allant de Yangshuo à Guilin sont l’un des principaux attraits touristiques, mais nous n’en remontons que 8 kms ! Le gouvernement en a d’ailleurs imprimé le paysage sur son billet de 20 yuans.

  "Le fleuve forme une ceinture de gaze verte et les montagnes sont semblables à des épingles à cheveux de jade bleu » Cette phrase a été écrite par un poète chinois du 8ème  siècle.

    Cette succession de pics calcaires, qui se reflètent dans l’eau est magnifique, ces pains de sucre datant de plus de 300 000 millions d’années, sculptés par l’érosion, modèlent les collines, les forêts de pierre. De  hauts bambous plantés sur le rivage courbent sous leurs poids, derrière se nichent de petits villages typiques.

     Venant d’un coude de la rivière,   une flopée de petites embarcations contenant plusieurs touristes locaux assis sur des chaises, un toit au-dessus de leurs têtes, naviguent autour du bateau. Les bambous sont aujourd’hui remplacés par de gros tuyaux en plastique recourbés aux extrémités.

    Ces locaux se promènent  au ras de l’eau,   avec comme seule protection une fine rambarde. Le bruit  excessif des moteurs de ces embarcations rompt la magie de l’instant.

    Voici un vieil homme et ses cormorans, sur un authentique radeau de bambou.  La pêche au cormoran est une tradition millénaire particulièrement présente sur la rivière Li. Le cormoran, une corde autour du cou, plonge et rapporte sa trouvaille. Cet oiseau sauvage a été apprivoisé par les pêcheurs. Aujourd’hui cette pêche ne fait plus vivre son homme, alors d’anciens pêcheurs demandent quelques yuans pour être photographiés par le touriste. Au fil du temps, le cormoran s’est construit une relation de confiance avec l’homme.      

        Voici deux buffles qui paissent,  une pagode, un village accessible par escalier ainsi que des bateaux- restaurants !  Je n’ai pas aperçu d’enfants jouant sur les berges ou se baignant, ni de femmes lavant leur linge, ni même de pêcheurs ramassant leurs filets, la pluie en est probablement la cause, de plus il est tôt !

      La mini croisière terminée, nous retrouvons le brouhaha de cette rue piétonne. Beaucoup de ces  commerces, restauration rapide, souvenirs, appartiennent à des allemands ou des français.

       

     

Rencontre avec les paysans


 

Pour découvrir la vie des paysans nous prenons place dans de petits véhicules.

 Ici ils travaillent   dans leurs rizières.   

L’intérieur de cette maison où vivent des personnes âgées est rustique avec un four artisanal pour la préparation des repas, le lit de la fillette, matelas posé sur un plancher posé lui-même sur de petits tréteaux, ainsi que l’outillage quotidien nécessaire au paysan tel qu’entres-autres un rouet antique pour tisser le fil.

 Derrière la maison une pompe distribue l’eau. Sur les murs, beaucoup de coloriages, ainsi qu’une photo de leur Président.

   Ce qui m’a surprise  ce sont ces deux meubles noirs, posés sur deux parpaings, à la vue permanente des habitants. En Chine dans les campagnes,  les enfants offrent un cercueil à leurs parents, lorsque ceux-ci atteignent l’âge avancé de…… 60 ans !. Chacun d’eux recouverts d’un drap bleu porte une étiquette, ca m’a fait tout de même froid dans le dos !….

       La dame d’un âge vénéré….est bien vaillante, elle tourne la meule et broie la paille, le monsieur lui est heureux de poser pour nous avec sa petite-fille. Longue vie à vous trois et merci pour ce charmant accueil.



             Dans les villes, le Président a proposé de racheter tous ceux qui pouvaient être stockés ça et là, préconisant l’incinération, principalement par manque de place.

       De retour dans les champs, Laura nous montre un néflier, des mandariniers, des ballots de pailles de riz. Un peu plus loin ce sont des champs entiers de cacahuètes, de semis de riz, de taros, tubercule alimentaire ressemblant un peu à la pomme de terre.

Fabrique de perles


     Laura nous parle de la visite imminente du « South China Pearl Museum » Ce fût plus rapide que l’éclair, car a peine descendus du bus, une femme très maquillée et revêtue d’un manteau de fourrure nous diligente sans ménagement vers une salle où un documentaire nous montre le procédé d’élevage des huitres perlières, suivie d’une publicité pour la boutique. J’apprends ainsi qu’il existe deux sortes de perles : celles d’eau douce et celles de mer et que la Chine produit 80 % du marché mondial des perles. Moins de 5 minutes plus tard, toujours au pas de course, nous voici propulsés dans l’immense boutique d’état où les vendeuses se jettent littéralement sur nous.

Pourquoi alors appeler cet endroit le « Musée de la Perle » puisque ce n’est finalement qu’un magasin !

