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Seconde page : Pingyao et sa région
Samedi 7 Avril. Réveil à 5 h. C’est munis
d’un panier casse-croûte que nous nous dirigeons vers la gare de Pingyao. Les
formalités pour prendre le TGV sont tout aussi contraignantes que pour un
vol : passage sous portique, scan des valises qu’il faut soulever pour
mettre sur un tapis roulant. Le billet nominatif doit être inséré dans une
encoche, genre métro parisien et réinséré à la sortie, donc bien faire
attention à ne pas l’égarer lors du trajet !
La gare de Pékin, immensément
grande, recquiert une utilisation massive d’escalators. Quant aux bagages, ils
doivent être mis, de préférence, au-dessus de nos têtes, pour moi ne pouvant
absolument pas soulever ces 19 kilos, ça sera au bout du couloir. Ici, pas de
wagon-restaurant, c’est une femme qui passe avec son chariot roulant. Les
balayage du wagon et le nettoyage des wc, à la turque, sont faits après chaque
arrêt. La vitesse maximum est de 240 kms/h, il effectue d’assez nombreux
arrêts.
Près de 3 h plus tard et environ 600 kms plus loin, la station de Pingyao est annonçée.
LEI nous montre les taxis qui sont tous électriques. Wen Tao, qu’on appellera Jacques sera notre guide local jusqu’au prochain transfert dès demain midi pour Xi’an. Marié et père de famille il a fait ses études à l’Université de Pékin et est guide depuis 2004.
Sitôt le déjeuner avalé, nous filons vers Qiaojibao, 20 kms plus loin, visiter une maison rendue célèbre par un film chinois qui y fut tourné. Aujourd’hui fête des morts, nous apercevons un feu dans un champ, ce sont les villageois qui brûlent du papier-monnaie, imitation je vous rassure ! en hommage à leurs anciens, qui sont enterrés là.
Le soleil est revenu, les températures quoique encore bien fraîches sont nettement plus agréables.
Clan Qiao
u Résidence construite en 1756
par un riche marchand de Mongolie. Lors de la guerre si-japonaise de 1937, le
clan déserta les lieux et les paysans locaux s’en emparèrent. En 1986, la
province du Shaanxi délogea ces gens pour en faire un des sites touristiques
les plus populaires de Pingyao.
Une longue allée bordée de statues de bronze, représentant la vie du clan à l’époque (paysans, commerçants, enfants…) nous mène à l’entrée.
Les Chinois adorent NOUS prendre en photo, se
mélangeant sans aucune gêne au groupe lorsque nous sommes
rassemblés autour de LEI, surprenant !
Au-dessus de la porte on peut voir deux lettres dorées encadrées par l’inscription de la devise familiale « Vertu et harmonie mènent à la prospérité »
La résidence familiale des Qiao abrite
aujourd’hui le musée des Traditions populaires : mobilier traditionnel,
vêtements, laques…. Témoignage de ce que fut la vie trépidante de ce riche
homme d’affaire, et l’histoire de sa fortune accumulée au fil des années. Le
lieu compte aussi des archives cinématographies, car cette maison servit de
décor à plus de trente films, dont le plus célèbre : « Epouses
et concubines » fut tourné en 1991.
Cette demeure de 4175 m² a été bâtie sur une surface de plus de 10 000 m² avec un mur d’enceinte de 10m de haut, construit sur trois cotés. Avec 313 pièces, 6 grandes cours, 23 cours secondaires, et un mélange de styles architecturaux de différentes époques : Song, Yuan, Ming et Qing, l’ensemble est un petit joyau.
Jacques nous fait découvrir trois de ces cours ainsi que les salles qui s’y rattachent. Nous ne pouvons qu’être admiratifs devant ces toits incurvés et ces porches recouverts de tuiles arrondies, ces boiseries sculptées telles de la dentelle, ces piliers de pierre peints, cette profusion de lampions rouge, symbole de la prospérité et du bonheur.
A l’intérieur des pièces dont une est réservée aux archives du film : une salle à manger, les chambres, des vases, la salle des miroirs, des estampes où ont été peints des dragons dorés, etc…
La sortie passe par la cour 1, et sans doute pour nous souhaiter « bonne chance » nous passons sous un mur de lampions rouges. La visite se termine par la découverte des jardins, quelques jolis pavillons isolés et une rivière qui serpente.
Pour rejoindre le bus, nous passons devant une flopée de boutiques artisanales, bouquinistes, brocantes, mais Jacques, pressentant le danger, nous demande de ne pas nous y arrêter, car dit-il est prévue la visite du temple Shuang Lin Si, et vaudrait mieux y arriver avant qu’il ne soit fermé.
