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       Mardi 11 Janvier. A L’aéroport de Mingaladon, les formalités sont simplifiées, Mi-Mi enregistre tout d’un bloc et colle un adhésif sur nos tee-shirts, sésame de passage sans présentation du passeport.

       Envol à 6 heures, il fait à peine jour ! sur un ATR72, avion à hélices de la compagnie Air-Bagan. 90 mns plus tard nous faisons connaissance avec nos seconds chauffeur et assistant qui resteront avec nous pendant quatre jours.

         Notre première visite sera pour un atelier de tissage de soie d’Amarapura.

        Une dizaine de jeunes filles, dont une qui nous paraît bien jeune !.... sont affairées devant leur métier à tisser. C’est un va et vient incessant que fait cette navette à laquelle il est introduit parfois des fils de soie parmi le coton, certaines utilisent la technique du miroir, le motif réalisé étant à l’envers.

        Il est possible à partir d’une photo de réaliser un tissage à la demande. Dans la boutique, nombreux coupons de tissus, soie, soie et coton, mais aussi linge de table, housses de coussins, porte-monnaie… nous commençons à entamer  l’énorme liasse de billets de 1000 kyats.

  

              10 heures.  Nous arrivons à Sagaing (point N° 2 carte itinéraire) ville située sur la rive occidentale de l’Irrawaddy, à 20 kms au SO de Mandalay,  ville construite en 1315 par la dynastie shan. C’est un important centre religieux, un haut  lieu du bouddhisme, comme en témoigne ses nombreux monastères et couvents, il y en aurait 600.

        Le choix de Mi-Mi s’est porté sur celui de Mahagandayon,  immense monastère construit en 1942 à Amarapura pour accueillir les enfants défavorisés et leur donner un enseignement, aujourd’hui il peut recevoir 1200 moines, il comprend des bâtiments en dur et de long pavillons en bois à un étage qui abritent les dortoirs des moines



      Nous pénétrons dans l’enceinte de celui-ci.  Sur le parking à l'entrée, des jarres d’eau potable à la disposition de chacun.  Sur des cordes tendues entre deux arbres, les robes des bonzes mises à sécher.

10h30  Une cloche sonne, c’est le premier appel pour le repas. Auparavant, les moines auront quémandé leur nourriture auprès des habitants de la ville, « quémandé » est un grand mot ! car le moine n’a pas le droit de mendier,  au contraire, c’est le donateur qui obtiendra des mérites de la part de cet homme respectable, en lui offrant cette obole, mérites comptabilisés lors de sa réincarnation.  

Selon un rituel immuable, ils sortent des divers bâtiments, se regroupent et s’alignent pour aller partager ce dernier repas de la journée.

Montés sur le trottoir pour ne pas les déranger, nous regardons défiler en silence ces centaines de moines, sur deux ou trois rangs, pieds nus, se rendant dans les divers réfectoires, c’est assez impressionnant : cette procession presque militaire de crânes rasés et de robes couleur safran, leur grand bol à la main gauche et une serviette posée sur l'avant-bras...

         

Délilé des moines jusqu'au restaurant  

Le repas commence à 11 heures à l’appel d’un second son de cloche. Les moines et moinillons, ces derniers en robe blanche, déjeunent en silence, assis en position de lotus,  serrés sur des gros bancs de bois posés presque à même le sol, la cuillère plongeant dans leurs bols à aumône remplis de riz, posés près de leurs genoux. Parmi eux, la famille et les donateurs défilent en priant. Ils ne prennent aucun cas de nous,  occidentaux qui les photographions et filmons à tout vent…..

  

On en dénombre plusieurs centaines de mille dans le pays, vêtus d’une toge couleur marron pour les hommes, rose pour les femmes,  ils règnent en maître auprès de la population. Ils sont les chefs des villages, dans le bus ils ont leur fauteuil  près du chauffeur. A l’aéroport de Yangon, nous verrons les employés se déplacer pour aller chercher un couple, le faire embarquer devant tout le monde et passer outre les fouilles de bagages.  Ce même couple nous accompagnait à Paris, et devinez quelles places ils occupaient dans l’avion ?...

La journée, les obligations d’un bonze vous intéressent ? Vous voulez savoir comment devient-on moine, comment se déroule la cérémonie du noviciat ? le sujet est fort intéressant mais il y avait tellement à dire que  j’ai préféré y consacrer une page entière.