J’en suis à mes pourparlers, désirant savoir si les boucles d’oreilles sont  allergiques ou pas, quand arrive un groupe de touristes anglais, hé bien ! je suis illico abandonnée, ce sont eux les nouvelles priorités. Si la visite a été fulgurante, le temps imparti dans le magasin est lui conséquent !...

De retour dans le bus Laura nous parle de son mariage célébré il y a 5 ans,  ce n’est pas un mariage arrangé, mais on en est pas loin !... Lorsqu’on lui demande s’ils sont heureux, elle nous répond « Il est gentil » qualité qui lui paraît primordiale. Au cours de cette cérémonie qui a duré trois jours, elle a réceptionné 500 personnes, trinquant au saké avec ses invités, ce qui l’a d’après ses dires rendue « complètement pompette » Elle a un fils dont elle est très fière, mais il sera son seul enfant nous confie-t-elle. Dans les campagnes, la future mariée porte d’abord une robe rouge, puis  ensuite une robe noire traditionnelle faite par sa mère.

   En Chine du Sud, les paysans ne sont pas très riches, et certains ne mangent de la viande que lors des mariages et des fêtes du Nouvel an.

  Aujourd’hui, les jeunes vivent ensemble avant de se marier. Avant 30 ans, c’est la fille qui décide, après 30 ans c’est le garçon qui choisit,  de quoi, sans doute, se faire se décider les jeunes filles qui ne désirent pas rester célibataires.

  Le bus roule maintenant en direction de Guilin, ville d’1 million d’habitants aux paysages de pics karstiques. Pendant le trajet, Laura nous fait ses adieux. Après seulement deux jours passés auprès de sa famille, elle retrouvera d’autres clients. Parmi nos guides locaux, tu fus la seule fille, tu t’es vraiment souciée de notre bien-être et nous a beaucoup amusés, lorsque tu associais le nom de « village » à des villes d’au moins 100 000 habitants, et surtout lorsque à chaque fois, tu commençais tes phrases par « Les filles et les garçons » !.

   Demain matin, nous prendrons le TGV qui va nous mener à Canton.   

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  Dimanche 15 Avril 2018. Réveil à 5h45 pour prendre le TGV de 8h03. Pour accéder aux quais : présentation passeport, billet inséré, scans valises…     Près de l’arrivée, je suis surprise par ce paysage, on dirait des inondations, tant il y a de l’eau ! 3 heures plus tard je fais la connaissance de Pascal, alias Chen.

   ® Canton situé sur le Tropique du cancer, connaît un climat subtropical, marqué par une forte humidité. Avril est le début du cycle des moussons, et il a abondamment plu, comme en atteste la route et les flaques d’eau. Il fait à cet instant  entre 16° et 18°, le ciel est toujours aussi gris, nous conservons nos vêtements de pluie.        

Selon la légende, cette cité située sur la côte Est de la Chine et jumelée avec Lyon, est la ville où des chèvres sont descendues du ciel, avec des immortels. Traversée par le grand fleuve : le Zhuang, elle  est l’un des plus grands et florissants ports du Sud du pays. Avec une population de plus de 15 millions, dont beaucoup de travailleurs migrants, elle est la 3ème plus grande ville du pays et poursuit activement son essor avec la construction d’immeubles d’une trentaine d’étages.Il y est parlé le cantonais, le dialecte local. 

Son histoire en quelques lignes : Son nom actuel, "Guangdong" lui a été donné au début de la dynastie Ming en 226. Sous la dynastie Tang (618-907) elle devint une voie maritime importante pour le transport de la soie et d’autres marchandises à destination de l’Occident. Au 16ème et 17ème les portugais, puis les britanniques et les français y établirent un comptoir commercial, grâce à la Compagnie Française des Indes Orientales.

       A l’occasion des jeux asiatiques de 2010, les chinois ont inauguré une tour de 600 mètres de haut : la Tour de la Télévision, censée être la tour la plus haute du monde, mais seulement  6 mois plus tard Dubaï présentait au monde entier sa Burj Khalifa, haute de 828 m.

      Ce bâtiment ressemblant à une pièce de monnaie trouée, abrite le « marché des produits plastiques ». La façade sud est utilisée comme panneau solaire géant et sa proximité avec la rivière permet de rafraîchir l’édifice pendant l’été.       

      Les parcs de Canton sont fleuris toute l’année.  Les marchés aux fleurs ouvrent généralement trois jours avant le nouvel an et atteignent leur apogée le jour du réveillon. La tradition veut que les potées qui n’ont pas été vendues soient brisées.

     Canton se tourne résolument vers l’avenir en se lançant dans le secteur tertiaire,  l’électronique de pointe….. ne restent de son passé que quelques traces, tel par exemple le temple de la famille Chen dont nous nous apprêtons à en faire la découverte, ou encore l’île de Shamian.