Temple Shuanglin
u Ce temple bouddhiste de 15000
m² inscrit depuis 1997 au patrimoine de l’Unesco, est aussi appelé Temple de la
Double Forêt. Situé à 6 kms au SO de Pingyao, il fut construit en 571. Il
possède une collection de plus de 2000 statues d’argiles décorées, datant entre
le 12ème et le 19ème .
Des chinois y sont présents pour vénérer leurs dieux. Après avoir fait brûler un bâton d’encens et murmuré une courte prière, ils se prosternent devant l’une de ces statues.
Les sculptures réparties
dans dix salles sont présentées pour la plupart dans une sorte de cage derrière
de bien vilans barrreaux
Des étudiants des Arts-Plastiques dessinent, peignent ou reconstituent les têtes des statues d’argile.
Nous voyons ainsi successivement les gardiens du temple, aux traits effrayants et aux carrures impressionnantes, puis dans la salle Arhat : dix huit sculptures d’hommes puissants de l’Empire, aux expressions faciales très réalistes (fils de roi, moine bouddhiste, grand sage, prochain Bouddha, l’empereur Xianglong…) Devant la déesse de la fertilité, les femmes prient pour avoir des enfants, devant une autre ce sont les agriculteurs qui demandent de la pluie. Dans la salle Bodhisattva, on peut admirer une jeune femme attrayante, recouverte d’ornements : la fameuse Déesse de la miséricore Guanyin aux 26 bras.
Et puis encore d’autres divinités, dont une qui pose en tailleur assis sur un lotus, un boudha debout recouvert d’une robe de tissu doré, maintes déesses à la peau noire... et enfin la salle des Milles boudddhas.
Sur les grilles protégeant les acacias centenaires, les bouddhistes ont accroché des rubans rouge, symbole du feu et d’une vie heureuse et prospère.
La visite se termine par une promenade panoramique sur les remparts qui entourent le temple. C’est un peu dommage, ce site est très intéressant, mais les statues demandent à être restaurées, nombreuses d’entre-elles sont en mauvais état et la peinture a tendance à disparaître !..
L’hôtel. « Xing
Long Yi » est au cœur de Pingyao, sympathique ville inscrite au Patrimoine
de l’Unesco. Le centre-ville est interdit aux voitures, et c’est à bord d’une
voiturette électrique, puis après une marche de plusieurs centaines de mètres
que nous y accèdons. A cet instant, les rayons du soleil couchant m’offrent de
bien jolis clichés, c’est tout de même plus agréable que la grisaille et la
froidure que nous avions encore hier à Pékin.
Qu’un mot : superbe ! Dans la première des deux cours, des plantes vertes sont posées sur des murets de pierre noire ou sur des bancs. Partout des lampions, des lanternes. Les boiseries des chambres attenantes sont sculptées, la porte cachée par un grand drap fait grelot, lorsqu’on la pousse.
La chambre se ferme de l’intérieur avec un simple verrou et de l’extérieur avec un cadenas !
Cet hôtel est situé dans un vieil habitat traditionnel, et trois chambres sont reliées entres-elles par un salon commun qui lui-même donne sur la cour secondaire.
Après avoir dîné sur place, nous avons quartier libre.
Je pars seule en vadrouille et là suis impressionnée, il est
20 heures et il y règne une activité débordante, les boutiques sont éclairées à
profusion, on se croirait presque à Las Vegas.
Ce sont des boutiques de restauration rapide, des bars avec musiciens, des brocantes, des salons de massages avec vitrines sur rue. Tiens, voici un nettoyage des pieds par les petits poissons.
A la jonction de ces deux rues principales se tiennent debout à coté, et non assis dans… leur voiture, deux policiers, de quoi rassurer.
La nuit tombée, tous ces lampions et ces lanternes allumés conbèrent à l’ensemble une ambiance féérique.
La chambre est traditionnelle, un grand lit de 2m au carré, sur briques, avec un tout fin matelas, pas certain que je puisse dormir ! de gros édredons roulés. Sur une table de chevet, un téléphone antique.
Wan an Míngtiān
jiàn
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Les remparts de Pingyao
Dimanche 8 Avril. Oh My God, quelle mauvaise nuit
j’ai passé !! entre le ballon d’eau chaude qui a goutté toute la nuit, une
température plutôt fraîche et ce fin matelas où il me fut impossible de trouver
une position confortable. Enfin ! contrairement à certains des habitants
j’ai tout de même l’eau courante, pour la chaude ça sera pour une autre fois !
des cuvettes de toilettes à l’occidentale, la télé et même la wifi,
> Les
températures se sont élevées, à 9 h, il doit déjà faire dans les 11° et le
soleil
est présent.