Pour les pressés  voici un résumé en quelques lignes. Il se lève à 5 heures du matin, parcourt les rues de la ville pieds nus pour quémander sa nourriture, déjeune avant midi et passe le reste de son temps à méditer ou étudier. Il ne doit plus rien avaler avant l’aube à part un jus de fruit où mâcher du bétel. Il fait vœu de pauvreté, de chasteté, ne doit pas boire, conduire, dormir dans un lit confortable, toucher une femme, attirer l’attention. Il marche silencieusement. Dans les zones très reculées, le monastère peut faire office d’école.

La méditation correspond à une pratique mentale, relaxante, vide de tension et de stress, en position de lotus, elle est un antidote aux cinq poisons de l’esprit (avidité, colère, ignorance, jalousie et orgueil)

Le petit garçon entre au monastère entre  5 et 15 ans comme novice, cet évènement donne l’occasion d’une fête extravagante : la « cérémonie des noviciats » il est alors vêtu d’habits princiers en satin, maquillé, paré de bijoux, monté sur un cheval ou installé dans un char à bœufs. Le cortège constitué de ces garçons et de leurs parents se dirige vers le monastère où le moine lui rasera les cheveux et lui fera enfiler la robe safran. Ces jeunes garçons resteront en principe trois mois.

    

A 20 ans, le jeune homme peut intégrer le monastère, il devra alors apprendre et respecter les 227 règles disciplinaires du code monastique, mais à tout moment il peut retourner à la vie laïque. Devenir moine représente pour une partie de la population si misérable une opportunité d’offrir à leurs fils une éducation,  habituellement le novice reste quelques semaines, le temps d’apprendre les principes de base qui sont essentiels pour devenir un bon bouddhiste. Les donateurs apportent les huit objets indispensables (les trois morceaux de la robe, le bol à aumônes, une aiguille, un éventail qui lui servira pour dissimuler son visage du monde extérieur pour ne pas être troublé par son agitation, le tissu blanc qui recueillera les cheveux rasés et un filtre à eau pour ôter les êtres vivants !)

Les bonzes sont dépendants de la générosité des laïcs qui leur offre les nécessités essentielles à la vie du moine, de leur coté, ceux-ci donnent aux laïcs l’Enseignement, des conseils.

Tout le monde a l’air d’y trouver son compte !

Les femmes (les bonzesses) seraient au nombre de 25000, elles doivent sacrifier leur chevelure, porter un habit rose, cuisiner leur nourriture et doivent obéir aux moines ……… Dans la religion bouddhique, la femme est considérée comme impure et n’a pas le droit de toucher les Bouddhas sacrés….

Cet espace interdit est indiqué, principalement par de grands panneaux écrits en anglais, de toute façon, les responsables veillent comme par exemple à la pagode Mahamuni de Mandalay ou encore au Rocher d’or…..

Nous quittons ce lieu rempli de mysticisme et c’est à bord de petits camions bâchés d’une dizaine de places que nous montons au sommet de la plus haute colline environnante, visiter la pagode « Soon U Ponya Shin » De sa terrasse superbe panorama.



         Le site est devenu un haut lieu du bouddhisme birman avec ses collines parsemées de monastères, temples et pagodes aux dômes blancs et or, à travers des tamariniers centenaires.

La pagode restaurée dans les années 1980, date du XIVème siècle et abrita, dit-on, deux reliques de dents du Bouddha. L’architecture du sanctuaire possède un coté kitsch coloré, le lapin et la grenouille en bronze rappellent les origines de sa fondation. Bouddha aurait visité Sagaing, dans une vie antérieure, il se rappela avoir vécu alors sous la forme d’un lapin et prophétisa qu’une pagode y serait élevée pour abriter les reliques de ses paupières….


   

 Superbe peinture au rasoir
         Lors de notre promenade pieds nus… sur les superbes carrelages des nombreuses cours, nous faisons connaissance avec un véritable artiste, cet homme vous peint en quelques minutes ce que vous désirez, avec bien sûr des pinceaux mais surtout avec une lame de rasoir….

Voici le petit chef d’œuvre que nous avons rapporté (mis bien précieusement à l’intérieur d’un tube de carton)

 


         Après avoir quitté la pagode de
Soon U Ponya Shin, notre  bus se dirige droit vers le fleuve, car ça sera en petite barque à moteur que nous rejoindrons Ava situé sur l’autre rive de l’Irrawady à une vingtaine de kms de Mandalay.

A quelques pas du débarcadère, un nombre impressionnant de calèches nous attend déjà !

C’est l’heure de déjeuner, celui-ci sera pris au « Small River Ava Restaurant »

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