Dimanche 10 Juillet (suite) Après ces quelques jours
passés parmi les somptueux paysages des Lofoten, emprunté la mythique route côtière :
la R17, nous voici de retour en Suède, en Laponie centrale…. D’ici quelques
kilomètres nous repasserons (pour la 6ème fois) le Cercle Polaire
Arctique, cette fois définitivement, mais la Suède n’a pas le chic de ses
voisins pour en faire un « évènement » tout juste un panneau sur le
bord de la route et une aire de pique-nique.
Silvervagen,
« la route de l’Argent » inaugurée en 1975 suit la vallée de
la Skelleftealven,
percée la montagne ne sera dorénavant plus un obstacle pour relier les deux
pays. Le paysage est marqué par une succession de petits lacs proches les uns
des autres, la cause en est les glaciers qui recouvraient cette partie du globe il y a
10 000 ans, en cessant leur lente avancée ils ont fondu sur place.
Nous arrivons en vue d’Arjeplog, la 95 nous offre un magnifique aperçu de la grande église en bois rose, bâtie à proximité d’un lac, dans un écrin de verdure.
Arjeplog (point 21 carte itinéraire) Ce village de quelques milliers d’habitants,
bâti sur des îlots du lac Hornavan, fait partie du comté de Norrbotten.
Aujourd’hui il y fait beau, mais l’hiver le climat y est très rude, cette cité
lapone un peu à l’écart du monde, attire alors les constructeurs automobiles
qui viennent tester leurs nouveaux modèles : résistance au froid, système
de freins, conduite sur glace…. dans des conditions extrême (-40°) provoquant
une source de revenus inespérée pour les habitants.
La région était habitée par les Samis depuis des millénaires, les Suédois arrivèrent vers 1757 pour coloniser ce vaste territoire et s’y installèrent, vivant de la chasse, de la pêche et de l’agriculture.
Deux principales choses à voir à Arjeplog :
son musée de l’argent (Silvermuseet) et son
église.
Lorsqu’
il fut trouvé de l’argent en 1634 a NasafjallL, Arjeplog devint très… intéressant. Une
industrie minière verra le jour et fonctionnera de 1635 à 1659, extrayant 36
kilos d’argent par an, jusqu’au jour où elle fut attaquée et brûlée par les
Danois et les Norvégiens….. elle reprendra son activité en 1719, probablement
pour soutenir la guerre du roi Charles Xll, mais fermera définitivement en
1810.
Le
musée de l’argent fut créé par Einar Wallquist, jeune médecin venu s’installer à Arjeplog en 1922. Il était fasciné par
la culture du peuple sami et collectionnera plus de 700 objets en argent qui
faisaient partie du quotidien de cette ethnie : colliers, ceintures,
tasses de l’époque médiévale, collection inestimable tant pour sa valeur que
pour la richesse des détails. Une autre section présente des objets de la vie
de tous les jours des lapons et colons, fusils, outils, peaux, vêtements et
articles fabriqués à partir de matériaux naturels…….
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L’église est tout à coté.
Quelques lignes d’histoire : Au 17ème et 18ème siècle, ne vivait à Arjeplog qu’une centaine de personnes, en majorité des Sami. La Reine Christina de Suède décida de faire construire une petite église en bois qui sera inaugurée en 1642, afin de christianiser ce peuple. Les défunts étant enterrés sous son plancher, il devint indispensable de trouver une solution, on détruisit celle-ci et une nouvelle, construite en forme de croix sera bâtie en 1760, elle sera appelée Sofia Magdalena, du nom de la princesse héritière.
En 1894, le doyen du chapitre pris l’initiative d’un grand projet de construction : on a bâti une tour, des agrandissements aux quatre coins ont été ajoutés, les fenêtres ont été allongées, et l’église qui est recouverte d’écailles a été peinte en rose.