Quelques
lignes d’histoire. Pingyao, cette cité de 50 000 habitants, inscrite depuis
1997 au Patrimoine de l’Unesco, entourée de remparts fut fondée en 1370 sous la
dynastie Ming. Elle devint rapidement un centre marchand florissant, commerçant
dans tout l’Empire de Chine. Située à 715 kms au SO de Pékin, elle fut jusqu’en
1914 le centre financier de l’Empire Qing. Petite ville surnommée « Turtle city » synonyme d’endurance
et de longévité, délaissée par les communistes, elle réussit ainsi à conserver
plusieurs milliers de demeures d’architecture traditionnelle.
Cette cité est jumelée avec Provins, d’où la présence de textes en français sur plusieurs panneaux d’explications. Les remparts (brique et terre damée) sont encore intacts. Pour rejoindre ceux-ci, partis à pied de l’hôtel, nous parcourons ces anciennes ruelles bordées de maisons à l’architecture Ming et Qing, ornées de lanternes rouges, de bâtiments en pierre aux toits incurvés recouverts de tuiles arrondies noircies par la poussière de charbon et de coke. Les devantures des commerces ont conservé leur apparence historique, d’ancienne cité han.
Les remparts de 12m de haut, comptent 72 tours de guet, 3000 créneaux et ont un périmètre de plus de 6 kms. Quelques mètres en contrebas, des employés de voirie balaient la route, ici pas un cm² ne sera laissé impropre.
u South Gate est l’une des six portes de
la cité. Nous sommes les seuls touristes à grimper la cinquantaine de marches
qui mène au chemin de ronde. Depuis les créneaux j’aperçois la douve remplie d’eau
ainsi que les jardins. Successivement, voici la Porte du Marché, des statues en bois
représentant des scènes de vie sous la dynastie Qing, tel qu’un mandarin
(fonctionnaire appartenant à la classe des lettrés, recruté par concours
national) un antique pousse-pousse, des canons, la « Tour Kui Xing » pavillon de forme
octogonale portant le nom d’une étoile des 28 constellations de l’astrologie
chinoise.
D’après
Jacques, une mandarine est la fille de l’Empereur
blagueur, va !
Depuis le chemin, j’aperçois les toits colorés des Portes, tranchant avec le gris des habitations de ces quartiers bien miséreux.
Car si Pingyao est captivante, avec un centre très animé, des boutiques alléchantes, la cité n’en est pas moins pauvre, beaucoup d’habitants se plaignent de vivre dans des conditions de réelle insalubrité, pour exemple l’eau courante n’a été amenée dans les maisons qu’en 2010.
Après un classement de « ville touristique nationale » en 1986, la ville antique obtient un AAAAA en 2015, prodigieuse classification qui devrait lui amener des touristes du monde entier. Fort heureusement l’inscription au Patrimoine de l’Unesco la garantira des assauts de gros promoteurs immobiliers.
La rue Cheng Huang Temple n’est que splendeur, avec le franchissement successif de plusieurs portes, comportant des sculptures de pierre et de bois, témoignage d’un excellent travail artisanal. Leurs toits superposés sont peints en orange, bleu et vert, avec des figurines aux extrémités.
Voici le City God Temple, à la façade magnifique, puis un splendide mur aux 9 dragons.
Pingyao se targue d’avoir une spécialité locale : le vinaigre, les boutiques le propose en combi ou en petit conditionnement pour les touristes. Sur les trottoirs, à la manière d’une fontaine, celui-ci coule à travers de jolies sculptures pierre ou bois.
Les commerces de la South Street sont actifs, ici ce sont des jujubes, là ce sont de bien jolies corbeilles d’osier, ces paniers lilliputiens contiennent du maïs gonflé présenté avec des fraises, et la cuillère pour le déguster sur place.
Musée Xie Tong
Les richesses de Pingyao provenaient, entres-autres, de l’approvisionnement des troupes militaires des frontières septentrionales. La monnaie d’échange était alors les lingots et pièces d’or et d’argent, monnaie qui remplaça le troc « grain contre sel » Ce système présentait de gros problèmes de commodité et de sécurité lorsque les commerçants devaient transporter d’importantes sommes.