Temple des ancêtres de la famille Chen



      Ce temple de 10000m² fut construit en 1894 sous la dynastie Qing,  par le clan de très riches commerçants. Il est aujourd’hui considéré comme l’un des lieux historiques les plus importants de Canton, d’autant qu’il est un des rares édifices à avoir été épargné par la révolution culturelle de Mao de 1966.

    Persuadé qu’après la mort l’âme renaissait, le clan a souhaité faire de ce complexe un lieu de culte pour la célébration des offrandes et l’adoration des ancêtres. Il servait également de résidence temporaire pour les descendants de la famille venant à  Ghangzhou pour diverses affaires.

       Le temple (6400m²) est composé de 19 bâtiments, dont trois salles principales, reliés entres-eux par des cours. Sur les battants de la porte d’entrée, deux gardiens armés aux traits menaçants sont peints de couleur vive.

        Depuis 1959, le temple a été transformé en musée des Arts Folkloriques du Guangdong. Au fil des salles, nous pouvons admirer le bureau et le lit du maître, la pièce où les femmes se coiffaient, se maquillaient, deux personnages en cire, des estampes, des peintures à l’encre de chine, et ce panneau de peintures-sculptures dorées (4X2) représentant la « Chanson du Phoenix »

         

   Une salle complète est réservée aux éventails qui proviennent d’un peu partout, une autre aux sculptures sur ivoire.      

     La décoration est riche, sculptures de bois,  de brique ou  de pierre, reflétant la puissance et la richesse de ce clan. Les arêtes et faites des toits sont entièrement recouverts de figurines en terre cuite colorée, lions, dragons, guerriers et personnages mythologiques. Dans les cours beaucoup d’amandiers et des bonzaïs.       

         Pascal nous entraîne maintenant vers un autre pan de l’histoire de Canton, la découverte d’une partie de l’ancienne concession franco-britannique située sur l’île de Shamian.

        Arrive le moment de nous séparer de LEI,  alors qu’on l’a bassiné pendant 12 jours avec une possible grève Air-France pour le retour, le voilà qui à 48 heures de notre départ nous lâche.

       Pascal muni d’un drapeau jaune, prend de suite le flambeau, et dépose LEI, son drapeau tricolore et ses audiophones sur un trottoir de Canton, mais comment seul va-va-t-il réussir à se débrouiller ?   C’est tout de même curieux qu’un Chinois n’ait pas l’autorisation de venir à Hong-Kong !

     LEI fut un guide très souriant, bon professionnel, très réactif à nos moindres demandes, je garderais un excellent souvenir de toi. Adieu LEI et bon retour à Xian !...  


L’île de Shamian



    Quelques lignes d’histoire. C’est suite au traité de Tianjin que l’île fut cédée en 1859 aux français et aux britanniques. Ce n’était alors qu’un banc de sable de 800m de long situé dans une anse de la « rivière des Perles » recouvert à marée haute. L’accès à l’île était protégé par de grandes grilles empêchant les chinois d’y pénétrer.

     Pour rendre cet endroit vivable, les occupants bâtirent un mur de pierre au Sud à proximité de la rivière,   les rues s’emplirent alors de villas et d’édifices publics allant du style victorien au Second Empire.

     La Chine récupéra l’île en 1943, mais conserva son empreinte coloniale.

       Nous traversons cet îlot de 4 km² de  bout en bout, au milieu de parterres de sauges. Cet espace vert aménagé entre les deux rues est planté d’arbres  séculaires fournissant de l’ombre salvatrice les jours de grande chaleur. Mais quel contraste entre ce vieux quartier colonial français ! et le reste de la ville, à seulement quelques encablures des gratte-ciels et des routes à grande circulation qui s’entrelacent.

        C’est étonnant de voir que le gouvernement à conservé ces anciennes concessions quasiment dans l’état. Malgré la récente construction de quartiers résidentiels réservés aux chinois les plus fortunés, l’îlot de Shamian, enclave au cœur de Canton, offre un havre de paix tout droit sorti du passé. Certains bâtiments accueillent désormais des restaurants des hôtels, des cafés.

     Un superbe édifice abrite aujourd’hui une caserne militaire, ici c’est une banque qui s’est approprié un beau bâtiment aux colonnes blanches. S’y succèdent fontaines,  canaux et  statues de bronze qui symbolisent divers actes quotidiens (évolution de la mode, marchand de caramel, enfants, musicienne et élèves, gamine qui met une lettre dans une boite postale, forte femme qui court après son chien)

    Une statue taillée grossièrement dans un bloc de pierre jaune représente un chef paysan.

     Voici l’église catholique Notre-Dame de Lourdes, érigé par les français en 1892. Lors de la Révolution Culturelle, elle ne fut pas démolie comme le fut tant de sites culturels, mais abrita une usine.