En Suède, les églises ont leurs clochers placés comme en France, ce qui leur donne un coté élancé, contrairement à celles de Finlande, enfouies dans la verdure, où le campanile était construit quelques mètres plus loin, le tout formant un immense territoire.
Jolie chaire baroque d’origine, cinq coupoles peintes en bleu font office de plafond.
Ce qui m’a surpris dans ces églises suédoises, c’est qu’avant d’entrer dans le chœur, on traverse une première pièce où il y a à disposition, de la brochure liturgique mais aussi touristique….. quelques tables et chaises, un distributeur de boissons chaudes, comme si ce lieu n’était pas seulement un lieu de prière, mais aussi de rencontres, d’échanges.
Une brochure en français est disponible.
85 kms plus loin, toujours
sur la route de l’Argent, voici Arvidsjaur (point 21 carte itinéraire). Dans ces
contrées beaucoup plus sauvages, nous retrouvons les rennes, beaucoup de
blancs.
Lappstaden, ancien village lapon. Nous
y allons directement, aidés par le GPS mais aussi par mon plan de ville… sitôt
l’église prendre à gauche la rue Lappstadsgatan, au bout en impasse un petit
parking ombragé où sont déjà installés trois CC, des suédois…
A l’entrée
du village, épinglés sur un panneau de bois, toute une panoplie de documents et
brochures en tous genres, je repère une feuille, où il est
écrit en
hébreu……. je plaisante, bien sûr.. mais c’est du pareil au même ! « Guidad
tur i Lappstaden varje dak kl 18.00 » que je pense traduire
sommairement par « visite guidée à 18h » mais c’est que je
m’améliore, je comprends le suédois
…….
Nous avons beaucoup de chance, il ne reste que quelques minutes, mais de guide sami, point ne verrons, ni de guide tout court, d’ailleurs !.... Qu’à cela ne tienne, le site est ouvert en permanence.
Lappstaden est un village de 80 petites huttes du 16ème, construites en rondins de bois.
Lappstaden har aldrig varit någon permanent bosättning
utan har endast använts vid marknader och kyrkhelger.Le peuple sami les
a bâties dans le seul but de les utiliser lorsqu’ils devaient parcourir de
longues distances pour se rendre aux foires, assister à des mariages ou des
enterrements, aujourd’hui c’est essentiellement un musée en plein air, un
témoignage de la culture samie. Chaque année, le dernier
WE d’Août,
une ancienne fête religieuse, le festival "Storstämningshelgen" fait
revivre cet ancien
village.
Nous nous promenons tranquillement, déambulant parmi ces huttes, le soleil commence à descendre.
Certaines maisons sont en forme pyramidale, d’autres de simples maisonnettes isolées du sol par des poteaux, elles sont fermées par un cadenas, le guide en aurait probablement ouverte une ou deux, tant pis, c’est ainsi ! une villageoise propose quelques articles d’artisanat, derrière elle on entre-aperçoit des peaux de rennes posées à même le sol. Ces habitations n’étaient pas meublées, juste une planche accrochée à une paroi pour y poser ce qui était absolument nécessaire, la nourriture était suspendue par des crochets.
A peine à 200
mètres de là, au bord de la rue principale : l’église, c’est un très bel
édifice en bois, de style néogothique, datant de 1902.
L’endroit est charmant, nous nous y pausons (voir page bivouac) et décidons de mettre la télé, l’orientation s’y prête. A cette latitude, la recherche semi-automatique ne fonctionne pas, il faut rechercher les canaux manuellement, jusqu’à ce jour pas trop de problème pour y arriver.
Les
paraboles sont plus inclinées vers la terre, du coup le bras positionné très
bas en tournant passe au-dessous du capot de notre climatiseur, et manque de
chance, essaie au même moment désespérément de remonter…… il n’y a plus qu’une
solution : monter sur le toit et décoincer ce bras, un bout du capot est
cassé….. On se passera de télé quelques jours, le temps de redescendre un peu,
histoire de ne plus faire de conneries, pardon ! de bêtises.