Deux frères commerçants locaux eurent l’idée de transformer cet argent qui pesait lourd en « lettres de change » C’est qu’ainsi qu’en 1824 fut créé à Pingyao le premier bureau de change qui imposa la monnaie papier. Ces établissements se multiplièrent à travers toute la Chine, et prospérèrent jusqu’en 1914, date où l’ouverture vers l’Occident et la révolution mirent fin au régime impérial Qing, ce qui entraîna leur faillite.
Aujourd’hui cet ancien et intact bureau de change installé dans une maison à cour carrée a été transformé en musée.
Au centre d’une cour, une pierre sculptée en forme de fauteuil, reproduction d'un lingot d'argent, la légende dit que si l’on s’y assoit, la richesse viendra. Alors qui est tenté ? Apparemment beaucoup de monde, car il me sera bien difficile de prendre ce cliché sans personne dessus.
La visite de ce musée se fait, mais uniquement pour les locaux ! par l’intermédiaire d’un guide habillé en mandarin, nous on devra se contenter de Jacques !
Cet ensemble de près de 1500
m² comporte plusieurs cours encadrées par de nombreuses salles, c’est
dans une de celles-ci que le propriétaire traitait ses affaires, on peut y voir
celle réservée au secrétaire, au comptable, aux différents caissiers, au
directeur… une est consacrée à l’histoire prodigieuse de ces deux frères.
Cette statue placée sous un dais, des offrandes posées à ses pieds, est celle de Guan Gong, général né en 160, ayant la réputation d’être un guerrier invincible, dieu des policiers et des hommes d’affaires.
Dans une autre cour, se trouvent les salles réservées au personnel, le mobilier d’époque: cabinets, tables de laque, porcelaines, lanternes, calligraphie, services à thé…
Puis c’est la descente dans les entrailles, là où les
billets en papier monnaie, les pièces et lingots d’or et d’argent étaient
stockés. Des hommes formés aux arts martiaux (les escortes armés) gardaient
ces lieux, il existe d’ailleurs un musée qui leur est consacré non loin de là.
Au terme de quelques marches, nous arrivons dans des salles souterraines voûtées, appelées le "Puits d'Or". Apparaît d’abord une statue imposante et presque effrayante d’un gros bonhomme ventru, à la très longue barbe, encore Guan Gong !!
Wouah !!! des dizaines de néons font ressortir les
lingots qui brillent de mille feux, mais tout ce qui brille n’est pas or ….. attention
pas touche !! des gardiens
veillent, oh non sorry ce ne sont que des mannequins de cire.
Dans une autre alcôve, des
billets de banque sont jetés pêle-mêle dans un coffre de verre, coffre protégé
par une barrière métallique, un panneau en interdit le franchissement, de
toutes façons ils sont certainement faux ou anciens ! Dans ces sous-sols,
il y règne une atmosphère assez singulière.
Le TGV pour Xi’an étant à 13h50, nous déjeunons à 11h30 et récupérons nos bagages à 12h30. Nous quittons Pingyao comme nous sommes arrivés, à pied, pour rejoindre les voiturettes électriques qui vont nous mener au parking.
Vingt européens traînant leurs valises dans les rues, on fait notre petit effet, et clic, et clac, nous voila encore dans les boîtes !!!
La gare se trouve en haut d’un escalier d’une quarantaine de marches, oups !!!! mais une rampe en lacets va nous permettre d’y accéder facilement. Ensuite, c’est la même ritournelle qu’hier, tracer son chemin dans l’aérogare, utiliser les escalators, passeport, ticket dans l’encoche, scanner les valises…… Jacques reste encore un petit moment avec nous, il prend le TGV pour Pékin qui partira à peine 10 minutes avant le nôtre.
Au-revoir Wen Tao, tu fus un guide dynamique et fort sympathique.
Il fait à cet instant 26°, dire qu’il y a seulement trois jours nous étions frigorifiés, vu les prévisions météorologiques que nous donnera chaque jour LEI, demain je vais alléger ma tenue vestimentaire.
Et c’est parti ! pour environ 500 kms vers le Sud et 3 heures de trajet.
A très bientôt Xi’an, j’arrive…
La 2ème page de ce reportage est terminée, j’espère que mon périple vous aura plu et c’est tout naturellement que je vous invite à me suivre dans ce 3ème volet où vous m’accompagnerez à la découverte de Xi’an, connue notamment pour sa stupéfiante Armée de terre cuite, de sa région et de bien d’autres superbes choses encore…
Par ici, la suite du voyage : Xi’an et sa région