        En face, s’est installé le marché Qingping, nous allons y faire une brève incursion.


Le marché Qingping



Ce marché datant de 1979 est situé au Nord de l’île, de l’autre coté du canal, son nom signifie « Marché de la Paix Lumineuse » C’est l’un des plus grands de Chine, il est ouvert non-stop et est un lieu incontournable pour bien comprendre la culture chinoise.Ici c’est une succession de boutiques grandes ouvertes où l’on trouve alignés au bord du trottoir dans de grands sacs de plastique…. tous les ingrédients exotiques de la para-pharmacopée chinoise.

Car nul ne peut ignorer la fascination de ce peuple, son inébranlable croyance quant aux vertus médicinales de ces morceaux d’animaux, de ces végétaux séchés,   Un dicton chinois ne dit-il pas « Tout ce qui est doté de pattes et qui n’est pas une table, doté d’ailes sans être un avion, ou dans l’eau et qui n’est pas un sous-marin, se mange. » Voilà ! avec cet adage, tout est dit !

Nous découvrons ainsi, sous leur forme séchée quasiment tout ce que le pays peut compter comme animaux et insectes dit « comestibles » (animaux dits domestiques chez nous, mais aussi ces répugnants serpents, scorpions, cafards ou crapauds ) Ces petits fagots sont des nerfs de porc  ficelés.

     

     Voici des concombres des mers, des champignons parfumés, des mille-pattes et des mouches. Plus loin : des graines de lotus, des serpents de mer, des étoiles de mer, des pattes d’ours, des nids d’hirondelles, des pénis de cerfs réputés pour êtres aphrodisiaques.

     Les hippocampes sont utilisés contre la toux et sont censés faire disparaître les goitres, les scorpions et les bois des cerfs sont synonymes de vitalité. Et plus classiques, les boutiques d’épices, dont le poivre vendu au gramme et servi dans des petits sachets en plastique, de céréales et de racines de toutes sortes

    L’allée perpendiculaire est consacrée aux animaux vivants, enfermés dans des cages : chiens, chats, lapins, volailles, tortues, renards, grenouilles, rongeurs…..mais pour ne pas soulever tout un flot d’indignations et nous préserver, nous n’approchons pas de ce quartier. A coté d’un homme qui vient d’ébouillanter des scorpions, sont entassés dans une bassine une quantité de petits serpents.             

   Cette rue avec ses innombrables fils électriques, ses façades décrépies offre un spectacle de désolation, immense contraste avec le quartier  rupin et propre et pourtant si proche  de l’île de shamian, et je ne parle pas  des gratte-ciels !

  Une boutique attire mon attention, c’est un commerce qui vent de l’alimentation et des articles pour chien. Il paraîtrait en effet qu’aujourd’hui, le chinois aurait changé son regard par rapport à cet animal, et qu’il aurait tendance à s’en faire un animal de compagnie. Quoiqu’il en soit, je n’ai jamais vu un ou une chinois(e) se promener une laisse à la main, de quoi tout de même rester songeur !         

 La visite de Canton terminée, traînant ma valise, je vais emprunter l’hydroglisseur qui doit me mener à Hong-Kong.       

  Pascal nous donne nos tickets nominatifs avec nos emplacements. Il nous accompagne jusqu’aux portes de l’aérogare pour s’assurer que tout se passe bien pour nous, car à cet instant nous n’avons plus de guides. Ce fut le contact le plus court du voyage : 6 heures ! 

  Encore une fois, il faut effectuer les formalités douanières,  soulever le lourd sac et le passer au scanner, passeport, ticket à insérer ….. Au passage de la douane il faut rendre la fiche d’immigration tamponnée à notre arrivée à Pékin, car on sort du territoire chinois.

 Comme toujours… comme partout… ça va vite, des employés collent une étiquette sur le bagage et hop embarqué dans la soute, tout comme dans un avion. On est assis par rangées de quatre, de ma place je me sens très….. coincée.

 Nouveau pays donc nouvelle fiche d’immigration. Partis à 18h, le trajet de 160 kms demande près de trois heures. De l’autre coté, Chipin, alias Jérome nous attend avec un brin d’impatience, faut dire aussi qu’on a laissé le ferry se vider, pour se regrouper afin affronter le passage aux douanes de l’entrée de Hong-Kong.

 Demain matin, c’est matinée libre, je vais en profiter pour aller me promener du coté d’un superbe temple bouddhiste, dont l’itinéraire me sera donné ce soir au dîner par Jérome.

    Bonne nuit   

   La 5ème   page de ce reportage est terminée, j’espère que mon périple vous aura plu et c’est tout naturellement que je vous invite à me suivre dans ce 6ème  et dernier volet où vous m’accompagnere à la découverte de Hong-Kong.


Par ici, la suite du voyage : Hong-Kong